Le chevalier Vilem de Doupov

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De nos jours, le château Vilemov, situé dans la région de Chomutov, en Bohême de l'ouest, est une bâtisse délabrée. Vers la fin du XVème siècle, époque de la gloire du château, Vilemov avait pour maître le chevalier Vilem de Doupov.

C'était un homme grand, fort et brutal. Il aimait faire la fête, traitait ses sujets avec violence et semait la terreur dans la région. Ceux qui ne se soumettaient pas à ces caprices étaient sévèrement et cruellement punis. Le seigneur de Doupov faisait incendier le logis de la victime et la châtiait sans merci dans la salle de torture du château. Aucune jolie femme n'échappa à ses désirs obscènes et portait souvent des séquelles tout le reste de sa vie. Toutes les filles et jeunes femmes de la région craignaient d'être choisies comme servantes au château, car souvent les bonnes et femmes de chambre disparaissaient dans des conditions obscures, sans laisser de traces.

Un jour, Vilem de Doupov passait le temps à faire une partie de chasse. Dans la forêt il rencontra trois hommes d'un des villages proches. Il arrêta sa monture et hurla : « Vous êtes venu voler du bois dans ma forêt, chenapans ! Vous serez puni à avoir voulu duper votre maître et seigneur ! » Les pauvres tentaient vainement d'expliquer que déjà le grand-père de Vilem de Doupov avait donné aux paysans l'autorisation de ramasser des branches brisées gisant par terre dans la forêt. Le chevalier faisait la sourde oreille et fit emmener les trois paysans au château par les gardes. D'abord on flagella les innocents, puis on attacha les mains des hommes à moitié évanouis derrière le dos : « Maintenant vous pouvez partir chez vous et j'espère que vous serez assez rapide pour échapper à mes chiens de garde ! » ricana le chevalier de Doupov. Les hommes se mirent à courir de toutes les forces, mais déjà une meute de molosses affamés se lançait à leurs trousses. Deux arrivèrent à regagner leur logis certes vivant, mais grièvement blessé par les crocs impitoyables. Le troisième fut dévoré par les monstres. Les habitants du village étaient terrifiés.

Le curé, pétrifié de stupeur estima que le crime dépassait les bornes de l'atrocité et s'en alla au château pour faire entendre raison au terrible seigneur. Vilem de Doupov avait tout de même quelque respect pour l'église et invita le curé à dîner. Mais lorsque le curé aborda le sujet et le réprimanda, le maître de Doupov entra dans une terrible colère : « C'est moi le maître des lieux, c'est moi qui commande car je suis la loi, je suis Dieu ! » Persuadé qu'il avait affaire à un fou, le curé se retira. Il s'endormit tard d'un sommeil agité. Au milieu de la nuit il fut réveillé par les cris de la gouvernante effrayée. La cure était en feu ! Vengeance sinistre du seigneur de Doupov ! Les gens du village réussirent à sortir le curé des flammes, mais la cure était réduite en cendre. Contre un ciel alourdi de nuages menaçants, l'étalon noir de Vilem de Doupov se cabrait et le chevalier en selle riait du désastre !

Un orage éclata ! Les éclairs cillaient le ciel. Soudain un des éclairs foudroya le chevalier. La bête humaine hurla et s'enfonça dans le sol. Le seigneur Vilem de Doupov sombra en enfer.