Le château baroque de Ploskovice

Le château de Ploskovice, photo: CzechTourisme
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Le château de Ploskovice, à 60 km au nord de Prague, surnommé le petit Versailles de la Bohême, réputé pour ses jardins à la française, son système ingénieux pour alimenter les fontaines, sa grotte artificielle au sous-sol, et pour avoir été, après la création de la Tchécoslovaquie, en 1918, la résidence estivale des chefs de la diplomatie, est le but de ce nouveau guide touristique de Radio Prague.

Le château de Ploskovice,  photo: CzechTourisme
Le château de Ploskovice se trouve à mi-chemin entre les villes de Terezín et Litoměřice, dans la région de la Bohême du nord. Les origines de l’une des plus belles constructions baroques du pays remontent au XIIIe siècle. La princesse Anne-Marie de Toscane, épouse du dernier Médicis, le grand-duc Jean Gaston, l’a fait construire dans les années 1720-1725. Son bâtisseur n’est autre que le célèbre architecte baroque Kilian Ignac Dientzenhofer, raconte notre guide Jana Zimandlová :

« Anne-Marie Françoise de Toscane a fait construire ce château inspiré de Versailles pour son plaisir, c’est elle-même qui veillait au bon déroulement des travaux, qui payait les ouvriers pour brûler tout de suite après les factures afin que personne n’apprenne le coût de la construction. On dit que c’était plus d’un million de pièces de monnaie en or. »

Ferdinand 1er de Habsbourg
L’empereur Ferdinand 1er de Habsbourg, le dernier roi de Bohême à avoir été couronné à Prague, surnommé affectueusement Ferdinand le Bon, est un autre propriétaire célèbre du château de Ploskovice :

« En 1848, il abdique au profit de son neveu, se retire de Vienne à Prague et choisit pour résidence d’été le château de Ploskovice. Avant son arrivée, l’édifice est élargi et remanié. Sous la direction de l’architecte praguois Jan Bělský, le château qui n’avait à l’origine qu’un étage est surélevé d’un autre étage et on lui ajoute deux bâtiments d’administration. Les travaux de reconstruction sont achevés au printemps 1854. »

Ferdinand meurt en 1785 à Prague, laissant sa fortune y compris Ploskovice à son successeur, François-Joseph 1er. Mais c’est la petite-fille de ce dernier, la princesse Windischgrätz, qui s’installe avec ses quatre enfants à Ploskovice.

En 1918, la République tchécoslovaque indépendante de l’Autrichie-Hongrie est proclamée, et la nouvelle direction de l’Etat décide de faire de Ploskovice la résidence d’été du ministre des Affaires étrangères, observe Jana Zimandlová :

« C’est notamment Edvard Beneš qui aimait séjourner à Ploskovice. Pendant l’occupation allemande de la Bohême, l’une des écoles d’élite d’éducation politique du IIIe Reich, les Napola, y avait son siège. Depuis 1952, le château et le parc de Ploskovice sont gérés par l’Administration du patrimoine qui l’a ouvert, en 1962, au public. »

En 2002, le château de Ploskovice a été classé monument culturel national. Les plus de 26 000 visiteurs qui s’y rendent chaque année admirent les intérieurs confortables équipés d’éléments de style rococo, classique et deuxième rococo et décorés de peintures de Josef Navrátil et de stucs exécutés par Václav Levý. Lorsqu’ils entrent dans le hall principal, une vue du jardin à la française s’ouvre sous leurs yeux, tandis que sous leurs pieds se trouve une grotte artificielle, avec un système d’alimentation en eau ingénieux, dit Josef Řehák, de la société Speleo qui a mené des travaux de recherche et qui a rénové les galeries souterraines :

« En regardant les fresques qui ornent le château on s’aperçoit qu’il est étroitement lié à l’eau qui fait aussi toute la beauté du lieu, et que, dès le début, on prêtait beaucoup d’attention à une bonne gestion des eaux. L’eau était acheminée selon le principe gravitaire depuis la colline en face par un système ingénieux en cascade. Elle alimentait les différentes fontaines, les jets d’eau et autres ouvrages d’eau sculptés. L’eau constituait la base de toutes les décorations. »

La grotte artificielle taillée dans les rochers naturels au sous-sol du château a été conçue de façon à produire l’illusion d’une grotte naturelle. A cette fin, elle est agrémentée de pierres spongieuses, de diverses sortes de coquillages, de pétrifications et de stalactites auxquelles sont associés des jeux d’eau. L’accent est mis justement sur la présence de l’eau. Dans le passé, chacune des fontaines était alimentée en eau sans interruption. La particularité de Ploskovice était notamment de pouvoir faire fonctionner ses fontaines en continu, par la seule déclivité des galeries. Avec le temps, les galeries sont devenues défectueuses.

Aujourd’hui, le système entièrement restauré n’est rempli d’eau qu’en pleine saison touristique. Les effets sonores produits par le passage de l’eau sont parfois bien mystérieux, surtout au moment où elle s’égoutte par les gargouilles comme celle-ci sculptée en forme de poisson, observe Josef Řehák:

« L’orifice d’acheminement de l’eau se trouve derrière cette paroi. Lors de son passage par la galerie, on entend le gazouillis de l’eau sur les pierres et l’écho du bruissement dans les gargouilles. En plus de cela, l’eau, dans cette grotte, a encore un autre effet important. Les gouttes d’eau condensées sur les murs disparaissent au bout de quelques minutes, après que le système est rempli d’eau froide, car cette eau accélère la circulation de l’air et absorbe l’humidité de l’air. Nous n’admirerons jamais assez nos ancêtres qui savaient profiter des lois naturelles même s’ils ne disposaient que d’une technique relativement primitive. Ils ont toute notre admiration pour leur travail avec l’eau et pour leur art de vivre en harmonie avec la nature. »

Avant de quitter le château de Ploskovice, nous prenons un café sur la terrasse et passons un moment dans le jardin où les paons se promènent en toute liberté autour de nous. Depuis quelques temps, Ploskovice est indiqué dans les guides touristiques parmi les balades culturelles entre Prague et Dresde, balades qui se font en bateau, avec des escales dans la cité Renaissance de Litoměřice, nouvellement aussi à Terezín, puis à Ploskovice, avant que leur trajet ne nous mène encore dans le Parc national de la Suisse tchèque, par Pravčická brána, la plus grande arche naturelle d’Europe. Mais ce sera l’objet de notre prochaine rencontre.