A la découverte du jardin botanique de Troja

Photo: Jardin botanique de Troja

Notre balade printanière fera plaisir notamment aux passionnés de la nature et de l’architecture jardinière. Radio Prague vous propose une visite du jardin botanique de Troja, dans la banlieue nord-ouest de Prague. Le début du printemps, c’est le temps de l’explosion de couleurs des rhododendrons, des azalées et des cerisiers japonais dans le jardin japonais qui est sans doute la section la plus séduisante. Ce samedi 7 mai, le public pourra rendre visite au jardin japonais lors de la Journée portes ouvertes : les recettes d’un programme spécial seront reversées au profit du Japon, sinistré par le séisme. Un autre événement dans la section du jardin baptisée les Racines des personnalités : deux chênes précieux ont été plantés par deux cinéastes de renom, le réalisateur Miloš Forman et le cameraman Miroslav Ondříček.

Photo: Jardin botanique de Troja
Il existe deux jardins botaniques à Prague. L’un, plus ancien, s’intègre au complexe universitaire d’Albertov, dans le IIe arrondissement, l’autre, plus récent, appartenant à la municipalité de Prague, complète l’attrait du quartier de Troja, l’un des plus chic de la capitale. Longeant la rivière Vltava, le quartier de Troja est réputé pour son château éponyme trahissant des influences françaises, mais aussi italiennes, qui lui ont été insufflées par l’architecte dijonnais Jean-Baptiste Mathey, ses villas résidentielles, ses vignes et son jardin zoologique qui soufflera cette année ses 80 bougies. Le jardin botanique s’étend sur une colline au-dessus du château de Troja. Ses débuts remontent dans les années 1960, comme l’explique notre guide, Zuzana Švábenská :

Photo: Jardin botanique de Troja
« Le jardin botanique a été fondé en 1969, mais ses expositions permanentes n’ont été rendues accessibles au public qu’en 1992. La surface originale approchait les 70 hectares. Aujourd’hui, le jardin s’étend sur une superficie d’un peu plus de 25 hectares. Aménagé en deux espaces distincts – l’aire Sud et l’aire Nord, il propose un parcours botanique tout à la fois informatif et poétique. En 1997, les expositions extérieures ont été complétées par un jardin japonais et par une collection de plantes réunies grâce à des expéditions en Méditerranée d’où son nom – Méditeran. Notre promenade commence dans la partie centrale plantée de centaines d’espèces de fleurs de couleurs et d’époque de floraison différentes : espèces annuelles ou vivaces, exotiques ou indigènes. Elles déploient leurs fleurs depuis le printemps jusqu’à l’automne. En ce moment, c’est l’époque des tulipes notamment. On pense généralement que la tulipe est originaire de Hollande, cependant, le berceau de la tulipe se situe en Turquie. Seulement au milieu du XVIe siècle, les tulipes ont été introduites en Europe. La tulipomanie a envahi rapidement la Hollande : à l’époque, les bulbes avaient une valeur énorme et étaient même échangées contre des immeubles. »

Photo: Jardin botanique de Troja
Le jardin botanique de Troja peut se vanter d’une collection de 500 cultivars de pivoines – arbustives et médicinales, la plus vaste du genre en République tchèque. Il possède aussi une collection unique de magnolias actuellement en fleurs. Au fil de notre visite, nous pouvons découvrir quelques petits lacs et terrains marécageux qui sont le refuge des grenouilles et des poissons rouges. Notre guide s’arrête devant deux conifères majestueux qui apportent eux aussi leur touche d’originalité :

« Voilà le séquoia géant, qui atteint en Europe une hauteur de 25 mètres. Or aux Etats-Unis, son pays d’origine, c’est jusqu’à 100 mètres. Le séquoia géant est l’arbre le plus volumineux de la planète. Le spécimen le plus imposant est le ‘General Sherman.’ Il se caractérise également par sa longévité. On indique que le plus haut et le plus ancien exemplaire connu a atteint une hauteur de 144 mètres. Une autre particularité du séquoia géant est que son bois résiste au feu. »

Photo: Jardin botanique de Troja
Partout, le visiteur découvre l’inattendu, le jardin botanique de Troja recèle de richesses insoupçonnées. Parmi les plantes en floraison printanière, on peut admirer la viorne praguoise sélectionnée en 1926 par un jardinier du château de Troja, ou encore l’hémérocalle de la famille des liliacées dont la particularité tient au fait que les fleurs s’épanouissent à l’aube et se fanent au coucher du soleil. L’odeur de ces fleurs est très spécifique et leur forme intéressante. Pour cette raison, elles peuvent être utilisées dans la gastronomie, pour décorer un dessert ou une salade, par exemple.

Photo: Jardin botanique de Troja
Et nous voilà déjà devant la porte qui nous conduit dans le jardin japonais. Selon la tradition, le jardin est conçu de manière à créer une ambiance à la fois pensive, méditative, reposante et inspiratrice. Créé en 1995 dans le cadre du jardin botanique de Troja, le jardin japonais a accueilli ses premiers visiteurs en 1997. La pierre, l’eau et les plantes vivaces sont les principaux éléments constitutifs du jardin. Divisé en deux parties de conception différente, la première représente un jardin de montagne. On y découvre un paysage miniaturisé et riche en symboles, avec un ruisseau serpentant entre les collines – symbole du chemin de la vie, ou dévalant en cascade jusqu’à un petit lac en forme de tortue, symbole de longévité, et peuplé de poissons rouges symbolisant le bonheur familial et la santé.

Photo: Jardin botanique de Troja
La deuxième partie concentre des collections d’arbustes et d’arbres provenant d’Asie de l’Est. La végétation est en grande majorité de type persistante et au feuillage sombre : azalées, rhododendrons, pieris, bambous, cerisiers et érables japonais, pruniers ornementaux. Il y a ensuite des hortensias, des cyprès, du houx, des ginkgos, pour ne citer que ceux-ci. Une gloriette chinoise cachée au milieu des arbres près d’un lac est un lieu de repos et de cérémonie du thé. On s’y promène en suivant un chemin de dalles de pierres spéciales appelées ‘tobiishi’, disposées irrégulièrement dans le jardin en sorte de rendre le cheminement le plus long possible, car les jardins japonais ne sont en général pas trop étendus, observe Zuzana Švábenská :

Photo: Jardin botanique de Troja
« Notre jardin s’étend sur une surface de 0,7 hectares. Les Japonais croient que le chemin à travers le jardin symbolise le chemin de la vie, c’est pourquoi on utilise des tracés courbes plutôt que des lignes droites. Le but du chemin n’est pas atteint d’une manière directe : ainsi, divers obstacles, sous forme de plantes dont la fougère, y sont posés. Simplicité, calme et rusticité, telles sont les caractéristiques des jardins japonais. Ces jardins sont les plus beaux au printemps et en automne, et non pas, paradoxalement, en été comme c’est le cas en Europe. Au printemps, les azalées et les rhododendrons explosent de couleurs, ainsi que les cerisiers japonais, alors qu’en automne, c’est le chrysanthème, la fleur typique, sans oublier les feuilles colorées des érables japonais. »

Photo: Jardin botanique de Troja
Nous arrivons près d’une plaque commémorative dévoilée en 1997, à l’occasion de l’inauguration du jardin japonais :

« C’est le don que l’ambassade du Japon à Prague a remis au jardin avec 26 pruniers ornementaux qui sont plantés dans notre exposition. Il y a ensuite un groupe de pivoines arbustives, de couleurs blanc, rouge et rose, mais aussi moins traditionnelles : jaune et violet. Elles dégagent un très agréable parfum et sont d’une longévité importante, entre 50 et 80 ans et même plus. »

Miroslav Ondříček et Miloš Forman,  photo: Jardin botanique de Troja
Depuis 2010, une nouvelle tradition s’est créée dans le jardin botanique de Troja, celle d’inviter des personnalités de la vie politique et publique à planter un arbre. Après Václav Havel ou l’ancien maire de Prague Pavel Bém, la section Les Racines des personnalités est enrichie, depuis le week-end dernier, par deux chênes précieux en provenance de la côte occidentale des Etats-Unis : l’un planté par le réalisateur Miloš Forman, l’autre par le cameraman Miroslav Ondříček.

Notre visite continue vers la vigne de Sainte-Claire. Les dégustations ont lieu dans la maison du vigneron d’origine baroque. Depuis 2004, la vigne est classée site protégé, ainsi que le raconte Zuzana Švábenská :

La vigne de Sainte-Claire,  photo: Jardin botanique de Troja
« La vigne de Sainte-Claire s’étend sur une surface de 3,5 hectares. Une nouvelle exposition inaugurée dans le jardin documente la production du vin à Troja. La petite chapelle qui se dresse en haut du coteau, et qui a donné son nom à la vigne, a été édifiée au XVIIe siècle par Václav Vojtěch de Šternberk pour sa femme qui l’a dédiée à sainte Claire. Après les inondations qui ont frappé Prague en 1784, c’était la seule chapelle sur la rive droite de la Vltava où les messes étaient célébrées. Après une rénovation dans les années 1920, les cérémonies de mariage sont célébrées dans la chapelle et les messes y ont lieu le dimanche. »

Fata Morgana
Pour terminer notre promenade, on peut s’arrêter encore dans la serre tropicale Fata Morgana. Ses trois sections nous plongent dans l’univers exotique des zones tropicales. Grâce aux collections de flores d’origine, la fiction que le nom de la serre – le mirage visuel – nous promet en est ainsi presque parfaite. On y découvre la végétation des zones arides comme le bush australien. La partie centrale présente la végétation des forêts tropicales d’Amérique Latine, d’Australie ou de Polynésie. Enfin, la section haute montagne offre de beaux spécimens de flore des Andes, des îles asiatiques et d’Afrique du sud. Les collections sont complétées de chutes d’eau et de petits animaux des forêts vierges. Très appréciés par les visiteurs sont des papillons tropicaux.

Pour plus d’infos, le site du jardin botanique de Troja est : www.botanicka.cz