Une nouvelle version de l’hymne tchèque

Salut à tous les tchcécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Ce dimanche 28 septembre est jour de fête nationale en République tchèque. Officiellement Journée de l’Etat tchèque depuis 2001, le 28 octobre est aussi marqué par la fête de Václav - Venceslas, un prince légendaire de la dynastie des Přemyslides canonisé et patron des Tchèques. D’ailleurs, ceux d’entre vous qui ont déjà eu l’occasion de visiter Prague savent sans doute que la statue de saint Venceslas sur son cheval se trouve en haut de la place éponyme, devant le Musée national. Bref, tout un symbole à mettre forcément en rapport avec cette Journée de l’Etat tchèque. En effet, saint Venceslas se trouve être aux fondements de l’histoire de cet Etat. Alors, puisque c’est un jour de fête nationale, nous allons nous intéresser à un des symboles de cet Etat, l’hymne national tchèque. Et à cela une raison bien précise, puisque pour cette année, le Premier ministre Mirek Topolánek a décidé qu’une version différente de celle à laquelle ses concitoyens sont habitués serait jouée lors des cérémonies officielles de célébration des fêtes.

Comme vous venez de l’entendre, les Tchèques vont donc devoir s’habituer à une nouvelle version de leur hymne. Ou du moins vont-ils devoir s’habituer à une mélodie qui différera quelque peu de celle qu’ils avaient l’habitude d’entendre. Précisons bien « quelque peu » car il ne s’agit pas d’une révolution mais plutôt de quelques retouches qu’une oreille distraite n’entendrait pas forcément. Il n’en reste pas moins que le chef du gouvernement est parvenu à ses fins, lui qui souhaitait donner un contour plus moderne à ce chant à l’intitulé un peu curieux Kde domov můj ?– « Où est ma patrie ? » qui a résonné en public pour la première fois en décembre 1834, au Théâtre des Etats à Prague. Ce fameux chant, qui fait l’éloge des beautés de la Bohême, est le résultat du travail en commun d’un dramaturge, Josef Kajetán Tyl, et d’un compositeur, František Škroup. Lors de la première de la comédie musicale intitulée "Fidlovačka », farce pour laquelle « Kde domov můj ? » fut spécialement écrit et composé, aucun des deux auteurs n'aurait imaginé quel destin attendait un chant qui, très vite, fut adopté par tout un peuple qui en fit son symbole. Et pourtant…

Mais revenons à l’actualité. Le Premier ministre a donc voulu donner plus de vie à un hymne certes prenant mais souvent critiqué pour être par trop sentimental. Une légende se rapporte d’ailleurs à sa création et expliquerait le pathos qui s’en dégage. Ainsi, on raconte qu’un beau matin, le dramaturge trouva le compositeur chez lui abattu, découragé et désespéré. Tête basse, ce dernier était assis à côté de son piano et se mit à raconter qu'il avait passé toute la nuit au chevet de sa femme malade, composant uniquement lorsque celle-ci sommeillait. Et c’est justement ce drame et cette peur de perdre un être cher qui expliqueraient le ton très sentimental, romantique du chant.

Mirek Topolánek,  photo: CTK
Ce dimanche, Mirek Topolánek, qui en tout bon politique qu’il est affirme que l’hymne est pour lui « le chant numéro un », présentera quatre nouveaux enregistrements lors de la cérémonie qui se tiendra au panthéon du Musée national. Toujours selon lui, la nouvelle version est plus révérende et exprime mieux le lien entre le présent et le passé. Cette version a été enregistrée par l’orchestre du Théâtre national, symbole s’il en est de la nation tchèque et qui constituait la garantie que l’hymne ne subirait pas de modifications révolutionnaires.

Mais même si cela avait été le cas, sachez que rien n’empêche de toucher à l’hymne, la loi déterminant uniquement les paroles et la mélodie. Mais aucun texte ne stipule de quelle manière il doit être interprété et combien d’instruments ou de voix doivent résonner lors de son interprétation. En fait, la loi tchèque ne condamne que ceux qui tourneraient l’hymne en ridicule à dessin ou le « discréditeraient ». Quoiqu’il en soit, les institutions officielles tchèques ne disposent d’aucune interprétation précise de l’hymne. C’est pourquoi le gouvernement mettra à disposition sur son site Internet les quatre nouvelles versions de l’hymne dès lundi, lendemain de fête. Et tout le monde pourra les télécharger et en faire l’usage qu’il désire.

C’est donc avec la nouvelle version de Kde domov můj ? – « Où est ma patrie ? » que nous refermons pour cette fois ce Tchèque du bout de la langue. Prochain rendez-vous dès la semaine prochaine. D’ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši !, salut et à bientôt - zatím ahoj !