Tennis – Fed Cup : Šafářová offre le doublé aux Tchèques

Photo: CTK

La République tchèque a remporté la Fed Cup pour la deuxième fois consécutive en battant la Serbie (3 points à 1), samedi et dimanche, à Prague. Mais contrairement à l’année dernière et à l’habitude, l’héroїne ne s’appelle pas Petra Kvitová. C’est en effet une épatante Lucie Šafářová, vainqueur de ses deux matchs de simple, qui a donné le point décisif à son équipe en dominant sans trembler Jelena Jankovic (6-1, 6-1). Un week-end de fête auquel a assisté Radio Prague. Reportage.

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Après la victoire finale contre la Russie (3-2) en 2011, la première pour la République tchèque depuis vingt-trois ans, ce n’est que le bout de ses lèvres que Lucie Šafářová avait trempé dans la coupe de champagne. Battue dans ses deux matchs de simple, elle était repartie de Moscou avec le sentiment légitime de ne pas avoir tout à fait contribué au succès des siennes. Cette étiquette de maillon « plus faible » lui est restée collée au dos jusqu’à ce nouveau sacre contre la Serbie. Et la Tchèque s’en est débarassée de la plus belle des manières. Transcendée par le nombreux public (14 000 spectateurs) rapidement conquis par sa volonté de bien faire, la 17e mondiale a signé deux victoires pleines d’une autorité et d’une détermination qu’on lui connaît rarement sur le circuit le reste de la saison. D’abord contre Ana Ivanovic samedi (6-4, 6-3), puis donc dans le quatrième simple décisif contre une Jankovic particulièrement marquée par la déception. A la sortie du court, Lucie Šafářová était, on s’en doute, particulièrement heureuse, mais aussi soulagée :

Lucie Šafářová,  photo: CTK
« Ce sont des sensations extraordinaires. C’est vrai, apporter deux points à l’équipe, en plus à la maison, fait que je savoure d’autant plus ce deuxième trophée. Je n’avais encore jamais joué dans une telle ambiance. J’ai produit deux des meilleurs matchs de ma carrière, surtout ce dimanche. Et je suis très contente que cela se soit produit justement devant tous nos supporters. Toute cette semaine a été formidable. »

Avant cela, Ana Ivanovic avait pourtant cru avoir relancé son camp en venant à bout de Kvitová (6-3, 7-5). Dans un tout autre état d’esprit que la veille, où elle était apparue tendue et irritable, la Serbe a dominé la Tchèque d’un bout à l’autre de la rencontre et réduit le score de la finale à deux points à un. Régulièrement en difficulté sur son service (17 balles de break pour Ivanovic), Kvitová, malgré un sursaut d’orgueil à la fin du deuxième set qui lui a permis de revenir de 5-2 à 5-5, a ainsi concédé sa première défaite en Fed Cup depuis 2010. Un revers rare donc dans une compétition qui lui tient particulièrement à cœur, mais qui, grâce à Šafářová, une fois n’est pas coutume, sera bien vite oublié. Et ce d’autant plus qu’à la différence de la victoire en Russie la saison dernière, les Tchèques ont cette fois fait la différence avant le double, dernier match décisif en Fed Cup. En conférence de presse, Petra Kvitová n’a d’ailleurs pas manqué de saluer la performance de sa coéquipière :

« En Russie, cela avait été très serré jusqu’au bout. A deux points partout, nous avions dû suivre le double avec Lucie en étant très nerveuses et un peu impuissantes. Aujourd’hui, en voyant Lucie jouer, je pense que personne dans la salle n’a douté de l’issue de la partie et qu’elle ne pouvait pas perdre. »

Petra Kvitová,  photo: CTK
Souvent dans l’ombre de Kvitová, Lucie Šafářová, il est vrai parfois décevante lors de ses apparitions en Fed Cup ces dernières années, a donc été le personnage central de cette finale.

Cependant, dès samedi, la République tchèque avait entamé de la meilleure des manières la défense de son titre. Vainqueurs respectivement d’Ivanovic (6-4, 6-3) et de Jankovic (6-4, 6-1), Šafářová et Kvitová avaient permis à leur équipe de mener deux points à zéro à l’issue de la première journée. Une seule victoire leur suffisait donc dimanche pour conserver leur trophée.

Et face aux Serbes, quand même toutes deux anciennes meilleures joueuses mondiales, les deux premiers simples ont proposé deux scénarios quasi identiques. Equilibrés dans un premier temps entre des joueuses cherchant encore leurs marques, ils ont ensuite tourné à l’avantage des deux gauchères tchèques, à chaque fois dans le milieu du premier set. Là où Šafářová a réussi le break décisif à 3-3, Kvitová a, elle, d’abord dû recoller au score. Menée 2-4 après une mise en jambe laborieuse, la 8e mondiale a alors aligné neuf jeux d’affilée pour se retrouver avec une avance de 5-0 dans la deuxième manche. Ne lui restait plus qu’à conclure :

« A la fin du deuxième set, quand je menais cinq jeux à zéro, je n’avais plus qu’une seule envie : en finir rapidement. Je sentais que je commençais à avoir moins d’énergie. Je suis donc contente d’y être parvenue. Je ne dirais que cela a été un match facile. Mais après un début de premier set hésitant, où je ne savais pas trop où j’en étais physiquement, je me suis améliorée et je suis moi-même surprise de mon niveau. Bien jouer m’a permis d’économiser des forces. Je peux difficilement être plus contente. »

Lucie Šafářová,  photo: CTK
Malgré une préparation réduite au strict minimum les dix jours précédant la finale en raison d’une bronchite, Kvitová venait ainsi de remporter son onzième match d’affilée en Fed Cup.

Un bilan épatant qui était loin d’être celui de Šafářová avant la finale. C’est pourtant bien elle qui avait placé les Tchèques sur les bons rails dans le simple inaugural contre Ivanovic. Très nerveuse du début à la fin, la Serbe n’est en effet jamais parvenue à se libérer du poids de l’événement. Ce ne sont pourtant pas les opportunités qui ont manqué, puisque la vainqueur de Roland Garros 2008 s’est procurée cinq balles de break dans le deuxième set. Encore aurait-il fallu en convertir au moins une pour inquiéter d’avantage son adversaire, une Šafářová très solide dans les moments-clefs du match.

« L’expérience de la première finale l’année dernière m’a sans doute aidée à bien maîtriser les événements. Je savais à quoi m’attendre. Je me suis efforcée de faire abstraction de la nervosité, du contexte, et de rester bien concentrée sur mon jeu et ma tactique. Je me suis libérée et sentie de mieux en mieux au fil du match, surtout que je sentais que le public était derrière moi. C’est tout cet ensemble de choses qui explique ma performance. »

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Avec Kvitová et Šafářová, qui achèvent la saison 2012 respectivement aux 8e et 17e places du classement WTA, mais aussi avec une paire de double composée d’Andrea Hlaváčková et de Lucie Hradecká qui compte actuellement parmi les meilleures au monde, la République tchèque dispose assurément d’une équipe en mesure de remporter d’autres éditions de la Fed Cup dans un proche avenir après ce doublé 2011-2012. Et même si elle se refuse de voir trop loin, Petra Kvitová n’est pas loin de penser la même chose :

« Si nous gardons le même groupe de joueuses, pourquoi pas ? Notre point fort est que nous nous entendons toutes très bien. Nous avons toujours beaucoup de plaisir à nous retrouver et à passer quelques jours ensemble lors des rassemblements de Fed Cup. Je pense que dans une équipe de joueuses, ce n’est pas toujours évident. Mais si l’état d’esprit reste le même que celui qui a régné tout au long de la semaine et même depuis plusieurs années déjà, je pense que ce n’est pas impossible… »

L’état d’esprit de ses protégées, c’est également ce que met d’abord en avant le capitaine tchèque Petr Pála, qui, avant d’envisager le futur et la conquête d’un éventuel troisième titre, voulait cependant dimanche d’abord et avant tout profiter de l’instant présent :

Petr Pála  (au centre),  photo: CTK
« Les filles abordent chaque rencontre de Fed Cup en étant consciente de leurs responsabilités. Elles font preuve de beaucoup d’envie : envie de gagner, mais aussi de bien faire les choses ensemble. C’est leur force principale, sans oublier que j’ai un choix important de joueuses de qualité. Mais ce qu’il faut aujourd’hui, c’est d’abord savourer ce deuxième succès d’affilée. Le moment n’est pas encore venu de penser à l’année prochaine. »

Avant cela, les amateurs tchèques de tennis penseront, eux, à la finale de la Coupe Davis. Dans deux semaines, toujours dans la même salle, c’est cette fois Tomáš Berdych et Radek Štěpánek qui, contre l’Espagne, voudront eux aussi faire chanter le public pragois sur l’air des lampions ; comme les filles y sont bien parvenues ce week-end avec le célèbre « We Are the Champions »…