Tennis – Fed Cup : les Tchèques un peu plus dans l’histoire

L'équipe de République tchèque de tennis féminin a remporté sa troisième Fed Cup consécutive, la cinquième en six ans, photo: ČTK

Cela a été plus compliqué que ce à quoi on s’attendait peut-être. Au terme d’un week-end chargé en émotions, l’équipe de République tchèque de tennis féminin a remporté sa troisième Fed Cup consécutive, la cinquième en six ans, nouveau record dans l’histoire de la compétition. En finale, samedi et dimanche à Strasbourg, Karolína Plíšková, Petra Kvitová et Barbora Strýcová, l’héroïne inattendue, ont battu la France (3-2) au bout du suspense.

L'équipe de République tchèque de tennis féminin a remporté sa troisième Fed Cup consécutive,  la cinquième en six ans,  photo: ČTK
A deux points à un en faveur de la France suite à la victoire de Caroline Garcia aux dépens de Karolína Plíšková (6-3, 3-6, 6-3), l’affaire pour les Tchèques semblait bien mal engagée dimanche en milieu d’après-midi. Petra Kvitová blessée et défaite la veille par cette même Caroline Garcia (7-6, 6-3), c’est Barbora Strýcová, a priori appelée à rester dans le rôle de remplaçante durant le week-end, que le capitaine Petr Pála sollicitait pour disputer le quatrième simple contre Kristina Mladenovic, le match de la dernière chance pour les Tchèques. Dans la chaude ambiance assurée par le formidable public strasbourgeois, on n’aurait alors pas forcément parié bien lourd sur une victoire de Strýcová. Mais la Tchèque ne s’est pas démontée et, malgré les imperfections dans son jeu, c’est sans trembler qu’elle a dominé une Alizée Cornet plus fébrile en deux sets (6-2, 7-6).

Barbora Strýcová,  photo: ČTK
Restait alors encore aux Tchèques à remporter le double pour conserver leur titre. La tâche ne s’annonçait pas simple face à la paire Garcia-Mladenovic, actuelle n° 1 mondiale, mais là encore elles faisaient mieux qu’assurer l’essentiel, et ce au plus grand bonheur de l’héroïne du jour, Barbora Strýcová, qui, dimanche, a vécu son jour de gloire :

« Je crois bien qu’on ne s’en lasse jamais. Les victoires, les coupes, les médailles, qui n’en voudrait plus ? Chaque succès a sa propre histoire, mais celle-là est d’autant plus belle pour moi. Je pense que c’est une victoire dont j’apprécierai tout spécialement me souvenir à la fin de ma carrière. »

Excellente dans le double malgré sa défaite en simple un peu plus tôt dans la journée, Karolína Plíšková, le triomphe modeste, a elle aussi tenu à rendre hommage à sa partenaire :

Karolína Plíšková et Barbora Strýcová,  photo: ČTK
« Le plus dur pour elle aujourd’hui était de ne pas savoir si elle allait jouer ou pas. Mais Bára (diminutif de Barbora) a répondu présent et elle a été excellente en simple comme en double. Nous avions déjà disputé et gagné quelques matchs de double ensemble, nous avions donc confiance en nous. Bára sait parfaitement motiver sa coéquipière, c’est important de l’avoir à ses côtés. Lorsque l’une de nous deux a un passage à vide durant un match, nous savons nous compléter. »

Il y a précisément un an de cela, c’est cette même Karolína Plíšková qui avait été dans la position de Strýcová. Alors que la Russie de Marie Sharapova, vainqueur de ses deux matchs, menait deux points à un en finale à Prague, Plíšková avait d’abord remis les deux équipes à égalité en remportant le quatrième simple, puis offert le point décisif et le titre à la République tchèque en double aux côtés d’une certaine… Barbora Strýcová.

Petra Kvitová hors du coup ce week-end, et en l’absence également de Lucie Šafářová à court de forme, les Tchèques ont de nouveau démontré lors de cette finale à Strasbourg qu’elles pouvaient compter sur plusieurs joueuses de très haut niveau. Conscient d’être un privilégié, leur capitaine Petr Pála, à la tête de tous les succès de ces dernières saisons, sait faire usage à bon escient de ce potentiel et de la force collective qui s’en dégage :

Petra Kvitová,  photo: ČTK
« Nous avons beaucoup de chance. Nous avons des filles extraordinaires et un groupe élargi. Cela me laisse le choix. Une fille peut très bien en remplacer une autre et c’est là la principale force de cette équipe. Auparavant, nous étions plus dépendants des performances de Petra Kvitová et de Lucie Šafářová, alors qu’aujourd’hui nous disposons d’autres excellentes joueuses également. Les filles sont complémentaires et s’entendent très bien. Mais ce succès n’est pas seulement le leur. Je n’oublie pas tous ceux qui les entourent et les accompagnent dans leur préparation pour les mettre dans les meilleurs dispositions possibles. »

Comme celui contre la Russie l’année dernière, ce nouveau triomphe tchèque est d’autant plus beau qu’il a été obtenu dans la douleur et contre un adversaire, l’équipe de France, dont la déception dimanche soir était immense. Emmenée par une surprenante Caroline Garcia, les Françaises ont longtemps cru l’exploit possible, comme le concédait leur capitaine Amélie Mauresmo, très touchée après le double :

Amélie Mauresmo,  photo: ČTK
« C’est vraiment dur d’analyser à chaud. J’ai trouvé les filles un peu moins percutantes, peut-être y avait-il un peu de fatigue. Les intentions n’étaient pas toujours les bonnes, mais c’est compliqué, il y avait aussi une très belle équipe en face, notamment une Plíšková qui a sorti quelques trucs incroyables. Au final, on ne passe pas loin, mais c’est quand même la cruelle défaite qui nous attendait. Donc, oui, c’est un peu dur à encaisser. Peut-être que demain (lundi), nous saurons tirer tout le positif qu’il y a eu de notre campagne en Fed Cup et de ce week-end avec des filles qui ont répondu présent et qui ont su élever leur niveau de jeu pour rivaliser avec la meilleure équipe du monde ; et de loin la meilleure. Même si je ressens de la fierté, ce que j’aime, c’est la victoire. Je ne suis donc pas satisfaite, c’est sûr. »

Lucie Hradecká,  Petra Kvitová,  Petr Pála,  Barbora Strýcová et Karolína Plíšková,  photo: ČTK
Et si l’équipe de France poursuivra désormais son aventure en Fed Cup les prochaines saisons sans Amélie Mauresmo, qui devait annoncer sa démission ce lundi après-midi, Plíšková, Kvitová, Strýcová et Cie resteront, elles, avec un groupe très probablement inchangé et l’ambition de continuer à vivre une des plus belles épopées de l’histoire du sport tchèque.