Les Tchèques, les Loprais et le Dakar : une longue histoire d’amour

Photo: ČTK / PR / BUGGYRA media

Quatorze équipages et pilotes tchèques se sont élancés lundi de Lima, lieu de départ et d’arrivée de la 41e édition du Rallye Dakar disputé, pour la première fois de son histoire, dans un seul pays : le Pérou. Comme de tradition, l’attention des médias et du public tchèques se porte essentiellement cette année encore sur la catégorie des camions.

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C’est reparti pour un tour… Emissions spéciales sur la Télévision tchèque, envoyé spécial pour la Radio tchèque, le Dakar, bien plus que les autres courses d’endurance durant la saison, a toujours passionné les amateurs de sport automobile en République tchèque. Ancien copilote du légendaire Karel Loprais, francophile en raison de ses nombreux voyages en Afrique à l’époque où la caravane traversait encore le continent noir, Josef Kalina avait expliqué pourquoi au micro de Radio Prague il y a quelques années de cela :

« C'est simple : c'est une course dure, longue et puis il y a la légende… C'est aussi une course symbole de l'aventure et de quelque chose d'absolument extraordinaire. C’est ce qui explique que l’intérêt pour le rallye reste très important. Les gens qui en ont les moyens veulent jouer aux aventuriers. »

Cet intérêt tchèque est ancien : il remonte aux nombreux succès de Karel Loprais et de son légendaire camion Tatra depuis le milieu des années 1980 jusqu’au début des années 2000. Surnommé « Monsieur Dakar » depuis en République tchèque, l’ancien sextuple vainqueur du rallye (1988, 1994, 1995, 1998, 1999 et 2001), qui fêtera ses 70 ans en mars prochain, continue de suivre la course avec attention, notamment en raison de la présence de son neveu Aleš, lui aussi – bien évidemment - au volant d’un camion Tatra :

Aleš Loprais,  photo: ČT
« Il est acquis d’avance que les Russes domineront de nouveau la course cette année, mais je pense que les Tchèques peuvent se mêler à la lutte pour le podium. Les Kamaz et les Tatra ne sont pas les seuls non plus. Il y a là aussi les Iveco et les Maz, la catégorie camions est vraiment très relevée. C’est vrai qu’Aleš et son équipage ont été confrontés à pas mal de problèmes techniques durant la préparation, mais j’estime qu’ils sont prêts. Le fait que le parcours soit cette année essentiellement sableux devrait entraîner moins de casse. C’est un terrain moins exigeant pour les machines que lors des spéciales très rapides. Les garçons ont appris avec les années à bien rouler dans le sable et je suis convaincu qu’Aleš montrera toute l’étendue de son talent de pilote. »

Josef Kalina,  photo: Jan Říha,  ČRo
D’entrée, lundi, Aleš Loprais a confirmé ses bonnes dispositions. Même s’il n’a pas remporté la première étape comme cela avait le cas l’année dernière entre Lima et Pisco, le pilote tchèque a terminé à une satisfaisante 8e place à un peu moins de 6’ du vainqueur du jour, l’équipage russe Kamaz avec Eduard Nikolaev à sa tête, conservant ainsi toutes ses chances pour la suite de la course. Et en attendant de voir quel sort les dunes péruviennes réserveront cette année aux participants tchèques, Josef Kalina rappelle dans quel contexte, pourquoi et comment, en 1986, un équipage tchèque et un camion Tatra avaient participé pour la première fois à ce qui était alors le Paris-Dakar :

« Nous avons commencé sous le système communiste. A l'époque, il était donc bien entendu question avant tout des intérêts de l'usine. Notre rôle a été de convaincre les grands responsables communistes que nous allions faire une bonne propagande de notre produit dans ‘l'autre monde’. Comme constructeur de camions tout-terrain, Tatra s'est montré intéressé. Nous avons commencé très modestement et puis, malgré tous les changements de directeurs, de systèmes économiques, puis politiques, nous avons toujours trouvé une solution pour participer. »