Le doyen du rugby tchèque a invité les Pragois à la Coupe du monde

Photo: http://slavia.rugby.cz

Match de rugby de gala, mercredi dernier, à Prague. Pour célébrer son 80e anniversaire, le RC Slavia Prague, plus vieux club de rugby du pays, avait en effet organisé un match entre le XV du Président et le XV de la Police française. Un match remporté (36-7) pour l'anecdote par les Français face à une équipe tchèque qui, malgré la relative ampleur du score final, aura fait mieux que résister. L'occasion de donner un coup de projecteur sur l'évolution du rugby en République tchèque ces dernières années.

Un terrain avec une petite tribune en bois situé dans la périphérie de Prague, juste derrière le tout nouveau stade de 23 000 places en travaux que le club de foot du Slavia entend inaugurer en grandes pompes au printemps prochain. Malgré l'ambiance familiale, ici comme presque partout ailleurs dans le pays, c'est dans l'ombre que les rugbymen du Slavia ont l'habitude d'évoluer. Leur 80e anniversaire était donc l'occasion de faire un peu de lumière sur un sport mineur en République tchèque. Et pour cela, les dirigeants du Slavia et de la fédération avaient invité le XV de la Police française pour un match au goût de fête. Une fête nullement gâchée par le résultat.

« Je crois d'abord que le score ne reflète pas spécialement le match, expliquait au coup de sifflet final Jean Miss, responsable du XV de la Police, équipe composée essentiellement de joueurs évoluant en Fédérale 1 (le plus haut niveau amateur en France en dessous du Top 14 et de la Pro D2). C'est vrai qu'il est lourd à l'arrivée, mais nous avons bien profité des petites erreurs de l'équipe tchèque. Sinon, je pense qu'on a assisté à une opposition plutôt équilibrée. Nous avons été un peu plus rapides sur quelques ballons de récupération et, encore une fois, nous avons surtout profité des faiblesses de l'adversaire à certains moments du match. »

-Le rugby tchèque était pour vous une découverte. Y a-t-il des joueurs qui vous ont étonné ou surpris par leurs qualités ?

« Oui, il y avait certes les meilleurs joueurs du championnat, mais il y en avait surtout quelques-uns qui ont évolué ou évoluent en France comme, par exemple, le deuxième ligne de Limoges et bien entendu Jan Machacek en première mi-temps. Il y a donc quand même quelques éléments qui ont bien relevé le niveau de l'ensemble. Mais s'il y a un joueur qui m'a bien plu, c'est le demi de mêlée. C'est un jeune et très bon joueur qui, à mon avis, est plein d'avenir. »

Dans le camp tchèque se trouvait Jan Machacek, désormais entraîneur-joueur au Slavia. Bien connu en France après y avoir passé plusieurs saisons et même disputé une finale du championnat contre le Stade toulousain en 2001 au Stade de France, l'ancien troisième ligne de Clermont-Ferrand est désormais très engagé dans le développement du rugby tchèque :

« Au-delà du résultat pour notre équipe, constituée pour moitié de joueurs du Slavia et pour l'autre de joueurs de l'équipe nationale, le plus important aujourd'hui est surtout que nous ayons contribué à la promotion du jeu de rugby dans notre pays, où il n'est pas aussi populaire qu'en France. Nous avons profité de l'occasion pour inviter les Pragois à suivre la prochaine Coupe du monde. »

Selon Jan Machacek, même si la comparaison n'est pas évidente, le niveau actuel du championnat tchèque de première division se situe entre une fédérale 2 et 3 en France. L'équipe nationale participe, elle, à la Coupe d'Europe des nations de première division, compétition organisée par la FIRA (Fédération Internationale de Rugby Amateur), en compagnie de nations comme la Roumanie, la Géorgie, ou le Portugal, qualifiées pour la Coupe du monde. Mais actuellement bonne dernière de son groupe, la République tchèque souffre d'un manque de résultats positifs ces dernières saisons.

« C'est un peu difficile à expliquer pourquoi, affirme Jan Machacek. Mais je pense que la principale raison est que les équipes mentionnées comme la Roumanie ou la Géorgie ont un mode de fonctionnement sinon professionnel au moins semi-professionnel, tandis que malheureusement notre équipe est composée d'amateurs. Or, il est très difficile de se maintenir à ce niveau sans l'investissement de la fédération. »

-Que manque-t-il selon vous au rugby tchèque pour progresser et sortir de l'ombre dans laquelle il se trouve par rapport à d'autres sports, et pas seulement le football et le hockey sur glace ?

« C'est compliqué, mais nous avons élu une bonne équipe de dirigeants, avec notamment Pavel Telicka (premier commissaire européen de la République tchèque, négociateur principal pour l'adhésion du pays à l'Union européenne, ndlr) à la tête de la fédération. Je pense qu'ils ont mis sur pied un bon plan de développement qui doit nous tirer vers le haut dans les prochaines années. Concrètement, nous voulons changer la structure de toutes nos compétitions pour qu'elles soient plus attractives tant pour les joueurs que pour le public. Et puis nous voulons également changer les méthodes de travail avec les joueurs de toutes les équipes nationales, de l'équipe A aux jeunes. »

En septembre et octobre prochains, la Coupe du monde de rugby constituera un événement majeur de l'année sportive en France. Ce match a-t-il donc permis aux Français d'inviter les Tchèques ?

« Pour cela, il faudrait déjà que nous ayons, nous, des places, regrettait Jean Miss. C'est vraiment très difficile, même si l'événement est organisé par la France. Donc, inviter les Tchèques à la Coupe du monde, non, par contre si on peut les inviter à venir faire une tournée en France en 2008, ce sera avec plaisir ! »