Jordann Perret, seul hockeyeur français du championnat tchèque

Rytíři Kladno - Dynamo Pardubice, Jordann Perret et Jaromír Jágr, photo: ČTK/Ondřej Hájek

Jordann Perret est actuellement le seul joueur français à évoluer dans l’Extraliga, le championnat d’élite de République tchèque de hockey sur glace. Arrivé à Pardubice à l’été 2017, l’attaquant international français (24 ans) évolue depuis désormais deux saisons dans l’un des clubs les plus populaires du pays. Radio Prague est allé à sa rencontre vendredi soir dernier. Après la victoire (2-0) aux dépens de České Budějovice en match de barrage devant un public comme toujours très nombreux, le Dynamo Pardubice était quasiment assuré de se maintenir dans une élite au sein de laquelle le club de Bohême de l’Est a toujours figuré depuis 1950. C’est donc le sourire aux lèvres que Jordann Perret s’est présenté devant notre micro.

Jordann Perret,  photo: HC Dynamo Pardubice
« Pardubice est effectivement une très belle ville de hockey avec des supporters géniaux qui sont toujours derrière nous. Après une saison difficile, nous avions énormément besoin d’eux pour les barrages et ils nous ont poussés dès le premier match. C’est une vraie chance d’avoir de tels fans ! »

Comment expliquez-vous cette saison régulière catastrophique, dont vous avez fini bons derniers ?

« Je ne sais pas… C’est difficile d’expliquer comment on a fait pour en arriver jusque-là. Il y a beaucoup de changements à l’intersaison tant dans l’équipe que dans le staff. Ce n’est pourtant pas la motivation qui manquait, on avait envie de bien faire et d’éviter une nouvelle série de barrages… Mais les choses en sport sont parfois difficiles à expliquer. »

Malgré le soulagement du maintien, on suppose que c’est donc une grosse déception de ne pas participer aux play-offs…

« Oui, les play-offs sont vraiment l’objectif prioritaire. J’ai eu la chance de participer aux quarts de finale la saison dernière et j’ai pu voir ce que c’était. Disputer les play-offs dans une des quatre meilleures ligues européennes, c’est le top pour un joueur ! En termes d’intensité et d’ambiance, c’est quelque chose d’incroyable. Je pensais bien retrouver tout cela cette saison, donc oui, c’est une déception. Mais l’important maintenant, c’est de rebondir et d’assurer le maintien du club, surtout compte tenu de son histoire. »

Avant vous, on se souvient notamment des frères Treille, Yorick et Sacha, qui ont eux aussi joué en Extraliga, entre autres au Sparta Prague. Vous n’êtes donc pas le premier Français dans le championnat tchèque, mais que représente celui-ci pour un joueur comme vous ?

« C’est un des top championnats en Europe. J’ai eu la chance de pouvoir y faire un essai à l’été 2017, qui s’est bien passé. Sacha Treille était alors à Pardubice, et sa présence m’a beaucoup aidé pour ma première année à l’étranger. C’est vraiment un autre niveau. Tout va beaucoup plus vite, ce qui est très bien pour progresser. J’ai été agréablement surpris, surtout que la Tchéquie est un vrai pays de hockey. Il y en a tout le temps à la télé, toute l’année. L’équipe nationale est aussi très forte avec plein de joueurs qui évoluent en NHL ou en KHL. »

« Le hockey français a bien progressé »

Pourquoi un club comme Pardubice, qui possède une riche tradition de formation, fait-il appel à des joueurs français ? Les Tchèques ne portent pas spécialement le hockey français en très haute estime.

« C’est vrai, mais on travaille dur en France pour montrer que nous aussi savons jouer au hockey. S’ils nous ont pris, Sacha et moi, c’est que nous devions avoir le niveau. Les résultats de l’équipe de France depuis quelques années se sont quand même bien améliorés, on progresse à tous les niveaux depuis les plus jeunes. Le regard que l’on porte sur nous évolue donc peut-être. Après, Pardubice sortait aussi de quelques saisons difficiles sans play-offs. Donc, voilà, on a su saisir la chance qui nous a été donnée et cela nous permet de vivre une très belle expérience. »

Même si cela n’est pas arrivé très souvent cette saison, il existe à Pardubice une curieuse tradition quand vous gagnez. Expliquez-nous…

« Oui, les supporters lancent des petits paquets de pain d’épice sur la glace, car il y a une tradition de fabrication à Pardubice. On trouve plein de magasins en ville. J’en achète d’ailleurs quand je rentre en France pour faire découvrir à ma famille. Et puis c’est une bonne source d’énergie pour les hockeyeurs… »

Vous arrivez à la fin de votre contrat de deux ans à Pardubice. Quelle sera la suite ?

« Je n’en sais trop rien pour l’instant. L’important est d’abord de bien finir la saison. Mais Pardubice m’a proposé de prolonger et quelques autres clubs en Tchéquie et en Europe m’ont aussi contacté. Il y a aussi le Mondial qui arrive en mai avec l’équipe de France. Il faudra que je réfléchisse. »

Une offre de Hradec Králové, le grand rival de Pardubice ?

« Oui, notamment. Je connais la rivalité entre les deux villes, mais il n’y a rien de signé pour l’instant. Ce qui importera aussi, c’est le temps de jeu que l’on pourra me proposer. L’essentiel reste le jeu et de prendre du plaisir à travers le hockey, comme cela est le cas à Pardubice. »

Rytíři Kladno - Dynamo Pardubice,  Jordann Perret et Jaromír Jágr,  photo: ČTK/Ondřej Hájek

« Les Tchèques vivent au rythme du hockey »

Le Mondial en mai prochain se disputera en Slovaquie voisine, un pays passionné aussi de hockey. Vous avez été présélectionné en équipe de France, est-ce un événement particulier pour vous compte tenu de la proximité ?

« Oui, ça va être une belle fête. Ce serait mon quatrième Mondial avec les Bleus, et ce sont toujours de grands moments et des souvenirs incroyables. L’équipe de France, c’est comme une famille. »

Au-delà de la passion pour le hockey, quid de la vie en dehors de la patinoire à Pardubice ?

« Au début, cela a été un peu dur, car c’est une petite ville et tout le monde ne parle pas forcément anglais. Mais on s’habitue et on apprend à apprécier, surtout que je me débrouille maintenant un peu en tchèque. On découvre avec ma copine française, on visite, et cela nous plaît. On a la chance d’être dans une très belle ville. En tous les cas, c’est agréable de découvrir autre chose. »

Les gens vous reconnaissent-ils dans la rue ?

« Oui, ça arrive ! Et comme on n’a peut-être pas tout à-fait des têtes de Tchèques, les gens nous regardent parfois… Mais en ville ou dans les commerces, il y a souvent des supporters pour nous reconnaître. C’est sympa, même si la communication est limitée. »

Cela vous arrivait en France aussi ?

« C’est plus rare, effectivement. Ça m’est déjà arrivé quand même, mais il faut vraiment tomber sur un passionné de hockey, et il n’y en pas à tous les coins de rue… »

Vous imaginez-vous donc poursuivre votre aventure tchèque ?

« Oui, c’est une option. Encore une fois, la Tchéquie est un pays qui vit au rythme du hockey. J’ai tout ici pour progresser, donc pourquoi pas ? »