Hockey – Coupe du monde : Crosby et Cie ont donné une leçon aux Tchèques

Tchéquie - Canada, photo: ČTK

L’équipe de République tchèque de hockey sur glace a essuyé une des plus larges défaites de son histoire pour son entrée en matière à la Coupe du monde samedi à Toronto. Dans une compétition organisée par la prestigieuse ligue nord-américaine NHL et qui réunit les meilleurs joueurs de la planète, la Reprezentace s’est inclinée (0-6) contre le Canada pour son premier match de groupe. Une claque dont Tomáš Plekanec, Jakub Voráček et leurs partenaires devaient absolument se relever avant leur deuxième match, déjà capital, contre la Sélection européenne ce lundi soir.

Tchéquie - Canada,  photo: ČTK
« Le Canada sur une autre planète, la République tchèque sur la sienne », titrions-nous il y a un peu plus d’un an de cela, au lendemain de la finale du championnat du monde de hockey sur glace (http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/hockey-mondial-le-canada-sur-une-autre-planete-la-republique-tcheque-sur-la-sienne). A l’O2 Arena de Prague, au terme d’un match à sens unique, le Canada de Crosby venait d’étriller la Russie d’Ovetchkine (6-1). Déjà doubles champions olympiques en titre, l’équipe au maillot frappé de la feuille d’érable décrochait ainsi le vingt-cinquième titre mondial de son histoire…

Les Tchèques, eux, après avoir été dominés en demi-finales par ce même Canada (0-2), devaient se contenter de la quatrième place, après une dernière défaite (0-3) contre les Etats-Unis dans le match de consolation.

Un an et quelque donc plus tard, le Canada évolue toujours sur une autre planète, à des années-lumière de celle sur laquelle se trouve actuellement la République tchèque. Sur le papier, la confrontation entre les deux équipes pour le lancement de cette Coupe du monde apparaissait déséquilibrée. C’est également ce qu’elle a été sur la glace : malgré une entame de match somme toute prometteuse, la Reprezentace s’est logiquement et lourdement inclinée (0-6). C’est pourtant l’attaquant Martin Hanzal qui a eu le premier l’occasion d’ouvrir le score après quelques secondes seulement de jeu :

Tchéquie - Canada,  photo: ČTK
« Si nous avions marqué, je pense que le match aurait pu être différent. Il ne nous a parfois pas manqué grand-chose… Au contraire, ce sont les Canadiens qui ont pris l’avantage, et leurs deuxième et troisième buts en fin de premier tiers-temps nous ont fait très mal. A 3-0 après vingt minutes, le match était déjà fini. »

Décalage horaire oblige, les amateurs de hockey en République tchèque avaient veillé jusque tard dans la nuit de samedi à dimanche ou réglé leur réveil pour ne pas rater le début du match. Mais à la fin du premier tiers-temps, alors que l’affaire semblait effectivement déjà entendue, nombreux ont été ceux qui ont préféré éteindre leur poste de télévision et sont retournés se coucher. Et la lecture du résultat final le lendemain matin leur a donné raison…

Car comme s’en réjouissait le commentateur de la chaîne de télévision québécoise TVA Sports, « les joueurs canadiens continuent d’étourdir les Tchèques en deuxième. Matt Duchene et Crosby préparent de belle façon le premier but de Joe Thornton… »

Le premier de Joe Thornton, l’attaquant dont la longueur de la barbe de bucheron n’a d’égal que le talent, et le quatrième but déjà au fond du filet tchèque, comme le déplorait l’entraîneur Josef Jandač :

« Les Canadiens nous ont dominés dans pratiquement tous les compartiments du jeu. Ils nous ont mangés dans la vitesse, dans l’engagement, dans l’agressivité, dans l’adresse… Cela a été la même chose pour les jeux en supériorité numérique. Nous avons eu plus de jeux de puissance qu’eux, mais tandis que les Canadiens ont su en profiter pour marquer, nous n’avons même pas eu le moindre lancer… »

Sidney Crosby,  photo: ČTK
Avec un but et deux assistances (l’équivalent d’une passe décisive), Sidney Crosby, le capitaine canadien, a été le leader attendu de son équipe. Et tous ses adversaires tchèques, à commencer par l’attaquant Jakub Voráček, ont reconnu son énorme influence :

« C’est le meilleur joueur au monde. Mais il n’y a pas que lui. Avec Bergeron et Marchand, ils forment tous les trois une ligne exceptionnelle, ils se complètent parfaitement. Ça allait à toute vitesse devant notre but et il y avait toujours un Canadien devant notre gardien pour lui cacher la vue… Et encore, sans ses arrêts, nous aurions encaissé au moins cinq buts de plus. »

Malgré les six buts encaissés, Michal Neuvirth a été un des meilleurs joueurs tchèques sur la glace d’un Air Canada Center pour le reste ravi par la domination de ses favoris et la tournure prise par les événements. Avec quarante-quatre arrêts, contre seulement vingt-sept pour son vis-à-vis canadien Carey Price, le gardien tchèque a permis à son équipe d’éviter une déroute plus importante encore. Et il s’efforçait malgré tout de positiver à la fin du match :

Tchéquie - Canada,  photo: ČTK
« Ce que nous pouvons retenir, c’est que le tournoi continue. On peut se dire qu’il importe peu de perdre 1-0 ou 6-0. Au bout du compte, c’est la même chose : vous avez zéro point au compteur. Il nous reste deux matchs à jouer et notre destin est toujours entre nos mains. »

Même si la méthode Coué a ses limites, les Tchèques, que beaucoup d’observateurs en Amérique considèrent comme la plus faible des huit équipes de cette Coupe du monde, peuvent, c’est vrai, toujours rêver à une qualification pour les demi-finales. Pour cela, ils devront toutefois remporter leurs deux derniers matchs de groupe, d’abord contre la Sélection européenne ce lundi, puis contre les Etats-Unis, autre très gros morceau, jeudi. La tâche apparaît bien difficile après la débâcle contre le Canada, comme le concède un des entraîneurs-adjoints, Václav Prospal :

« Ce sera compliqué, mais notre équipe a suffisamment de joueurs d’expérience pour relever la tête. Nous les entraîneurs, nous sommes là pour les aider. Le tournoi n’est pas fini. Il faut oublier le Canada, se remobiliser et aborder ce match déjà capital contre l’Europe dans les meilleures conditions possibles, car nous n’avons déjà plus le droit de perdre. »

Etonnante contre les Etats-Unis, qu’elle a nettement battus (3-0) dans l’autre match du groupe disputé samedi, cette Sélection européenne, elle aussi très sous-estimée avant le début du tournoi, est composée des meilleurs joueurs européens qui évoluent en NHL mais dont les équipes nationales, pas suffisamment compétitives, n’ont pas été invitées à disputer la Coupe du monde. C’est ainsi que l’on retrouve quelque six Slovaques, six Allemands, quatre Suisses et même un Français, Pierre-Edouard Bellemare des Flyers de Philadelphie, pour un total de sept nationalités dans son effectif. Et à tous ceux qui affirment qu’ils auraient dû constituer la huitième nationalité plutôt que de former leur propre équipe, les Tchèques voudront fermer la bouche. Ce sera là aussi un des autres enjeux de ce deuxième match.