Foot – Ligue des champions : défait mais valeureux, le Slavia a fait trembler le Barça

Lionel Messi et Jan Bořil, photo: ČTK/Roman Vondrouš

Le tableau d’affichage ne ment pas : grand favori avant le coup d’envoi, le FC Barcelone, entre autres grâce à un nouveau but de Lionel Messi, s’est logiquement imposé contre le Slavia (2-1) à Prague mercredi soir dans le cadre de la 3e journée de la phase de groupes de la Ligue des champions. Mais comme au terme de ses deux premières rencontres dans la compétition contre l’Inter Milan et le Borussia Dortmund, c’est une nouvelle fois très frustré que l’actuel leader du championnat tchèque, passé proche d’un gigantesque exploit, est ressorti de cette confrontation contre le géant catalan.

Lionel Messi et Jan Bořil,  photo: ČTK/Roman Vondrouš

« Le bonheur est éphémère, les regrets sont éternels », a dit un jour Richard Bohringer. Si l’acteur français, on le sait, est un authentique amateur de football, on doute cependant qu’il suive les performances du Slavia. Pourtant, seuls sans doute ceux qui ont assisté à leur prestation par moments héroïque mercredi soir, savent combien sa pensée pourrait s’appliquer au ressenti qui était celui des Pragois après ce match perdu donc de justesse contre une des meilleures équipes au monde.

Car même si le Barça, malgré l’ouverture du score de son maître à jouer Lionel Messi dès la 3e minute de jeu, a souffert pour finalement quand même l’emporter, ce sont les Pragois qui sont ressortis les plus marqués moralement de la pelouse de leur stade d’Eden. Leur bonheur n’a en effet été que de courte durée et il leur faudra sans doute désormais quelque temps pour digérer leur déception. Auteur du but de l’égalisation, logique, en début de deuxième mi-temps (50e minute), l’arrière latéral gauche du Slavia Jan Bořil confirmait ce sentiment d’ensemble :

Jan Bořil,  photo: ČTK/Ondřej Deml
« Je pense que nous aurions mérité mieux ce soir, mais ne pas concrétiser nos occasions nous coûte très cher. C’est vrai, nous sommes mal rentrés dans le match. Nous avons encaissé très tôt et avons été trop respectueux dans le premier quart d’heure. Mais nous nous sommes libérés ensuite en commençant à pratiquer notre jeu habituel et en pressant davantage. Nous n’avons qu’un point après trois matchs, mais c’est la loi de la Ligue des champions, surtout que nous sommes certainement dans le groupe le plus relevé de la compétition. Nous pouvons nous consoler en nous disant que nous jouons bien et tenons la dragée haute à des équipes comme l’Inter, Dortmund et Barcelone. Mais encore une fois, sans marquer… Ce soir, j’échangerais volontiers mon but ne serait-ce que contre un résultat nul et un point. »

S’il convient de se méfier de certains chiffres, une statistique peut donner une idée de l'activité et de l'esprit d'entreprise du Slavia et des vrais problèmes qu'il a su poser à Barcelone : tandis que les Pragois ont tenté leur chance à vingt-trois reprises face au but de Marc-André ter Stegen, avec notamment huit tirs cadrés, Messi, Suarez, Griezmann, très discret, et leurs partenaires ont dû se contenter de treize tentatives (pour un nombre toutefois quasi identique de tirs cadrés). La différence s’est donc une nouvelle fois faite sur l’efficacité, comme le reconnaissait l’entraîneur tchèque Jindřich Trpišovský :

Jindřich Trpišovský,  photo: ČTK/Roman Vondrouš
« Par rapport à toutes les occasions que nous nous sommes créé, n’en concrétiser qu’une seule est trop insuffisant à ce niveau. Cela fait trois matchs en suivant que nous sommes punis pour ce déficit de productivité. Inversement, tous nos adversaires profitent de la moindre de nos erreurs, comme sur le premier but ce soir, et sont hyper réalistes. Avant chaque match, on répète qu’il faut concrétiser la moindre occasion, alors quand vous en avez cinq ou six contre une équipe comme Barcelone et que vous perdez quand même, vous ne pouvez avoir que des regrets. On peut se dire que nous arrivons parfois à faire peut-être même mieux que jeu égal avec nos adversaires, mais il faut marquer et c’est la dure réalité du haut niveau européen. Je suis déçu pour les joueurs qui ont tout donné et qui étaient abattus dans le vestiaire. C’est malheureusement le troisième match de Ligue des champions dont nous ressortons frustrés et déçus de la sorte. »

Valverde : « Les attaques du Slavia étaient comme une avalanche »

Il ne s’agit cependant pas ici de raconter d’histoires : Barcelone n’a certainement pas volé son succès à Prague. Sept minutes seulement après l’égalisation tchèque, Luis Suarez, à la reprise d’un centre et bien aidé par le malheureux attaquant nigérian Peter Olayinka, a d’ailleurs redonné l’avantage aux siens. Et si les Blaugrana, dont le gardien allemand a été un des meilleurs joueurs – c’est tout dire -, ont dû s’accrocher dans le dernier quart d’heure pour préserver leur avance, leur entraîneur Ernesto Valverde s'est contenté sans sourciller de repartir de Prague avec l’essentiel, les trois points, dans les bagages :

Ernesto Valverde,  photo: ČTK/Roman Vondrouš
« Il faut avoir à l’esprit que le Slavia est un adversaire très costaud, qui imprime un rythme très rapide à ses matchs. Nous avons fait une bonne entame, nous avons d’abord dominé, mais nous avons ensuite perdu quelques ballons dans certaines situations et le Slavia s’est alors montré dangereux. Il aurait pu égaliser en fin de première mi-temps, et c’est ce qu’il est parvenu à faire en début de deuxième en appuyant encore un peu plus sur l’accélérateur. Nous nous attendions à tout cela, car nous savions que le Slavia est une équipe capable d’intensifier la pression. Mais nous avons aussi su inscrire un deuxième but qui nous a permis de jouer plus sereinement. Nous aurions sans doute souffert si nous ne l’avions pas marqué. Le Slavia a ensuite beaucoup attaqué, c’était comme une avalanche qui revenait incessamment sur notre but. Nous étions acculés dans notre moitié de terrain, c’était difficile de défendre. Nous avons repoussé de nombreux centres, jusqu’à six en suivant. Alors oui, nous aurions bien sûr préféré gagner plus largement, mais, encore une fois, le Slavia est une belle équipe. »

Sur un plan moins esthétique et purement comptable, cette défaite, la deuxième dans la compétition après celle concédée déjà à domicile contre le Borussia Dortmund lors de la 2e journée, laisse le Slavia scotché à la dernière place du groupe F avec un point au compteur. Pour leur prochain match, le 5 novembre, les Pragois se déplaceront au Camp Nou. Et sans le soutien de leur public une nouvelle fois fantastique mercredi, ils seront dans l’obligation d’y réaliser un exploit pour pouvoir continuer à entretenir un espoir de qualification.

Slavia Prague - FC Barcelona,  photo: ČTK/Roman Vondrouš