Foot – Euro 2020 : les Tchèques qualifiés malgré leur maillot vert

Bulgarie - Tchéquie, photo: ČTK / AP / STR

Pour la première fois sous son nouveau maillot d’une étrange couleur verte fluorescente, l’équipe de République tchèque de football s’est inclinée contre la Bulgarie (0-1) à Sofia, dimanche, pour son huitième et dernier match de groupe comptant pour les éliminatoires de l’Euro 2020. Néanmoins, en battant le Kosovo (2-1) trois jours plus tôt à Plzeň, la Reprezentace avait assuré devant son public sa septième qualification consécutive pour la phase finale du championnat d’Europe.

Bulgarie - Tchéquie,  photo: ČTK / AP / STR
En juin prochain, seuls six pays participeront à un Euro pour la septième fois consécutive. La République tchèque compte parmi eux, à côté de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie ou encore de la France. Si elle n’est parvenue à décrocher son billet pour une phase finale de Coupe du monde qu’à une seule reprise (en 2006), la Reprezentace n’a en revanche encore jamais manqué le moindre grand rendez-vous continental depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1993. Et même si depuis le passage à un tournoi à vingt-quatre équipes, ne plus se qualifier devrait être considéré comme un véritable échec pour une équipe comme la République tchèque, la performance n’en reste pas moins remarquable.

A Sofia, dans un match sans enjeu et disputé dans un stade à huis clos suite aux incidents racistes en tribunes qui avaient émaillé, en octobre dernier, la rencontre entre la Bulgarie et l’Angleterre et à la sanction infligée par l’UEFA, les hommes de Jaroslav Šilhavý n’ont toutefois pas fait honneur à leur statut. Médiocres, ils n’ont jamais été en mesure de répondre à l’ouverture du score bulgare en début de deuxième mi-temps, signée Vasil Božikov de la tête suite à un coup-franc (56e), et se sont donc logiquement inclinés, comme l’a regretté le sélectionneur :

Jaroslav Šilhavý,  photo: Autor: ČTK / AP / STR
« Le sentiment est bien sûr partagé, car nous ne voulions bien évidemment pas finir sur une défaite. C’est dommage de conclure cette campagne de qualification dans l’ensemble réussie sur une mauvaise note. Mais il faut reconnaître que nous n’avons pas mis les ingrédients nécessaires dans ce match pour espérer beaucoup mieux. Nous n’avons pas été assez dangereux, tout ce que nous avons fait a été improductif, il nous a manqué de la vitesse et de la précision dans les enchaînements, il y a eu trop peu d’appels de balle devant et l’adversaire a lui patiemment attendu nos erreurs. Les conditions étaient un peu spéciales aussi, ce n’est jamais évident de jouer dans un aussi grand stade quand il est vide, surtout après avoir disputé un match décisif quelques jours plus tôt. Mais cela n’enlève rien au fait que notre prestation a été décevante, c’est la réalité, c’est comme ça. »

Impuissants offensivement - pour ne pas dire inoffensifs -, les Tchèques ne se sont procuré que de très rares occasions. Héros de la victoire contre l’Angleterre en octobre dernier, Zdeněk Ondrášek n’a cette fois pas eu souvent la possibilité de se mettre en évidence :

« On savait que la Bulgarie serait un adversaire coriace. Les Bulgares n’avaient plus rien à gagner, mais ils étaient chez eux et ils avaient de bonnes raisons de vouloir relever la tête. De notre côté, nous avons manqué d’agressivité offensivement. Ce match a ressemblé à celui contre le Kosovo, notre adversaire a marqué sur sa première occasion. Mais de notre côté, nous n’avons fait que jouer entre les deux surfaces de réparation, comme si c’était du handball. Il y a eu trop peu de ballons dangereux dans la surface bulgare et c’est difficile de marquer dans ces conditions. C’est bête à dire, mais ce qui nous a manqué ce soir, c’est d’abord un but. »

Cette défaite ne restera pas sans conséquences pour les Tchèques. Lors du tirage au sort de la composition des groupes pour l’Euro, le 30 novembre prochain, il est possible qu’ils se retrouvent dans le quatrième chapeau, celui des équipes les plus faibles, et qu’ils hériteront donc de trois adversaires costauds.

Tchéquie - Kosovo,  photo: ČTK / Miroslav Chaloupka
Heureusement, les footballeurs tchèques avaient assuré l’essentiel dès jeudi dernier en venant difficilement à bout du Kosovo (2-1). Cette victoire, qui faisait suite à celles obtenues contre l’Angleterre et le Monténégro un mois plus tôt, leur donnait la garantie de terminer à la deuxième place du groupe A, qualificative pour l’Euro. Deux buts inscrits par le milieu de terrain Alex Král, incontestablement une des grandes révélations de l’année écoulée, puis par le défenseur Ondřej Čelůstka dans les vingt dernières minutes, leur ont permis d’effacer l’avance au score prise contre le cours du jeu en début de deuxième mi-temps par le Kosovo. Et à voir la joie et le soulagement des joueurs dans le vestiaire après la rencontre, grâce à la vidéo diffusée par la Fédération tchèque, il n’est pas impossible qu’ils aient ensuite fêté leur qualification comme il se doit.

Au final, dans un groupe nettement dominé par une Angleterre qui a remporté tous ses matchs à l’exception de celui disputé à Prague, et où leur principal concurrent aura été un Kosovo qui termine à une honorable troisième place devant la Bulgarie et le Monténégro, les Tchèques ont assuré l’essentiel sans briller. Leur bilan, somme toute moyen, de cinq victoires pour trois défaites confirme le sentiment d’être en présence d’une équipe irrégulière et dont il est souvent difficile de savoir ce que l’on peut en attendre.

Bulgarie - Tchéquie,  photo: ČTK / AP / STR
Imprévisible est même désormais le deuxième jeu de maillots dont a hérité la Reprezentace. Dimanche à Sofia, elle a étrenné une version fluo entre le vert et le jaune qui, selon son équipementier historique Puma et le clip de présentation mis en ligne par la Fédération tchèque, est censée évoquer la couleur nuancée des jeunes feuilles du tilleul, un arbre qui est un symbole national pour les Tchèques, et plus généralement pour les Slaves. Jusqu’alors, l’équipe nationale tchèque, qui évolue traditionnellement en rouge, portait une tenue de rechange de couleur blanche, voire exceptionnellement bleue – soit les trois couleurs nationales -, lorsqu’elle affrontait à l’extérieur un adversaire lui aussi vêtu de rouge.

Les supporters ont beau avoir été nombreux à exprimer leur mécontentement et leur incompréhension en découvrant ce changement drastique, il faudra donc désormais s’habituer à ce vert pomme inédit (qui fait d’ailleurs peut-être davantage penser à celui d’une bouteille de Becherovka) qui, ne serait-ce que pour sa première ratée contre la Bulgarie, a fait au moins autant mal aux yeux que la prestation des joueurs tchèques sur la pelouse. Et il ne reste désormais plus à espérer que les Tchèques n’affronteront pas de pays au maillot rouge en juin prochain à l’Euro. Ou alors une Italie ou une Suisse de vert ou de rose vêtues…