Euro 2016 : encore en course pour une qualification, les Tchèques peuvent remercier les hooligans croates

Les supporters croates, photo: ČTK

Après une défaite (0-1) contre l’Espagne pour son entrée en matière dans la compétition, l’équipe de République tchèque de football a décroché un résultat nul quasi inespéré (2-2) contre la Croatie pour son deuxième match de groupe à l’Euro, vendredi à Saint-Etienne. Menée de deux buts et catastrophique pendant l’essentiel de la rencontre, la Reprezentace est malgré tout parvenue à égaliser dans un dernier quart d’heure totalement fou marqué par de graves incidents dans la tribune des supporters croates. Contre la Turquie mardi à Lens, les Tchèques joueront leur qualification pour les huitièmes de finale. Reportage.

Les supporters croates,  photo: ČTK
La République tchèque n’est pas (encore) éliminée et c’est sans doute le seul point positif, ne serait-ce que vu sous un angle tchèque, de la soirée passée à Geoffroy-Guichard vendredi. Si le spectacle proposé sur le terrain a été plutôt plaisant à regarder, on le doit d’abord au talent des joueurs croates, dont il faut espérer que le comportement d’une frange de supporters ne gâchera pas le parcours durant la suite de la compétition. Les Modric, Rakitic, Mandzukic et autres Perisic ont été nettement supérieurs aux Tchèques durant soixante-quinze minutes et sans les agissements de leurs hooligans en fin de match (jets de fumigènes et de pétards sur la pelouse et bagarre entre supporters), probablement n’auraient-ils pas été rejoints au score, suite à un coup de tête de Milan Škoda (76e) et à un pénalty de Tomáš Necid (89e). A la sortie des vestiaires, Jaroslav Plašil ne cachait d’ailleurs pas que lui et ses partenaires pouvaient s’estimer très heureux de la tournure prise par les événements :

Mario Mandžukić et Jaroslav Plašil,  photo: ČTK
« Oui, nous revenons de très loin… Le jeu, ce n’était pas ça. Les Croates, eux, ont très bien commencé le match alors que nous, nous leur avons offert leurs deux buts. Nous nous les sommes marqué tout seuls. Le premier but est d’ailleurs de ma faute. C’était vraiment très compliqué dans le jeu. Heureusement, la fin de match a montré que nous avons un groupe de joueurs qui ont envie de se battre les uns pour les autres. »

Dans le camp croate, c’est un sentiment de regret qui prédominait. Auteur du premier but de son équipe à la 37e minute suite à une percée individuelle conclue d’une frappe croisée qui a laissé Petr Čech impuissant, Ivan Perisic a été, sur son côté gauche, un des moteurs de cette séduisante équipe croate. En zone mixte, l’ancien milieu sochalien et brugeois, désormais à l’Inter Milan, est apparu très marqué :

« Nous menions 2 à 0, nous jouions vraiment bien et nous avons eu les occasions pour marquer un troisième et un quatrième buts. Mais nous ne l’avons pas fait et les Tchèques ont marqué un superbe but sur leur première occasion. Après… Vous avez vu ce qui s’est passé avec nos supporters (jets de fumigènes et de pétards sur la pelouse et bagarre entre supporters) et je ne sais pas trop quoi en dire. Il est devenu très difficile pour nous de jouer dans ces conditions. Nous avons encaissé un deuxième but, heureusement nous avons quand même pris un point. »

Et Ivan Perisic était très en colère contre ses supporters :

Ivan Perišić et Tomáš Rosický,  photo: ČTK
« Cela dure plusieurs années déjà et il y a toujours un groupe qui est contre nous. Il faut vraiment trouver une solution, car on ne peut pas jouer avec l’esprit tranquille dans ce contexte. Nous remercions nos supporters, tous ceux qui viennent pour nous soutenir, mais pour les autres… Non, je n’ai pas de mots. Dans les cinq dernières minutes, nous n’étions plus présents sur le terrain. C’est pour ça que nous avons encaissé le deuxième but, car nous étions tous derrière. Bon, maintenant nous sommes encore en course pour la qualification et nous allons tout faire pour battre l’Espagne. »

De leur côté, les Tchèques défieront donc la Turquie, qui a perdu ses deux premiers matchs (0-1 contre la Croatie et 0-3 contre la Turquie) en ayant à l’esprit qu’une victoire les enverrait très probablement en huitièmes de finale. Pour ce dernier match de poule, le sélectionneur Pavel Vrba sera toutefois privé de son meneur de jeu Tomáš Rosický, victime d’une nouvelle blessure musculaire et forfait pour le reste du tournoi. Pour autant, Jaroslav Plašil reste confiant :

« Bien sûr que c’est jouable. Avant la Croatie, nous savions qu’il nous fallait prendre au moins un point. C’est chose faite. Maintenant, tout se jouera contre la Turquie. Le point décisif est que les joueurs qui sont entrés en cours de match contre la Croatie ont été décisifs. C’est bon pour la confiance. Dans le football, il faut y croire jusqu’au bout, le match de ce soir l’a confirmé, même s’il faut reconnaître que nous avons eu aussi un peu de chance. »

Et de la chance, les Tchèques en auront encore besoin d’une bonne quantité contre la Turquie s’ils ne jouent pas un peu mieux que depuis le début de l’Euro.