Radio Prague jette un œil au rétroviseur de l'année 2012

L’année 2012 s’achève d’ici peu et avant de se tourner corps et âme vers 2013, nous vous proposons de regarder dans le rétroviseur. Bien sûr, l’année 2012 a été un millésime particulièrement riche en affaires de corruption dans tous les partis politiques tchèques ou presque et à tous les niveaux de pouvoir. La coalition gouvernementale, qui a perdu bien des ministres sur la route accidentée de 2012, s’obstine dans une politique d’austérité. Cette dernière n’a pour l’instant eu pour résultat que d’aggraver la crise économique : la République tchèque a connu la récession toute l’année. Le chômage augmente et le salaire réel des Tchèques a plutôt tendance à diminuer. Radio Prague n'a pas été épargnée. Mais 2012 a également apporté ses lots de consolation, notamment en sport, avec des Tchèques qui ont dominé les compétitions internationales de tennis par équipe en remportant la Coupe Davis et la Fed Cup et des athlètes qui se sont illustrés aux Jeux olympiques de Londres. Il faut souhaiter que les joies et les bonnes nouvelles en 2013 ne soient pas simplement sportives. Aussi la rétrospective 2012 que nous vous proposons est bien plus légère et agréable : chaque rédacteur de Radio Prague a sélectionné un entretien qui l’a marqué ou particulièrement intéressé cette année pour un drôle de voyage qui va nous conduire à la rencontre d’un rallye humanitaire, des légendes pragoises, de l’Inde ou encore de l’un des meilleurs gardiens de football au monde…

Petr Čech avec Guillaume Narguet,  photo: Archives de ČRo7
C’était une matinée de début juillet. Une conférence de presse se tenait à Prague pour présenter les stages que, depuis sept ans, Petr Čech organise pour les footballeurs en herbe de tout le pays. La veille, une interview en français avait été convenue avec l’attachée de presse. Seulement voilà, qui dit Petr Čech à Prague dit aussi présence massive de journalistes tchèques. Et ceux-ci, forcément, une fois la partie officielle de la conférence de presse achevée, ont la priorité. Devant les caméras de télévision puis les micros des autres médias locaux, Petr Čech répond donc tout d’abord à des dizaines de questions pendant de longues minutes. Le temps passe et Guillaume, notre rédacteur, commence à désespérer, en se disant que, tant pis, il repassera une autre fois, l’année prochaine, avec son interview en français. Mais Petr Čech n’est pas seulement un des meilleurs gardiens de but au monde. C’est aussi un professionnel jusqu’au bout des ongles et de ses gants. Une fois les journalistes tchèques partis, et bien que le temps lui soit compté, le récent vainqueur de la Ligue des champions accepte ainsi encore de répondre patiemment, pendant un bon quart d’heure, aux questions de Radio Prague. Et pas simplement pour remplir poliment une obligation de plus pour lui. Malgré l’insistance de l’attachée de presse, qui jette un œil à sa montre à chaque nouvelle question, Petr Čech parle en effet de passion pour le ballon rond, de plaisir du jeu et de travail bien fait, mais aussi d’ouverture d’esprit, autant de valeurs que lui et son équipe de collaborateurs s’efforcent de transmettre aux jeunes participants. En somme, avant de rejoindre ces derniers sur le terrain, Petr Čech a évoqué au micro de Guillaume Narguet l’objectif de ses stages : vivre sa passion sans oublier qu’il n’y a pas que le foot dans la vie.

« Quand j’étais gamin et que j’avais l’âge des enfants qui viennent ici passer une semaine, je n’avais pas de telles possibilités. Il n’existait rien qui permette de passer une semaine consacrée au sport. Pourtant, j’aurais bien aimé ! Quand j’étais petit, il y avait des camps qui proposaient des tas d’activités différentes peut-être amusantes et intéressantes pour la plupart des enfants, mais moi, j’étais vraiment un passionné de sport. C’est donc l’idée que nous avons eue. Nous nous sommes dit ‘pourquoi ne pas organiser ce qui n’existait pas avant ?’. C’est pourquoi nous avons créé ces stages de foot. On a très vite constaté que l’intérêt était très grand. Depuis le début, nous avons 160 enfants chaque année. Les demandes sont plus nombreuses, mais nous sommes limités par la place. Nous sommes très heureux que les gens apprécient ce que nous faisons. Les enfants reviennent l’année suivante avec le sourire. »

Comment se déroulent ces stages ? Sont-ils 100 % football ou y a-t-il d’autres sports et d’autres activités à côté ?

« La plupart du temps, ils jouent au foot puisqu’ils ont deux entraînements par jour. Mais entre-temps il y a des activités différentes. Nous leur proposons par exemple des cours d’anglais. Pour les plus petits, il s’agit simplement de leur montrer le fonctionnement de la langue, de leur ouvrir la porte pour les y intéresser. Nous invitons aussi d’anciens joueurs, des joueurs de l’équipe nationale, des entraîneurs, des agents même, pour essayer de montrer aux enfants comment fonctionne le foot de haut niveau ; par exemple comment se passe une conférence de presse, comment un agent devrait normalement travailler avec un joueur professionnel, etc. Il y a aussi un diététicien qui passe pour leur expliquer comment il faut manger, comment bien faire les choses pour que le corps fonctionne à 100 %. On essaie de leur montrer que tout cela, ce n’est pas juste pour le football, mais c’est aussi pour la vie en général. Quand on se sent bien dans son corps, qu’on est en forme, on peut plein de choses et pas seulement jouer au foot. »

C’est peut être compliqué pour vous de juger parce que vous ne passez que peu de temps sur ces stages, mais notez-vous tout de même des différences de comportement entre l’enfant que vous étiez et ceux d’aujourd’hui, dans l’écoute, dans l’attention, dans l’enthousiasme peut-être aussi par rapport au jeu ?

« Je pense que l’enthousiasme est le même. Ils sont là parce qu’ils le veulent, parce qu’ils veulent jouer au foot. La seule chose, c’est que, avant, tout ce que nous avions, c’était le foot, le sport, le plaisir. Aujourd’hui, dans les temps modernes, on a Internet, des Playstations… On a tout un tas de choses comme ça qui diminuent complètement l’intérêt des enfants pour les choses réelles. Passer cinq heures à travailler sur un terrain de foot peut être fatiguant et c’est frustrant car parfois ça ne se passe pas bien, alors qu’à côté de ça, on peut gagner la Ligue des champions en passant seulement trois heures sur Playstation. C’est ça la différence. Il faut vraiment trouver le moyen d’amener les gens vers des choses réelles, et c’est une bataille constante contre le monde moderne (il sourit). »

Dernière chose : vous avez un petit garçon. C’est justement ce que vous essayez de lui montrer ? Que le plus important, c’est le ballon et qu’il faut jouer ?

« Oui, il faut leur montrer qu’ils peuvent jouer quand ils veulent à la Playstation, mais que pour ce qui est du foot, si le train passe, ils ne pourront jamais le rattraper. Ils ne pourront jamais faire de carrière. Je pense que le foot est juste un exemple, mais que c’est pareil dans la vie. Il faut leur montrer que si l’on fait des bonnes choses dans la vie, d’autres bonnes choses arriveront. J’espère qu’ils partiront d’ici avec cette idée-là. »


Roman Kameš,  Montagne sous la mousson
Anna Kubišta a connu une riche année 2012. Et elle est restée fidèle à son poste pour suivre et transmettre l’actualité culturelle et artistique en République tchèque. Aussi le sujet qu’elle a sélectionné pour vous s’intéresse à un artiste tchèque installé en France depuis les années 1970 : Roman Kameš. Selon ses propres mots « L’inde a ouvert mes yeux de peintre ». Anna Kubišta a rencontré Roman Kameš à l’occasion d’une des ses expositions à Karlovy Vary au printemps dernier. Il lui a parlé de ce pays, l’Inde, qui a totalement transformé sa manière d’appréhender la peinture et qui l’a conduit à organiser des ateliers de peinture pour les enfants dans la région du Ladakh, ou encore avec des réfugiés tibétains. Indigo, safran, mousson, Roman Kameš décline sa vision de l’Inde à travers de grandes toiles chaudes et colorées, vers lesquelles on aimerait presque tendre la main, tant elles s’apparentent à des tissus soyeux ou des tentures. Roman Kameš a rappelé au micro d’Anna Kubišta sa rencontre avec l’Inde.

« Au début, quand je suis arrivé à Paris, j’étais très influencé par la peinture minimaliste, par l’art conceptuel. A la fin, je suis arrivé à un monochrome un peu grisâtre. Un ami qui allait faire des photos en Inde du Nord, notamment au Ladakh, me parlait toujours de cette région. Je ne voyais pas trop de quoi il parlait. De toute façon, j’avais été un peu partout : depuis 1973, j’ai beaucoup voyagé en stop, j’ai vu tous les musées d’Europe. Mais je me suis dit : pourquoi ne pas aller en Inde ? J’y suis allé et c’était merveilleux. »

C’est incroyable de vous entendre dire que vos peintures auparavant étaient grisâtres, car ces peintures faites après votre rencontre avec l’Inde en sont l’inverse total : elles sont colorées, sans couleurs criardes, ce sont des couleurs très profondes. Le rouge ressemble presque à du velours…

« Dans les années 1970, avec l’essor de tous ces mouvements, du post-minimalisme, du conceptualisme, il est presque interdit de peindre avec des couleurs. Il y avait même des tendances qui disaient que le tableau est un produit de la culture bourgeoise. Je croyais me trouver dans les années 1950 dans un pays communiste. Mais ces idées n’ont pas fait long feu et on est passé à autre chose. De cet extrême, les galeries sont passées à un équivalent de ‘neue Wilde’, la figuration libre. Moi j’ai fait un long voyage vers la couleur et je l’ai trouvée. Je me suis aperçu, même si c’est une banalité, qu’en Inde, le rapport à la couleur est totalement différent. Quand vous peignez des rouges avec du jaune, cela ne veut pas dire que vous êtes expressionniste, ça veut dire que ça vous plaît, que ça donne une certaine lumière. Cela ne part pas d’une crispation, mais d’une harmonie. L’Inde a véritablement ouvert mes yeux de peintre. »

Vous avez lancé des ateliers de peinture au Ladakh…

« C’est une activité merveilleuse. Je faisais beaucoup de treks. Avec un ami de Grenoble, nous avons fait tous les cols au Ladakh. Quelques fois, en m’arrêtant, je faisais de petites aquarelles, malgré la fatigue, parce que nous faisons tous ces treks à pied, sans ânes, sans chevaux. Des enfants de certains villages étaient complètement fascinés par la peinture. Un jour, j’ai rapporté des peintures, du papier. Tout cela coûte assez cher, c’est pour cela que les enfants ne peuvent pas s’en procurer. J’ai commencé à faire des ateliers dans des écoles publiques ou monastiques, notamment chez des bouddhistes mais aussi chez des musulmans chiites, chez des Indiens shivaïtes.


Marek Halter,  photo: Ji-Elle,  Creative Commons 3.0
Václav Richter, féru de littérature, a souhaité vous offrir pour la Nouvelle année un passage inédit de son entretien avec l’écrivain français d’origine polonaise Marek Halter. Dans les extraits que nous vous avions diffusé, il était revenu entre autres sur son roman « Le Kabbaliste de Prague » inspiré par l’histoire et les légendes de la capitale tchèque. Ce roman évoque le Prague de la fin du XVIe siècle, l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, le grand rabbin de Prague – Maharal et d’autres personnages historiques. Il reprend et modifie à sa façon la célèbre légende pragoise selon laquelle le grand rabbin qui voulait protéger le ghetto de Prague contre les pogromes, a pétri de terre glaise une statue gigantesque appelée Golem à laquelle il a insufflé la vie. Cet humanoïde a su protéger le ghetto mais s’est retourné finalement contre les siens. Faute de place, nous n’avons pas pu présenter l’entretien avec Marek Halter dans son intégralité. En voici donc une partie que nous avons été obligés de couper et qui mérite pourtant votre attention :

A la fin de votre livre vous évoquez les événements de Prague de 1968. Peut-on trouver un rapport entre ces événements relativement récents et les pogroms contre les juifs du XVIe siècle ?

« Les événements ne se répètent pas mais si nous ne tirons pas une leçon de chaque événement, nous risquons de ne pas comprendre où nous allons. Un homme qui ne sait pas d’où il vient ne sait pas où il va. Donc, il y a deux événements qui se réfèrent à Golem. Hitler, quand il arrive ici, veut voir la statue de Maharal parce qu’il a lu le roman sur Golem de Meyrink. Et Heydrich l’amène donc devant la statue de Maharal qui est toujours là, devant l’Hôtel de ville. Il paraît que quand Hitler a levé la tête vers la statue de Maharal, vers son visage impressionnant, il s’est mis à trembler. C’est intéressant, tous les dictateurs sont impressionnés par l’irrationnel. Ils cherchent des excuses dans l’irrationnel. Ils savent que ce qu’ils font n’est pas bien : ‘Tu ne tuera point.’ Et Hitler a dit à Heydrich : ‘Ici, il ne faut rien toucher. Tu peux tuer les Juifs mais tu ne touches à rien parce que Maharal peut nous porter malheur.’ Et c’est pour ça que la Prague juive n’a pas été touchée. Moi, je suis né à Varsovie dans le quartier juif. Après la guerre je n’ai rien trouvé, tout était détruit. Ici tout est là. Le cimetière du XIIe siècle, l’horloge qui tourne à l’envers dans le sens de l’alphabet juif, la synagogue de Maharal, tout est là, ils ont tout préservé, et pas seulement cela. Heydrich a même construit le Musée juif. Le Musée juif d’aujourd’hui a été construit par les nazis. Ils ont décidé de transformer Prague en un musée de la race éteinte, une sorte de Jurassic Parc pour les gens qui n’ont jamais vu de Juif, pour qu’ils puissent voir comment les Juifs vivaient.

En ce qui concerne les Soviétiques, c’est la même chose. J’ai demandé à beaucoup de Soviétiques, à des commissaires, des communistes : ‘Pourquoi avez vous laissé tout ça, Maharal, etc. Vous étiez antireligieux, vous avez pu enlever cette statue.’ Mais ils avaient peur eux aussi. C’est extraordinaire. Ils avaient peur d’une sorte de malédiction. Un homme qui avait pu créer de toutes pièces un être humain d’une telle force, il valait mieux le laisser tranquille. »


Photo: Magdalena Hrozínková
Direction maintenant, avec Magdalena Hrozínková, l’aéroport de Vodochody, à quelques kilomètres au nord de Prague. En juin dernier, une quarantaine de pilotes professionnels et amateurs en provenance de toute la France y ont organisé des vols de découverte destinés à des enfants handicapés tchèques. La manifestation s’est déroulée dans le cadre du Rallye Aéro France, lancé en 1995. Cette année, les participants à ce rallye ont parcouru la voie aérienne entre Paris et Bucarest, ouverte en 1920, en découvrant ainsi la République tchèque, la Hongrie, la Croatie, le Monténégro et l’Italie.

Magdalena a d’abord demandé à un des pilotes, Thierry Blanzat, comment se déroulait un tel rallye :

« C’est difficile à dire. Ce sont différentes individualités rassemblées dans un avion. Il n’y a pas beaucoup de dialogue entre les avions. Tout le monde suit le périple. Il y a une activité au sol qui consiste à visiter les pays que l’on traverse, à découvrir des pays et des régions où nous ne sommes jamais allés. »

Habituellement, les rallyes durent une semaine, comme celui de cette année ?

« Cela peut durer jusqu’à trois semaines. Il est difficile de se libérer pour des périodes plus importantes. Tout le monde n’est pas retraité comme mon ami Christian ici présent. (rires) »

Vous-même, Thierry Blanzat, que faites-vous dans la vie ?

« Je travaille pour France Télécom Orange. Je m’occupe d’un data center. »

Les Rallyes Aéro France ont aussi une dimension solidaire et sociale, les pilotes organisant des vols de découverte destinés notamment aux enfants handicapés.

Thierry Blanzat :

« Nous proposons de tels vols si possible au cours de chaque rallye. Parfois, c’est un peu difficile à organiser localement. Cela nous permet d’améliorer les contacts quand on arrive quelque part, et puis les gens nous perçoivent différemment. En principe, les enfants sont contents et cela fait plaisir également aux adultes. »

Près de la piste, on retrouve Christian Dalbin qui pilote un des appareils :

« On va emmener un petit garçon qui est épileptique. Il est accompagné par son grand-père. »

Didier Cariou est lui aussi pilote. Il assiste au décollage des avions avec des enfants à bord :

« C’est toujours une grande émotion de voir des enfants monter dans l’avion et d’en ressortir, sauf quand ils sont malades, évidemment. Mais cela arrive rarement. Aujourd’hui, le vol risque d’être un peu turbulent, à cause des nuages qui sont bas, mais il devrait quand même être agréable. Il y a donc quatre avions qui vont décoller dans un intervalle de quelques minutes. Ensuite, nous allons mobiliser d’autres appareils pour tous les enfants qui voudront partager ce plaisir. Il y a toujours un adulte accompagnateur et un ou deux enfants par avion. On avait fait la même opération, il y a deux ans, à Tunis. »

Cela se passe de la même manière dans tous les pays ?

« L’idée est de donner des points caractéristiques de la région, pour que les enfants puissent reconnaitre ce qu’ils vont survoler. Cela permet aux enfants de voir leur environnement du ciel, ce qui est toujours magique. Nous allons voler assez bas, nous serons entre 1 500 et 2 000 pieds, donc à une altitude située entre 700 et 800 mètres. Bien évidemment, on adapte l’altitude en fonction du relief. Mais nous n’allons pas monter très haut, pour pouvoir profiter des jolis paysages et des châteaux qui vont être survolés. »

« Le premier avion qui décolle vient de la Vendée, dans l’ouest de la France. Le pilote qui est aux commandes est expérimenté, il a beaucoup volé en Afrique et en Europe. Il vient de construire un avion de collection. C’est un Mosquito, un avion de la Seconde Guerre mondiale. C’est un vrai passionné. »

Quelle est, pour l’instant, votre plus belle expérience de pilote ?

« J’en ai une aux Etats-Unis, en arrivant sur le Lac Powell, par le coucher de soleil. Le soleil se reflétait sur le lac et sur les côtés, il y avait des falaises de couleur ocre. Il n’y avait absolument pas de vent, donc l’arrivée était magique. Comme si c’était un rêve, un rêve que j’ai partagé avec ma compagne et mon petit garçon qui n’avait jamais volé. Une autre expérience inoubliable, je l’ai vécue au milieu du Ténéré, au Sahara, où j’ai survolé l’Arbre de Thierry Sabine. Il était un des organisateurs et initiateurs du Paris-Dakar. Il est mort dans le désert. Au milieu de nulle part, il y a donc un arbre que j’ai eu l’occasion de survoler en 2003. C’était émouvant, car j’imagine qu’il y a peu de pilotes français, ou de pilotes tout court, qui ont pu survoler en plein désert un tel symbole de la passion saharienne. » www.rallyeaerofrance.com


Photo: Silvie Mikulcová,  ČRo
Après le sport et la culture, je vous propose de revenir à une problèmatique plus sociale : celle du logement. L’actualité en 2012, et notamment celle de la ville d’Ostrava où, dans un quartier insalubre, des habitants à majorité rom ont lutté contre la décision de la mairie de les expulser plutôt que de réhabiliter leur logement, a illustré l’urgence en République de penser le logement social dans un pays où ce système n’existe pas ou peu. Or en octobre dernier, l’Agence tchèque pour l’intégration sociale oorganisait un séminaire avec l’Office public de l’habitat (OPH) du département de la Meuse pour connaître l’approche développée en France autour du logement social et peut-être s’en inspirer. Nous vous proposons donc ici un long extrait de notre entretien avec Karel Kubišta, directeur de la maîtrise d’ouvrage au sein de cet OPH, qui est revenu au micro de Radio Prague sur l’histoire récente du logement social en République tchèque.

« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant 1989-1990, tous les logements étaient sociaux en quelque sorte puisque c’était des logements qui appartenaient de facto à l’Etat. Cependant il faut relativiser cette expression de « logement social » parce que tous les locataires se sont approprié leur logement, ils pouvaient en disposer. Ces logements pouvaient être transmis par héritage à d’autres membres de la famille et pouvaient même être cédés parfois contre une indemnité. Pour moi, c’était donc de faux logements sociaux. Après 1990, les choses changent parce qu’au lieu de promouvoir, l’Etat a privatisé des logements. Les immeubles ont été vendus à des bailleurs privés qui ont pu augmenter les loyers après l’abrogation de la loi sur la limitation des loyers. Les locataires ont été chassés de facto. C’était forcément néfaste pour les personnes ne pouvant pas payer de leur loyer ; souvent les personnes âgées qui avaient des retraites très faibles. »

Où se sont installées ces personnes qui n’étaient plus en mesure de payer leur loyer ?

« Ces personnes ont pu être accueillies par des membres de leur famille. Je ne peux pas vous citer de cas concrets mais j’imagine qu’il y avait des situations dramatiques. Aujourd’hui en République tchèque, il n’y a pas réellement de logements sociaux. Vous avez encore aujourd’hui par exemple des logements coopératifs (‘družstevní byty’). Mais là aussi, vous êtes actionnaire au sein de la coopérative et vous disposez toujours du logement donc vous pouvez céder à quelqu’un vos actions, voire vendre votre logement. »

Les Tchèques sont donc au début en ce qui concerne le logement social ?

« Ils sont vraiment au début. D’autant plus que d’après ce que j’ai appris en discutant avec le chargé de mission Mr Ištvánek, on a l’impression qu’en République tchèque les gens sont très attachés à des biens immobiliers, à la propriété privée. Même si le bâtiment est prêt à tomber, ils ne vont pas le démolir, sachant ça coûte beaucoup trop cher pour réhabiliter l’endroit. Les gens vivent pourtant parfois dans des conditions très limites. »

Vous faites peut-être référence à la situation dans le quartier de Přednádraží dans la ville d’Ostrava, où des populations rom ont été expulsées de leur logement vétuste. Comment vous expliquez qu’on puisse en arriver là en République tchèque ?

« Je pense que la République tchèque devrait se doter des outils qui justement existent en France. Il s’agit d’outils législatifs mais aussi opérationnels. Aujourd’hui par exemple, ce sont les communes qui gèrent les logements mais elles ne sont pas structurées. Chaque bailleur social en France est bien structuré en plusieurs secteurs : financement, construction, gros entretien, etc. Aujourd’hui, on ne sait pas vraiment ce que font ces communes. Visiblement, ils ne savent utiliser les leviers à leur disposition pour ‘prendre le taureau par les cornes’ et commencer à faire quelque chose. »


C’est déjà la fin de cette émission, un petit tour d’horizon des sujets culturels sportifs et sociaux dont Radio Prague s’est fait l’écho tout l’année. Avant de conclure, il faut saluer le travail de Václav Richter qui part à la retraite après quarante années de bons et loyaux services. Mais rassurez-vous auditeurs, vous pourrez retrouver sa voix suave dès samedi prochain puisqu’il continuera à tenir sa rubrique fétiche et emblématique : la rubrique « Rencontres littéraires ». Il est déjà temps d’aller se mettre en jambe pour ce nouveau réveillon que nous vous souhaitons par ailleurs excellent. Et puis vous retrouverez tous nos programmes dès demain en 2013, des programmes que vous pouvez également suivre sur notre site Internet. Ahoj !