« La Quadriennale de Prague représente beaucoup pour un scénographe africain »

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Emission spéciale aujourd'hui à l'occasion de la Quadriennale de Prague qui a commencé ce jeudi. C’est la 12è édition de cette exposition mondiale consacrée aux arts vivants se déroule dans la capitale tchèque tous les quatre ans depuis 1967. De nombreux événements sont au programme jusqu’au 26 juin : exposition, performances, séminaires, ateliers… Parmi les professionnels venus pour animer un atelier, le scénographe Koné Wagninlba Jocelyn, venu de la Côte d’Ivoire.

Koné Wagninlba Jocelyn
« Je suis à Prague pour la Quadriennale, où je représente un projet qui s’appelle Africa 50, qui fait un retour sur les 50 ans d’indépendance des pays africains. En tant que scénographes nous essayons à notre manière de faire le bilan de ces 50 ans d’indépendance. »

En quoi consistait le séminaire que vous avez animé aujourd’hui ?

« Ici il était question de montrer une technique que nous développons en ce moment en Côte d’Ivoire au sein de notre organisation, le CRESAS. Une technique qui consiste à ramasser des objets dans des poubelles et à leur donner une nouvelle vie à travers la scénographie. Du recyclage en quelque sorte... »

« J’ai dit aux participants qu’on devait part sur le principe que nous n’avons rien. Voilà une poubelle, fouillez, sortez-moi quelque chose et parlez-moi des 50 ans de l’indépendance de l’Afrique ! »

On peut aller voir cette poubelle ?

« Oui, c’est cette poubelle jaune… Les ordures sont encore là. C’est le reste des éléments sortis de la poubelle pour créer des éléments. A la fin de l’atelier, ce qui est intéressant est que les participants ont compris que ces ordures ne sont plus des ordures ordinaires, parce qu’elles peuvent servir. C’est la conclusion à laquelle ils arrivent seuls sans que personne ait besoin de leur dire. »

C’est parti de votre propre expérience ?

« Oui. En Afrique la scénographie est quelque chose de nouveau et il n’y a pas d’appui financier. J’avais une expression : ‘il faut créer sur os’, c’est à dire qu’il n’y a rien sur l’os mais il faut bien créer et manger sur cet os… Donc il faut partir de rien pour créer quelque chose, surprendre le monde et un jour et obtenir la confiance et le respect des autres. C’est mon expérience en Côte d’Ivoire. »

Que représente la Quadriennale de Prague pour vous, scénographe africain?

« Elle représente beaucoup. C’est un événement majeur qui est l’occasion de rencontrer d’autres scénographes, de savoir que la scénographie est un métier très important dans le monde. Quand j’ai reçu l’invitation pour la Quadriennale, je me suis rendu compte qu’on allait désormais davantage prendre au sérieux mon association CRESAS, qui tente désormais de former une nouvelle génération de scénographes africains. »