Les hospices en République tchèque

Aux fêtes de Noël, il est de coutume de penser un peu plus à ses proches, à la famille... Noël, c'est la fête de la Nativité, la fête de l'amour du prochain, et pourtant c'est aussi une période où il nous vient souvent à l'idée que certaines personnes ne vivent pas ces fêtes dans la joie ou l'abondance. Pour cela aussi, la coutume des étrennes a vu le jour, pour donner un peu à ceux qui ne peuvent s'adonner à la joie des cadeaux et des riches festins, pour offrir un peu de cette atmosphère incomparable à ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir passer Noël en famille. Parmi eux, il y a aussi les personnes âgées, vivant dans des maisons de retraite, dans les établissements pour les personnes atteintes de longues et graves maladies, dans les hospices. La vie quotidienne, c'est aussi celle que vivent à Noël les personnes âgées dans ces établissements.

Comme un peu partout dans le monde, en Tchéquie on ne parle pas tous les jours de la vie des personnes âgés, c'est un sujet qu'on aborde quand il y a des problèmes. Par exemple, en France, lors de la canicule de l'été dernier, avec la mort de milliers de personnes âgées, abandonnées. En Tchéquie, comme dans beaucoup d'autres pays, les personnes du troisième âge, quand elles ne peuvent ou ne veulent pas vivre avec leurs proches, peuvent habiter dans une maison de retraite. Pourtant, quand cette personne est atteinte d'une longue et grave maladie, il faut avoir recours à d'autres établissements : ce qu'on appelle, en Tchéquie, les « maisons pour personnes atteintes de longues maladies » ou LDN et les hospices. Alors que les LDN sont, en général, des établissements privés où les patients paient leur séjour, les hospices sont des oeuvres de charité, employant souvent des religieuses.

Quand on parle des hospices, en Tchéquie, un nom revient toujours : celui de Marie Svatosova. Avant 1989 et la chute du communisme, elle était médecin généraliste. En 1990, elle a abandonné son emploi pour rejoindre la Charité et se consacrer aux soins à domicile. En 1993, elle a fondé l'association civique Ecce homo. Cette association a fondé le premier hospice en Tchéquie, l'Hospice d'Agnès de Bohême, à Cerveny Kostelec. C'était en 1995. Marie Svatosova définit la mission de l'hospice de la manière suivante : « Un hospice n'est pas une maison plus confortable pour les personnes atteintes de longues maladies, c'est une maison où l'on admet les patients dans la dernière phase de leurs maladies. Le crédo est de soulager le patient de ses douleurs, de lui offrir les meilleures conditions pour les derniers instants de sa vie, de lui éviter la solitude ».

Madame Spinkova est aussi une représentante active de la vie des hospices. Elle a fondé l'association « Cesta domu », Le chemin de la maison. Quel est l'objectif de cette association ? Elle l'a déclaré à nos collègues de la rédaction russe...

« Le Chemin de la maison a pour objectif de créer une sorte de foyer pour les personnes qui vivent les derniers moments de leurs vies, quand elles sont seules, loin de leurs proches ou n'en ont pas. C'est un hospice qui s'efforce de venir en aide aux personnes âgées, malades ou démunies. C'est la différence avec d'autres établissements de ce genre. Les hospices offrent leurs soins gratuitement ».

A propos de financement, comment les hospices sont-ils financés en Tchéquie ? Ils sont administrés par diverses associations, comme les deux que nous avons présentées. Ces associations reçoivent des fonds du ministère de la Santé. Ils couvrent dans les 70 % des dépenses. Le reste est fourni par des sponsors, sociétés diverses, mais particuliers aussi. Les hospices ne sont pas très nombreux encore mais, pour en revenir à Marie Svatosova, cette dernière s'efforce de développer le mouvement. Alors qu'au début de l'hospice de Cerveny Kostelec, elle y était tous les jours, aujourd'hui, elle préfère, comme elle le dit, semer des graines qui, un jour deviendront de grands arbres. Il faut dire que ses activités sont des plus nécessaires. En effet, alors que dans certaines régions, les personnes âgées et malades peuvent trouver refuge dans des établissements spécialisés, à Prague, par exemple, il n'y a pas assez de place pour elles. A côté des institutions publiques ou privées, mais de caractère commercial, les hospices deviennent donc indispensables. Les autorités sont bien conscientes des mérites des personnes comme Marie Svatosova. Au mois d'octobre 2003, le président lui a remis une médaille pour ses mérites dans le développement du mouvement des hospices.

Pourquoi consacrer sa vie aux derniers instants d'autrui ? Parce qu'en Tchéquie, dans les 80 % des habitants finissent leur vie dans les hôpitaux... seuls. La fondatrice du mouvement des hospices, Marie Svatosova, pense, comme beaucoup, que le départ doit être plus digne. Pour cela, elle appelle au soutien des hospices, mais aussi de toutes les personnes qui, justement, lors des fêtes de Noël, sont seules ou démunies. Pour elle, Noël, c'est aussi la charité.