Les Français sont de plus en plus nombreux à venir travailler a Prague

Photo illustrative: geralt / Pixabay, CC0

Le nombre de Français en République tchèque explose. Ils sont officiellement 4000 aujourd’hui à travailler ici, pour une première expérience souvent plus difficile à trouver en France. Dans des centres d’appel, des entreprises de management, ou encore dans le secteur de la recherche, la tentation pragoise séduit de plus en plus de jeunes Français, attirés par le décor de carte postale et par le coût de la vie, et depuis peu également encouragés par l’ambassade de France à venir grossir les rangs des salariés d’un pays en manque de main d’œuvre…

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21,6%, c’est le taux de chômage chez les jeunes français… Si le président français estimait dans une conversation devenue célèbre qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail, certains préfèrent traverser l’Allemagne en avion et atterrir à Prague. Ils sont de plus en plus nombreux à tenter l’expérience. Comme Ugo, 21 ans, qui vient de finir sa licence en psychologie. Fraîchement arrivé en République tchèque, il commencera dès le mois de mars à travailler pour Blue Link, une filiale d’Air France qui s’occupe de son service client.

« C’était un recrutement en quatre étapes. Envoyer le CV et la lettre de motivation qui ont été acceptés. On m’a ensuite envoyé un test de vocabulaire et de grammaire à faire en anglais. Après avoir envoyé les tests, on m’a proposé un entretien d’embauche qui a duré une heure, et enfin un second entretien d’embauche avec manager et chef de groupe. En deux semaines, j’ai trouvé un travail dans un domaine où je n’étais pas qualifié, en CDI ! En France, je trouvais que c’était beaucoup plus compliqué d’intégrer une entreprise sans avoir les qualifications nécessaires pour le travail. »

Tout va très vite, donc, quand on cherche du travail à Prague. Pour les jeunes Français, c’est donc une aubaine. Et depuis l’année dernière, l’ambassade de France surfe sur la vague : avec Pôle Emploi, ils ont lancé le dispositif Czech Emploi, répertoriant de nombreuses offres d’emploi à destination des Français. Mercredi soir à l’ambassade de France, les nouveaux étudiants en Erasmus étaient conviés à une réunion d’information sur le sujet. Comme Laura, par exemple.

Roland Galharague,  photo: Site officiel de l'Ambassade de France à Prague
« Je m’appelle Laura, j’ai 23 ans, je suis en Erasmus en Master 2 de droit international… Il va falloir que je sache ce que je vais faire après mes études et je n’ai pas vraiment d’idées… Alors je cherche quelques infos qu’on peut me donner. »

Comme Laura, ces étudiants se verront bientôt confrontés à la difficulté d’avoir une première expérience professionnelle, ainsi que le résume l’Ambassadeur de France à Prague, Roland Galharague.

« En France, souvent le problème pour trouver un emploi c’est qu’on vous demande si vous avez une expérience. Si vous n’avez pas la première expérience, personne ne peut vous la donner. C’est un cercle vicieux. Donc ce site recense des offres d’emploi pour vous aider à avoir une première expérience. »

Le fonctionnement du site est très simple : en arrivant sur la page czechemploi.fr, on trouve un moteur de recherche d’annonce d’emplois en anglais. A partir de cette interface, on peut postuler, et la candidature est envoyée au chargé de recrutement. Le site donne également quelques informations sur les conditions de travail ou de vie en République tchèque.

Mathieu Wellhoff,  photo: LinkedIn de Mathieu Wellhoff
Co-responsable du dispositif Czech Emploi, Mathieu Wellhoff présente la genèse et les objectifs d’un tel projet :

« Czech Emploi a été lancé en 2018 avec deux objectifs : aider les entreprises à recruter, et pour aider les jeunes à avoir leur première ligne sur le CV. C’est aussi pour changer la vision qu’ont les Français de la République tchèque et la vision de la République tchèque sur l’Europe. Quand on discute avec des chefs d’entreprise, ils nous disent que leur problème est d’embaucher, et le second de garder les gens. Comme ils n’arrivent pas à embaucher, ils doivent refuser des commandes. Ça devient un vrai problème pour le pays. La limite du développement, c’est qu’il n’y a pas assez de gens pour y travailler, pour plein de raisons. Je ne dis pas que ça va durer très longtemps, mais en ce moment il y a plein de possibilités, alors il faut en profiter. »

Le site est financé par des sponsors : les entreprises françaises BlueLink et Faurecia, grandes pourvoyeuses d’emploi, la région de Moravie du Sud et la ville de Brno. Les entreprises françaises y trouvent également leur compte, puisqu’elles peuvent embaucher à moindres frais. Quant aux nouveaux salariés, ils peuvent obtenir un CDI parfois sans qualification, et les bas salaires sont compensés par le coût de la vie, ici bien inférieur.

Si ça ne suffisait pas, les nouveaux arrivants peuvent recevoir de nombreuses aides financières : le trajet pour un entretien d’embauche est remboursé, et des aides à hauteur de 750 euros pour un déménagement, et 1200 euros pour des cours de langue, peuvent être perçues.

Les annonces concernent différents secteurs d’activité et donc différents niveaux de qualification, comme nous le raconte Mathieu Wellhoff.

« Il y a plusieurs types de job qu’on peut trouver : de la gestion de clientèle francophone où seul un niveau d’anglais intermédiaire est requis. Ensuite, ce sont les spécialistes du management intermédiaire pour des postes un peu pointus qu’on ne trouve pas sur place. Enfin, la recherche, parce qu’il y a plein de centres de recherche publics et privés qui ont eux aussi du mal à recruter. »

Photo illustrative: rawpixel,  Pixabay,  Pixabay License
Arrivé à Prague depuis trois mois, Vincent, 29 ans, dit y trouver parfaitement son compte. Il a repéré son emploi grâce à Czech Emploi, et occupe le poste de conseiller voyage pour BlueLink. Pour lui, la République tchèque comporte beaucoup d’avantages par rapport à la France.

« On est mieux considérés dans l’entreprise. Pratiquer l’anglais tous les jours est aussi un atout important. Avec une expérience comme celle-ci on trouve plus facilement du travail après. Enfin, il y a beaucoup de possibilité d’évolution dans l’entreprise. C’est aussi pour ça que j’espère rester à plus long terme. »

La mobilité interne s’explique aussi par le fait que beaucoup de gens partent et beaucoup de gens arrivent. Si BlueLink embauche en CDI, cela n’empêche pas certains Français de repartir parfois au bout de quelques mois, pour trouver du travail en France, cette fois-ci.