Le MOOC pour apprendre les bases du tchèque fait son retour

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Au printemps dernier, plusieurs centaines d’étudiants francophones ont pu se familiariser avec la langue tchèque via la première session du MOOC « Kit de contact de la langue tchèque », un cours gratuit, interactif, et ouvert à tous en ligne. Retour aujourd’hui sur cette expérience conduite dans le cadre de l’Inalco (l’Institut national des langues et civilisations orientales), qui va donner lieu à une seconde session prévue pour débuter le 28 février prochain.

Des centaines d’apprenants du tchèque

L’apprentissage du tchèque, cette langue slave aux multiples déclinaisons, n’est pas forcément chose aisée. Alors être capable d’en apprivoiser les bases de n’importe quel endroit, derrière son ordinateur, en fournissant simplement un travail personnel de quelques heures chaque semaine, le tout gratuitement, représente une opportunité assez exceptionnelle. Et voilà qui est rendu possible par le MOOC de l’Inalco.

Derrière l’acronyme anglais MOOC se cache un « cours en ligne ouvert et massif », un concept apparu au début de la décennie et qui s’est depuis lors popularisé. Maître de conférences à l'Inalco, Ivan Šmilauer est l’un des responsables du projet de « Kit de contact de langue tchèque » :

« Le MOOC est destiné aux débutants. Il est destiné aux personnes qui souhaitent aller travailler en République tchèque, pour un séjour d’étude ou tout simplement en tant que touriste. C’était l’idée de départ de notre MOOC, qui fait partie d’un ensemble de MOOC de l’INALCO. Il s’agissait de doter les personnes qui souhaitent se rendre dans un pays des outils vraiment rudimentaires pour communiquer, pour prendre contact, se présenter, faire une commande dans un restaurant, se déplacer, faire des achats. »

Le cours dure cinq semaines pendant lesquelles il est demandé aux apprenants de réaliser des activités sur la base de vidéos comprenant des mises en situation et des explications La formule a semble-t-il trouvé ses adeptes puisque la première session du MOOC tchèque a rencontré un succès qui a surpris ses concepteurs :

« La première session de notre MOOC a attiré, à notre grande surprise, presque 3000 inscrits. On ne s’attendait pas à un nombre aussi important. Ce nombre, il faut bien sûr le relativiser parce que s’inscrire à un MOOC est gratuit. Les étudiants qui ont vraiment commencé le cours, c’est-à-dire qui ont visionné au moins une vidéo et ont fait au moins un exercice, étaient 1000. Et ceux qui ont obtenu l’attestation de suivi demandant au moins 50 % dans les exercices étaient 400. Donc ce résultat est pour nous très satisfaisant. »

Des passionnés de langue

Photo: giulia.forsythe on Foter.com / CC BY-NC-SA
Parmi les apprenants qui ont été au bout de l’aventure, on trouve Arnaud Poels, un Bruxellois de 30 ans. C’est sa professeure de tchèque à l’Université libre de Bruxelles, Magdalena Vigent, une des membres de l’équipe pédagogique en charge du MOOC, qui lui a appris l’existence de cette possibilité :

« Si j’ai décidé de suivre ce cours, c’est parce que ma compagne est tchèque et que j’avais besoin de bases solides pour pouvoir commencer à mieux comprendre la langue tchèque. Et le MOOC m’a justement permis d’apprendre ces bases. »

C’est aussi une raison familiale qui a poussé Monique Rigault à se lancer dans l’apprentissage du tchèque. Après le décès de sa mère, elle a voulu se rapprocher de la culture de ses aïeux et pouvoir mieux communiquer avec les membres de sa famille résidant en République tchèque :

« Ma motivation pour le tchèque est liée au fait que j’ai de la famille du côté maternelle en République tchèque. J’avais très envie de pouvoir discuter un peu plus librement avec eux, plutôt que par l’intermédiaire d’un traducteur. On échangeait un peu en anglais mais, comme notre anglais était très mauvais, j’ai franchi le pas en me disant que, puisque j’étais à la retraite, je pouvais prendre le temps d’apprendre le tchèque. Je ne savais pas à quel point c’était une tâche d’une ampleur considérable ! »

Ivan Šmilauer,  photo: Inalco
L’équipe du MOOC a pu obtenir des retours sur l’expérience des apprenants grâce au forum qui permet aux uns et aux autres d’échanger sur leurs difficultés ou leurs questionnements durant toute la durée du cours. Grâce aussi à un questionnaire qui a notamment permis d’identifier le profil des étudiants. Aussi, d’après Ivan Šmilauer, leur motivation première n’est pas forcément familiale, comme pour Arnaud et Monique :

« Finalement, nous avons eu une grande partie des étudiants qui avaient déjà une certaine connaissance du tchèque et qui sont venus sur le MOOC pour réviser ou pour revoir certains points, se perfectionner. En général, les personnes inscrites avaient une riche expérience avec l’apprentissage des langues étrangères. Dans notre questionnaire, nous avons pu voir que plus de la moitié des apprenants maîtrisaient trois ou quatre langues étrangères. Donc ce sont des personnes qui aiment apprendre les langues. C’était d’ailleurs la motivation principale des inscrits, d’abord pour le plaisir, puis pour des raisons familiales, enfin pour des raisons professionnelles ou pour les études en République tchèque. »

Comprendre et apprendre dans la « légèreté »

En plus de sa langue maternelle, Arnaud parle d’ailleurs quatre langues. Pour lui, le tchèque est cependant particulièrement difficile en raison de son système de déclinaisons. En tchèque, il existe sept cas, et donc sept terminaisons, au singulier comme au pluriel, qui définissent la fonction du mot dans une phrase. Le MOOC lui a permis d’y voir un peu plus clair, même s’il parle « du travail d’une vie » pour maîtriser complètement ces déclinaisons…

« L’enseignement via le MOOC est quelque chose de très facile. C’est un travail journalier de six semaines je pense, qui permet aussi bien de mettre à niveau les personnes qui connaissent la langue que d’avoir une première approche très facile et très claire pour les personnes qui ne connaissent pas du tout le tchèque. Cela m’a permis d’apprendre les bonnes bases. Bien souvent ma question était : ‘et pourquoi ?’. Je recevais une réponse de ma compagne, qui n’est pas professeure de tchèque, qui était : ‘parce que’. Grâce au MOOC, j’ai appris pourquoi il fallait dire telle chose dans telle situation. »

L’expérience a semblé aussi très positive pour Monique. Le cours apporte des compétences linguistiques mais aussi des connaissances culturelles sur la civilisation tchèque. Cela passe en particulier par le recours à des marionnettes, tradition culturelle importante en Tchéquie, qui guident les étudiants tout au long de l’enseignement. Monique insiste particulièrement sur la « légèreté » qu’apporte le MOOC à son apprentissage du tchèque :

Photo illustrative: Felix Broennimann / Pixabay,  CC0
« J’ai aussi une professeure ou une étudiante avec laquelle nous travaillons par Skype. Et je dois dire que c’est très sérieux et j’ai l’impression d’avoir toujours autant de difficultés à progresser. Tandis qu’avec le MOOC, c’est un vrai bonheur parce que j’ai l’impression d’avoir quelques acquis. Cela me donne confiance en moi. J’ai l’impression, pour la première fois, de surmonter un petit peu toutes les difficultés que les débutants affrontent. Je me sens un peu au-dessus de ça. Je trouve que c’est très plaisant ! »

Tellement plaisant que Monique comme Arnaud ont décidé de participer à la deuxième session du MOOC, qui débutera à la fin du mois de février. Ceux qui veulent les rejoindre ont du temps devant eux puisque les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 1er avril.

Pour en savoir plus : https://www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:Inalco+52006+session02/about