Czech Emploi, le site qui encourage les jeunes Français à venir travailler en République tchèque

Photo: Czech Emploi

Le site internet Czech Emploi, lancé par l’ambassade française en Tchéquie, aide désormais les jeunes francophones à trouver un emploi en République tchèque. Créée en coopération avec plusieurs institutions françaises et tchèques, la plateforme propose aussi des conseils pour bien préparer son expatriation dans ce pays où le taux de chômage est l’un des plus faibles en Europe.

Photo: Czech Emploi
S’installer en République tchèque ? Rien de plus facile, semble clamer le projet-pilote Czech Emploi, lancé début mai. Pour inciter de jeunes travailleurs français à s’expatrier, le site czechemploi.fr fait l’inventaire des avantages d’une telle décision. L’un de ces avantages, c’est l’aide concrète que peuvent fournir les partenaires de l’initiative, comme Student Flat Room, une entreprise tchèque dont Scarlett Bertrand, en charge des partenariats et du marketing, nous explique le fonctionnement :

« Nous proposons des appartements en colocation pour des étudiants qui sont en Erasmus, mais aussi pour des stagiaires et des jeunes professionnels étrangers. En effet, trouver un logement peut être difficile s’ils se retrouvent face à des propriétaires tchèques qui ne parlent pas anglais. Dans notre entreprise, on parle majoritairement anglais, mais aussi d’autres langues comme le français, donc la démarche pour trouver un appartement est simplifiée. »

Les programmes de l’EURES, le portail européen sur la mobilité de l’emploi, apportent aussi un soutien financier non négligeable aux travailleurs français qui souhaitent émigrer. L’EURES propose notamment un remboursement du billet d’avion pour se rendre à un entretien d’embauche mais aussi, au moment de l’expatriation, un remboursement des frais de déménagement et des cours de langue sur deux ans.

La barrière de la langue

Roland Galharague,  photo: Site officiel de l'Ambassade de France à Prague
Ainsi, si l’un des arguments forts de Czech Emploi est qu’il n’est pas nécessaire de parler le tchèque pour trouver du travail dans le pays, cette compétence est néanmoins utile. Dans sa rubrique d’offres d’emploi, Czech Emploi ne propose en effet pas seulement des postes provenant des quelques 500 entreprises françaises implantées en République tchèque. L’ambassadeur de la France en République tchèque, Roland Galharague, précise :

« Le site ne contient pas uniquement ni même principalement des offres d’emploi d’entreprises françaises. Il y a des offres de toutes sortes d’employeurs, la nationalité n’est pas un critère. Le seul critère est que l’employeur soit situé en République tchèque. »

Même en travaillant dans un milieu francophone ou anglophone, il peut aussi être important pour les expatriés de maîtriser quelques bases de tchèque afin de mieux s’intégrer. Pour Scarlett Bertrand, qui est elle-même une Française expatriée, ce défi est plus un stimulant qu’un frein à l’installation :

Scarlett Bertrand,  photo: LinkedIn de Scarlett Bertrand
« J’adore cette barrière de la langue. J’aime ne pas comprendre tout ce qu’il se passe autour de moi et apprendre la langue au fur et à mesure. Quand j’étais en Erasmus en Hongrie, j’avais commencé à apprendre le hongrois. Aujourd’hui en République tchèque, j’apprends le tchèque, même si cet apprentissage se fait doucement puisque je parle majoritairement anglais, mais aussi français au travail. Un de mes objectifs est donc d’apprendre la langue locale, même si elle n’est pas simple pour un francophone. Je vois déjà des progrès au bout d’un an donc j’espère continuer ainsi. »

Trouver un emploi en République tchèque

Parmi les quelque 200 offres d’emploi publiées sur Czech Emploi, différents types de postes sont proposés, pour des niveaux de diplôme très divers, pour des cadres, aussi bien que pour des post-doctorants. Roland Galharague explique :

« L’objectif est d’abord d’aider de jeunes Français à trouver un emploi, à avoir une première expérience professionnelle pour construire leur parcours et leur CV. La vocation d’une ambassade est d’aider les ressortissants français à l’étranger, mais aussi de contribuer aux grands objectifs du gouvernement français. La décrue du chômage est au premier plan de ces objectifs. »

Photo: Pixabay,  CC0 1.0 DEED
Parmi les partenaires du projet, on compte donc à la fois des services francophones comme la Chambre de commerce franco-tchèque ou l’Alliance française, mais aussi plusieurs entreprises et institutions tchèques. Il poursuit :

« Le fait qu’on ait autant de partenaires tchèques, y compris des partenaires institutionnels comme Úřad práce ČR, le bureau du travail, ou la mairie de Brno, montre bien qu’il s’agit d‘une initiative qui répond en priorité aux intérêts des jeunes Français, mais qui est en même temps perçue par les autorités tchèques comme une entreprise utile pour leurs propres objectifs. C’est vraiment une entreprise de coopération franco-tchèque. »

En effet, la République tchèque se trouve dans une situation de quasi plein-emploi. Selon les derniers chiffres d’Eurostat, son taux de chômage ne s’élève qu’à 2,2 % et de nombreux secteurs manquent donc de main d’œuvre, qu’ils vont chercher dans les autres pays européens. Dans le même temps, le chômage en France atteint presque les 9 %. Il s’agit donc d’une véritable opportunité pour les deux pays, dont trop peu de Français sont conscients selon l’ambassadeur :

« Je ne crois pas me tromper en disant que beaucoup de jeunes Français n’imaginent pas qu’au centre de l’Europe, il existe un pays où il n’y a pas de chômage et qui a un déficit de force du travail. Pour dire les choses franchement, personne ne le sait. »

Une présentation positive du pays

Photo: Czech Emploi
En plus de la situation favorable du marché du travail, s’installer en République tchèque est aussi présenté comme avantageux en raison du faible coût de la vie. Sur son site, Czech Emploi compare ainsi la situation du pays à celle de la France, et révèle que de Paris à Prague, le coût de la vie serait moins cher de 52 %. L’un des arguments mis en valeur dès la première page du site est aussi le prix d’une pinte de bière en République tchèque : 1,35€. Par conséquent, les expatriés doivent aussi s’attendre à des salaires moins élevés que dans leur pays d’origine. Scarlett Bertrand commente :

« C’est différent de la situation en France, mais si on compare proportionnellement le coût de la vie et ce qu’on gagne, on vit bien en République tchèque. C’est vrai que quand je rentre en France, je fais plus attention à ce que je dépense, mais la vie quotidienne ici est très agréable. »

Le site de Czech Emploi met aussi en avant le cadre de vie en République tchèque, puisque le pays est particulièrement bien loti en matière de culture et de patrimoine. Scarlett Bertrand témoigne de cette richesse qu’elle a découverte à Prague :

« Avant d’arriver, j’avais déjà découvert Prague en tant que touriste. J’étais tombée sous le charme de cette ville et je voulais même faire mon Erasmus ici. Je suis toujours en admiration devant la ville et devant le pays, de tout le potentiel qu’il a en terme humain mais aussi culturel. Je suis heureuse de vivre ici car Prague est une très belle ville à découvrir. »

Le réseau français

Photo illustrative: SOMMAI / FreeDigitalPhotos.net
Les Français expatriés qui se sentent dépaysés peuvent aussi retrouver des repères facilement. En raison de la position centrale du pays, ils ne se trouvent en effet qu’à une heure et demie de Paris en avion. Le réseau français est aussi bien développé dans le pays, avec plusieurs Alliances françaises, et à Prague particulièrement grâce aux activités organisées par l’Institut français et l’Ambassade de France. Roland Galharague explique sur le sujet :

« On est maintenant une communauté française qui, d’après les inscriptions sur le registre qui sont les seules statistiques dont nous disposons, est estimée à peu près à 5000 personnes. C’est une augmentation de plus d’un tiers sur les cinq dernières années. »

Avec des initiatives comme celle de Czech Emploi, de nombreux nouveaux Français pourraient se porter candidats à l’expatriation, venant ainsi encore grossir les chiffres.