Retour sur le rôle des soldats tchèques dans la Première Guerre mondiale

Zborov

Nombre d’articles qui ont été publiés dans la presse rappellent le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, le 24 juillet 2014. Nous en avons retenu notamment ceux qui se penchent sur l’engagement des soldats tchèques dans ses combats et sur la façon dont la mémoire de ceux qui y ont sacrifié leur vie, est aujourd’hui conservée dans le pays. A plus des deux mois des élections communales, plusieurs businessmen tchèques déclarent leur volonté d’entrer dans la politique. Tel est un autre sujet que nous avons choisi dans la presse nationale qui n’a pas passé sous silence le centenaire de la naissance de Louis de Funès, un des acteurs comiques préférés des Tchèques.

Zborov
C’est notamment l’avant-dernière édition de l’hebdomadaire Respekt qui consacre une grande place à la Grande Guerre. Dans un article intitulé La trace tchèque, son auteur Erik Tabery constate que « dans le chaos européen et dans un conflit sanglant, les Tchèques ont été à la hauteur » et précise :

« L’engagement des Tchèques dans la Première Guerre mondiale a été marquant. Grâce à son centième anniversaire, nous commençons, enfin, à parler davantage du courage et des capacités de nos soldats. Il est étonnant que quand on veut évoquer une époque ‘héroïque’ de notre histoire, la majorité de nos élites fait référence aux hussites. Et pourtant, ce sont bien les légionnaires qui, en plus, ne sont pas liés à la destruction, mais à la libération, qui peuvent être perçus comme des hussites de notre époque. Beaucoup de Tchèques ont bravement lutté vers la fin des années 1930 en Espagne, plus nombreux encore ont été ceux qui ont fait preuve de courage pendant la Deuxième Guerre mondiale. Mais la vraie guerre ‘tchèque’, c’était la Première Guerre mondiale ».

Comme le remarque l’auteur de ce texte, c’est aussi grâce aux soldats tchèques qui ont supporté des souffrances aujourd’hui inimaginables, qu’a pu naître, en 1918, l’Etat tchécoslovaque indépendant... Dans un autre article publié dans les pages de l’hebdomadaire Respekt, l’historien Rudolf Kučera rappelle que dans le premier conflit mondial, les soldats tchèques ont été dispersés sur les fronts des camps différents ce qui semble constituer, comparé à d’autres nations européennes, une spécificité de l’expérience guerrière tchèque. Il écrit :

« L’un des paradoxes de cette guerre veut que lors de certaines batailles sanglantes, on a pu voir les habitants d’un même village lutter les uns contre les autres dans des camps opposés. C’était le cas, par exemple, de la bataille du Piave dans le nord de l’Italie, au cours de laquelle certains soldats tchèques défendaient les forces italiennes, tandis que d’autres luttaient dans les rangs de l’armée autrichienne ».

Selon les données recensées après la fin de la guerre, au total 1,2 à 1,5 millions de Tchèques ont été recrutés dans l’armée autrichienne, dont près de 90 000 ont rejoint au fur et à mesure des légions étrangères. Leur trace, notamment celle des légions tchécoslovaques qui ont été implantées pendant la deuxième moitié de la guerre en Russie est, selon l’auteur de l’article, incontournable.

Ranimer la mémoire des soldats tchèques morts dans les combats de la Première Guerre mondiale

« La Première Guerre mondiale a été une célébration perverse du progrès humain ». C’est ce que titre un article publié sur le site aktualne.cz dans lequel son auteur constate que lors du premier conflit mondial l’humanité a obtenu une preuve de ce que les « inventions et les acquisitions technologiques ne sont pas essentiellement bonnes, car pouvant servir à une tuerie industrialisée ». S’agissant des victimes tchèques, Jan Lipold note :

« Jamais encore dans l’histoire, on n’a vu autant de Tchèques mourir sur des champs de bataille. Il est donc étonnant de voir à quel point nous ayons écarté la Première Guerre mondiale de la mémoire nationale. Aujourd’hui, heureusement, la situation est en train de changer ».

Selon les estimations, près de 150 000 Tchèques ethniques, sur la totalité de 300 000 hommes des pays de la Couronne tchèque, sont morts dans les combats de cette guerre. Comme l’écrit l’auteur du texte, il est évident que la majorité écrasante d’entre eux ont combattu dans les rangs des armées vaincues, donc en uniformes autrichiens, ce qui ne devrait pas pour autant dévaluer leur héroïsme. Il semble cependant que l’histoire a en quelque sorte oublié les vétérans tchèques de la Première Guerre mondiale :

« Il y a vingt ans, le 80e anniversaire de cette guerre est passé en Tchéquie presque inaperçu. Les représentants politiques se taisaient. Mais dix ans après, le Parlement a décidé de classer le 11 novembre, date de l’armistice, parmi les jours importants. Depuis, on arrive, d’année en année, pas à pas, à renouveler la mémoire qui y est liée. Cela se traduit entre autres par le fait que le nombre de monuments de mémoire nouvellement reconstruits, dédiés aux soldats morts pendant la Première Guerre mondiale, dans des communes tchèques et moraves, ne cesse d’augmenter. Ce n’est guère étonnant, car en Tchéquie, il n’y avait presque pas de famille, dont un des membres n’aurait été tué ou blessé. Sur ces monuments, les noms tchèques gravés dans la pierre alternent avec des noms allemands, reproduisant ainsi la situation qui existait dans les tranchées ».

L’historien militaire, Pavel Švarc, estime à son tour que la mémoire sous forme de monuments aux morts a une grande importance. Dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes il a écrit à ce propos :

« Sur le territoire de la République tchèque, on trouve quinze mille tombes et monuments qui sont dédiés aux soldats morts pendant la Première Guerre mondiale, ou sites de piété. Tandis que dans le passé, ces monuments tombaient irrésistiblement dans l’oubli, à l’heure actuelle, ils vivent une renaissance. Les gens veulent savoir où se trouve la pierre sur laquelle sont inscrits les noms de leurs aïeuls. Par ailleurs, une loi adoptée il y a dix ans stipule l’obligation au propriétaire du site, qui est le plus souvent une commune, de s’en occuper ».

L’intérêt croissant des Tchèques pour les récits et les destins de leurs ancêtres va de paire avec l’amélioration de base de données concernant les soldats morts dans les combats. Or, cent ans après le début du premier conflit mondial, on pourrait enfin connaître les chiffres exacts s’y rapportant.

Les businessmen tchèques à l’assaut de la politique

Andrej Babiš,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Les gens très riches, doivent-ils s’engager dans la haute politique ? Telle est la question soulevée dans l’éditorial de l’hebdomadaire Respekt, déjà cité, qui évoque dans ce contexte un risque de conflit d’intérêts, lorsqu’il s’agit d’un homme d’affaires actif, comme c’est le cas de l’actuel ministre des Finances, Andrej Babiš, chef du mouvement ANO. Et à laquelle il répond :

« L’entrée dans la politique d’hommes d’affaires riches ne constitue pas un problème en raison du fait qu’ils soient riches, mais à condition qu’ils deviennent des hommes politiques à plein temps. C’est seulement ainsi qu’on peut croire qu’ils ont l’ambition d’améliorer la gestion du pays. »

Cette question est d’actualité en rapport avec la volonté de plusieurs autres multimillionnaires tchèques d’entrer dans la politique communale, les prochaines élections municipales étant prévues en au mois d’octobre 2014. Tomáš Brolík, toujours dans les pages du Respekt, remarque à leur sujet :

« Ils ont du succès, ils sont forts, ils ont de l’aplomb et de l’argent. En outre, ils en ont assez de la ‘domination de politiciens’ qui a duré vingt-cinq ans, convaincus que ce sont dorénavant eux-mêmes qui devraient prendre les choses en main. Or, cette tendance ne s’est pas arrêtée avec Andrej Babiš. C’est plutôt le contraire qui est vrai, car on voit plusieurs autres businessmen tchèques à l’assaut de la politique. Certains sont liés à des partis traditionnels, tandis que d’autres, à l’instar de Babiš, préfèrent créer de nouveaux mouvements. On peut s’attendre à ce que, lors des prochaines élections communales, ils s’imposent dans les grandes villes, y compris à Prague. Ils promettent de mettre fin à des pratiques politiques existantes et de mettre en valeur un bon fonctionnement de l’administration publique. »

Un conflit d’intérêt et le pouvoir de l’argent, tels sont, selon l’auteur du texte, les principaux risques que ces businessmen peuvent représenter pour la société et pour la politique.

Rappel du centenaire de la naissance de Louis de Funès en Tchéquie

Photo: Intersonic
Le centenaire de la naissance de Louis de Funès, un des acteurs comiques préférés des Tchèques, dont la cote y demeure toujours très élevée, a été marqué dans la presse écrite et sur les chaînes de télévision tchèques. L’édition de ce jeudi du quotidien sérieux le plus lu, Mladá fronta Dnes, a même publié en première page une grande photo du comédien.

Le supplément du journal, Magazin, a consacré de son côté plusieurs pages accompagnées de photos au parcours artistique et aux principaux rôles de l’acteur français notant qu’en Tchéquie, Louis de Funès a été peut-être plus populaire encore que dans son propre pays.