Nous avons lu dans la presse…

Joachim Barrande
0:00
/
0:00

La plus grande erreur de Joachim Barrande. Tel est le titre d’un article paru dans la dernière édition du supplément du quotidien économique Hospodářské noviny et dans lequel son auteur revient sur certains aspects de la vie et de l’œuvre du grand paléontologue français qui s’est rendu célèbre notamment par les découvertes qu’il a faites à Prague. Nous en présentons quelques extraits. Nous avons lu également, dans un autre journal, une interview avec l’ex-président tchèque, Václav Havel.

Joachim Barrande est certes un des Français les plus connus et les plus admirés des Tchèques tant pour ses travaux qu’il a réalisés en pays tchèques que pour le fait qu’il ait décidé d’y passer une grande partie de sa vie. Il s’agit notamment de sa découverte des « tribolites de Prague ». L’œuvre de Barrande est immense : ses textes consacrés à la paléontologie comptent près de six mille pages.

Le supplément du journal rappelle en bref la vie et le parcours de ce paléontologue reconnu, né dans la famille d’un propriétaire foncier, qui a fait ses études à l’Ecole Polytechnique pour obtenir plus tard le diplôme d’ingénieur civil. Nommé ingénieur des chemins de fer de Bohême, Joachim Barrande s’est déplacé dans les années 1830 en Bohême.

Selon la légende, c’est ici qu’il aurait trouvé son premier trilobite. Cette découverte l’aurait passionné à un tel point qu’il a alors décidé de consacrer aux fossiles le reste de sa vie. C’est en premier lieu en Bohême centrale qu’il aimait parcourir à pied et aux alentours de Prague, territoire recouvert par la mer à l’époque du paléozoïque, que Barrande a fait ses principales découvertes.

Le journal souligne cependant qu’il n’a certainement pas été le seul à s’intéresser à la faune préhistorique. « A l’époque, la collecte de fossiles ne faisait pas seulement l’objet de l’intérêt des travaux scientifiques, mais c’était aussi le passe-temps favori des gens appartenant à des couches supérieures de la société. Par ailleurs, les trilobites tchèques étaient connus dans toute l’Europe ».

Pour l’auteur de l’article, « Barrande était un Christophe Colomb naviguant avec envergure vers le monde du passé, pour étudier en détail la vie de la mer paléozoïque disparue il y a des centaines de millions d’années ».

« Pour pouvoir découvrir ce monde », écrit-il, « il se promenait pendant de longues années dans les environs de Prague, afin d’étudier les couches géologiques et les fossiles. Il n’a pas hésité à offrir toute une fortune aux gens qui collectaient les fossiles pour lui et à consacrer de grandes sommes à l’impression de ses livres. Son appartement de quatre chambres sur la place de Mala Strana, rassemblait à une grotte remplie de fossiles dans laquelle une modeste place seulement était réservée à sa table de travail ».

Joachim Barrande
Dans cet article on peut lire également que l’accueil de Joachim Barrande dans le milieu tchèque n’a pas été aussi idyllique qu’on veut le prétendre.

« La société de la petite bourgeoisie tchèque, secouée par des passions nationalistes, a été d’emblée confrontée à un aristocrate qui pratiquait la science avec un sérieux sans précédent dans ces milieux. Cela devait être un véritable choc, car les Tchèques sont allés jusqu’à comploter avec des Allemands contre lui. »

Barrande a consacré beaucoup de temps, d’énergie et de moyens à la théorie des colonies qui cherche à expliquer comment on peut rencontrer lors des fouilles des fossile siluriens, entourés par des couches comportant une faune plus ancienne, située avec une faune géologiquement antérieure.

Sa théorie, qu’il a développée dans son ouvrage Défense des colonies, a rencontré beaucoup de réactions négatives. Le géologue tchèque Jan Krejci était l’adversaire le plus fervent de cette théorie. Le paléontologue français ne l’a pourtant jamais abandonnée.

Joachim Barrande qui est mort en 1883, a fait don de l’ensemble de son œuvre au Musée national de Prague. Ainsi, comme l’écrit le supplément du quotidien Hospodarske noviny, « les craintes de la société tchèque de voir l’ensemble des collections, travaux et moyens de Barrande envoyé à l’étranger, ne se sont pas confirmées ».

Le musée de Joachim Barrande à Skryje
Les traces de Barrande en Bohême centrale et à Prague demeurent nombreuses. Le quartier de Barrandov, situé dans la partie sud de la capitale, porte son nom. Celui-ci a, plus tard, été rendu encore plus célèbre par les Studios Barrandov, construits à cet endroit et où ont été tournés la grande majorité des films tchèques. Le quartier de Barrandov représente en outre une des meilleures adresses de Prague. Le nom du pont qui s’appelle Barandov et qui surplombe la rivière Vltava est également directement inspiré par le célèbre paléontologue français. Un musée et une statue dédiés à Joachim Barrande se trouvent dans la commune de Skryje, près de Prague.


Une création de la dernière pièce de Václav Havel, Odcházení, Sur le départ, sera donnée très prochainement à Séoul, en Corée du Sud, et trois reprises sont d’ores et déjà prévues. A cette occasion, l’ex-président dissident a répondu à quelques questions de l’hebdomadaire Literární noviny, la gazette littéraire. Il s’est d’abord exprimé au sujet du théâtre de l’absurde :

« Je pense que le théâtre de l’absurde a commencé à m’intéresser en 1958, pendant mon service militaire, quand j’ai eu l’occasion de lire une revue de théâtre qui apportait des informations détaillées sur ce thème. A l’époque, j’étais un connaisseur presque intime de l’œuvre de Franz Kafka, mais le théâtre de l’absurde m’était assez inconnu… En même temps force m’est de constater que je n’ai jamais voulu être l’épigone d’un quelconque auteur, en dépit de l’admiration que j’aurais pu avoir pour lui ».

Plus loin, Václav Havel admet que ses pièces comprennent certains aspects autobiographiques. Pourtant, aucune de ses pièces ne peut être considérée comme une véritable autobiographie. Il ajoute :

« Dans chaque pièce je mets à profit les expériences et les observations que j’ai faites ou qui m’ont inspiré… Les personnages de mes pièces ne reflètent pas des portraits fidèles des gens que je connais. Par exemple le docteur Rieger dans Sur le départ, ce n’est pas moi-même comme on pourrait le croire. Mais il incarne des caractéristiques et des comportements que j’ai pu dévoiler chez certaines personnes qui ont été contraintes de quitter leurs fonctions. »

La pièce Sur le départ a eu sa première tchèque en mai 2008, au théâtre Archa à Prague. Présentée quatre mois plus tard au théâtre Orange Tree à Londres, elle a ensuite fait le tour de plusieurs scènes de théâtre étrangères. A présent, Václav Havel envisage de filmer sa pièce, en se métamorphosant de dramaturge en réalisateur.