Cette nouvelle revue de presse se penche à deux reprises sur différents aspects en lien avec les prochaines élections européennes, avant de porter ensuite un regard sur la satisfaction des Tchèques quant à la situation politique dans leur pays. Elle expliquera également que les gens n’ont plus envie d’épargner. Quelque mots, enfin, au sujet des abondantes chutes de neige qui, selon les climatologues, ne méritent pas d’être considérées comme un fait exceptionnel.
Photo: Commission européenne
« Le ton du manifeste ‘Il y a le feu à la Maison Europe’ est
parfois
déchirant. » C’est ce que l’on pouvait lire dans un texte
publié
dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt, un des rares
médias tchèques à se pencher en détail sur l’appel lancé par
Bernard-Henri Lévi pour un « sursaut » de l’Europe, un appel auquel
trente écrivains, dont Milan Kundera, ont répondu. Le regard que porte
l’auteur sur cette initiative est ambigü :
« Il n’y a aucun doute que les nationalistes sortiront renforcés des prochaines élections européennes. Mais le gain de près d’un tiers des mandats au Parlement européen ne constituerait pas une apocalypse. Ils profiteront des échecs et d’un manque de visions attrayantes des partis politiques établis. Les choix des électeurs des nationalistes sont, certes, malavisés. Mais on ne saurait imaginer que ceux-ci puissent rejoindre les partis proeuropéens sachant qu’ils sont présentés, comme dans le manifeste en question, comme des ‘naufrageurs’. »
L’auteur considère également qu’en dépit de « certaines limites », le manifeste est une importante source d’inspiration. C’est parce que ses auteurs sortent du silence et cherchent, face à la montée en puissance de « l’internationale des nationalistes », à éveiller la majorité silencieuse des partisans de l’intégration européenne. Il constate alors :
« Il faut répéter combien l’intégration européenne est la meilleure chose que les politiciens nous aient transmise. Notre tâche consiste à transmettre aux générations futures une Union européenne en bon état. En ce qui concerne la Tchéquie, le succès de l’intégration européenne constitue pour elle un intérêt national suprème, car seule une appartenance à une Union fonctionnelle lui garantira sécurité et bonne qualité de vie. Ce sont par conséquent tous ceux qui tiennent compte de cet intérêt, qui sont les véritables patriotes tchèques. »
Les Tchèques sont plus satisfaits que jamais ces dix dernières années de la situation politique dans leur pays. C’est du moins ce qu’a révélé un sondage mené en janvier dernier. Ainsi, le taux de personnes se disant satisfaites est passé de 14 à 24%, tandis que celui de personnes qui ne sont ni contentes ni mécontentes demeure inchangé, autour de 33%. Selon le quotidien Hospodářské noviny, ces données appellent à diverses interprétations. Tandis que pour les uns, elles signeraient le succès du camp gouvernemental, pour d’autres elles confirmeraient « le mauvais climat » au sein de la société, étant donné que seule une faible partie de la population se déclare être satisfaite. L’auteur estime qu’un autre aspect est encore à retenir :
« Contrairement aux attentes, la satisfaction de la population augmente au moment où le système de démocratie libérale subit une érosion et où l’on voit évoluer le populisme et le nationalisme. Ce qui est plus triste encore, c’est que la partie satisfaite de la population ne se rend pas compte de son éloignement des valeurs instaurées après la révolution de novembre 1989. Cela peut s’expliquer par l’accumulation de sa colère liée aux scandales inéclaircis et sans fin des politiciens. Force est de constater qu’il y a visiblement moins d’affaires actuellement et que la société précédemment multipolaire n’est plus divisée qu’en deux camps inconciliables. Désormais, lorsqu’éclate un scandale, celui-ci débouche souvent sur un compromis. Ce constat suffit, apparemment, pour satisfaire nombre de citoyens frustrés. »
En conclusion, l’auteur estime « qu’en pays tchèques, la désillusion et un retour à une satisfaction ‘raisonnable’ succèdent généralement à l’effervescence idéaliste ».
Photo illustrative: Pixabay, CC0
Matériellement aussi, les Tchèques se disent désormais satisfaits de
leur situation. C’est ce dont fait part l’hebdomadaire Ekonom sur la
base d’une récente étude de l’agence Kantar CZ qui a analysé le
style de vie de la population tchèque. Il indique également que
l’optimisme lié à la situation économique positive se traduit par une
volonté de consommer et d’acheter davantage que dans un passé récent :
« En rapport avec la croissance économique, un faible taux de chômage et l’augmentation des salaires, les gens n’ont plus envie d’économiser. Ils consomment davantage de biens, voyagent dans des pays exotiques, mangent au restaurant, fréquentent les manifestations sportives et culturelles. En même temps, les gens sont moins intéressés par les offres promotionelles et les produits alimentaires bon marché ».
D’après l’auteur de l’article, toutes ces tendances confirment « l’orientation matérielle de la société post-communiste tchèque ».
A quelques mois des élections au Parlement européen, deux nouvelles formations politiques ont été récemment créées en Tchéquie. A l’origine de celle appelée Hlas (La Voix), on trouve deux députés européens, Pavel Telička et Petr Ježek, qui étaient candidats lors des dernières élections sur la liste du mouvement ANO d’Andrej Babiš. La fondation du mouvement Evropa společně (L’Europe ensemble), est une initiative d’un autre député européen, Jaroslav Štětina, qui a rompu ses liens avec le parti conservateur TOP 09. Le texte publié sur le site novinky.cz évalue les chances de succès de ces deux nouveaux mouvements :
« Lors des dernières élections européennes, seuls 18 % des électeurs tchèques se sont rendus aux urnes. A la lumière de ce faible taux de participation, il s’avère peu probable que ces nouveaux mouvements puissent réussir, d’autant qu’ils sont dirigés par des personnalités qui ne sont pas très présentes sur l’échiquier politique local. Il est dès lors dans leur intérêt de miser prioritairement sur une sensibilisation du public aux activités du Parlement européen et sur ses compétences, comme la procédure d’approbation de la Commission européenne ou la nomination de son chef. Expliquer aux gens l’importance de ces institutions ainsi que l’importance clé du prochain cadre budgétaire pour notre pays apparaît alors comme le principal défi à relever pour les leaders de ces deux nouveaux mouvements. »
L’auteur du texte constate que ces nouveux projets, dont notamment le mouvement Hlas, s’adressent principalement aux électeurs proeuropéens et libéraux des grandes villes.
Photo: ČTK / Roman Vondrouš
Depuis le week-end dernier, l’ensemble du territoire tchèque est
recouvert de neige. Les chutes abondantes, accompagnées dans certaines
régions de fortes rafalles de vent ou même de tempêtes, ont coupé des
milliers de foyers de l’électricité et causé des complications sur les
routes et les chemins de fer. Pourtant, comme le prétend l’auteur d’un
texte mis en ligne sur le site aktualne.cz, contrairement à ce
qu’estiment une partie du public et des médias, il ne s’agissait
nullement d’une « situation exceptionnelle », d’« avalanches de
neige » ou encore d’« un enfer blanc ». Il écrit à ce propos :
« Il est étrange de voir à quelle vitesse et dans quelle mesure les gens se sont habitués au confort et à tout ce qui ne demande aucun effort. Voir tomber de la neige en février est tout à fait normal. Mais avec le retour de la neige, après quelques années sans, sauf en montagne, on se lamente, on ne sait plus quoi faire... Or, la neige devrait être plus abdondante encore, non seulement pour le bien des nappes phréatiques, mais aussi pour nous sortir de notre confort. »
Cet avis est soutenu, dans un entretien pour le site lidovky.cz, par le climatologue Radim Tolasz. Pour lui également, il s’agit d’une situation tout ce qu’il y a de plus normale :
« En République tchèque et en Europe centrale, on a tendance à oublier que les chutes de neige sont un phénomène banal. Ainsi, lorsqu’il tombe vingt centimètres de neige, on constate que la nature se comporte normalement. En tant que climatologue, je refuse l’idée selon laquelle il s’agit d’une catastrophe. Prétendre le contraire est une hystérie. On pourrait parler de situation exceptionnelle s’il tombait une vingtaine de centimètres de neige pendant quatre ou cinq jours d’affilée. »
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