Le référendum français sur le Traité constitutionnel européen à la lumière de la presse tchèque

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La France dominée par le OUI et par le NON. Tel est le titre de l'éditorial paru dans l'édition de ce mercredi du quotidien Lidove Noviny. Un exemple très éloquent de ce que la presse tchèque, elle aussi, accorde une grande attention au référendum sur le Traité constitutionnel européen qui aura lieu le 29 mai en France.

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« La Constitution européenne est devenue en France un objet dans lequel les gens projettent leurs espoirs ou leurs craintes se rapportant à leur situation concrète, plus particulièrement au taux de chômage élevé », peut-on lire dans les pages du quotidien Lidove noviny déjà cité qui prétend que « la Constitution ne saura ni diminuer ni augmenter le chômage ». Cela n'empêche pas les deux camps opposés, partisans et adversaires de la Constitution, d'étayer des arguments dans l'un et dans l'autre sens.

« Cette stratégie de l'élite politique française n'est pas raisonnable, car les problèmes économique du pays demeureront les mêmes, en dépit du résultat du vote », écrit Katerina Safarikova qui continue plus loin :

« Les Français qui prennent une position négative ne protestent pas contre le « plombier polonais », mais contre une réalité nouvelle : contre l'Europe qui est de moins en moins française, contre la libéralisation de l'économie qui bouleverse leurs certitudes sociales, qui les pousse à changer leur style de vie, contre l'élargissement qui a accentué ces tendances. Le pays se retrouve à la charnière entre la vieille France, qui ne peut plus rentrer en arrière, et la France nouvelle qui n'a pas encore de contours clairs ».

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Le commentaire du quotidien LN considère pour finir que « si les Français refusent la Constitution, ce sera un choc pour le pays qui aspire au rôle de leader de l'Europe ».

Le terme de choc est évoqué, aussi, par l'hebdomadaire Tyden. Le magazine très lu en Tchéquie estime tout de même qu'en cas d'un vote négatif des Français, l'Union européenne continuera à fonctionner en vertu des traités déjà existants, mais ayant à affronter une crise d'existence marquée par des retombées difficilement prévisibles.

« Les entrepreneurs français craignent pour le sort de l'euro »,écrit l'un des récents numéros du quotidien économique, Hospodarske noviny. Une façon de dire que ceux-ci se rendent compte des risques économiques qu'entraînerait le refus de la Constitution européenne.

Le journal constate, également, que les économistes et entrepreneurs français ont brisé le long silence pour publier une proclamation qui met en relief les avantages du marché européen et qui accentue que l'économie européenne apporte aux pays membres une incroyable dynamique intérieure.

Le journal écrit également - il n'est pas d'ailleurs le seul à le faire, sur la scène médiatique tchèque - que l'un des rares hommes politiques proeuropéens qui soient capables de présenter des arguments économiques de taille, c'est Nicolas Sarkozy...

La presse tchèque offre-t-elle une information sur la situation et sur le climat en France, à la veille du référendum sur le Traité constitutionnel, répondant à l'importance de l'événement ? Une question pour le correspondant du journal le Monde à Prague, Martin Plichta

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« Elle accorde une place assez importante à ce référendum surtout depuis les deux dernières semaines, on peut dire qu'il n'y a quasiment pas de jour sans qu'il n'y ait un article. Ces articles reproduisant assez fidèlement ce qui se passe en France, l'atmosphère qui accompagne le débat autour de la Constitution européenne, reflètent assez bien les propos des uns et des autres. Mais il me semble qu'ils ne comprennent pas toujours complètement pourquoi le débat et si vif en France et pourquoi il y a autant d'opposants à ce débat. C'est le plus important à souligner si l'on parle des absences dans la presse tchèque. Je pense que c'est lié à une incompréhension plus générale qui est liée aux cultures, à l'histoire et au développement récent, au fait que les deux sociétés ne se trouvent pas dans la même situation. Aujourd'hui, au bout de trente ans de crise économique et sociale, la société est un peu essoufflée, démoralisée, a perdu ses repères et surtout se voit exposée depuis les deux dernières années et notamment depuis deux derniers mois, à une concurrence venue de l'Est, à une accélération des délocalisations, du transfert d'un certain nombre d'activités vers les pays nouvellement entrés dans l'Union européenne, voire même beaucoup plus loin, en Asie, en Extrême Orient, en Afrique ou ailleurs ».