Le parti social-démocrate (ČSSD) à l’heure des turbulences

Le parti parti social-démocrate (ČSSD), photo: ČTK

Les remaniements au sein de la direction du parti social-démocrate (ČSSD), premier parti gouvernemental, annoncés ce mercredi ont provoqué immédiatement un tollé de réactions dans les médias. Nous vous en présenterons quelques extraits dans cette nouvelle revue de presse. Place ensuite à deux ou trois réactions suite aux élections législatives en France qui sont attentivement suivies et commentées, à l’instar de la précédente élection présidentielle, également en Tchéquie. La position de la représentation tchèque à l’égard des quotas de réfugiés et, enfin, un regard sur l’Accord de Paris sur le climat qui n’a pas encore été ratifié en Tchéquie ratifié : tels sont les deux autres sujets qui seront traités dans cette rubrique.

Le parti parti social-démocrate  (ČSSD),  photo: ČTK
« Les sociaux-démocrates se sont retrouvés dans une situation où ils ne peuvent plus gâcher grand-chose, car c’est ce qu’ils ont déjà fait. » C’est ce que l’on peut lire sur le site echo24.cz selon lequel le départ de Bohuslav Sobotka de la présidence du parti et du poste de leader électoral est une nécessité, car les intentions de vote des sociaux-démocrates, en ce moment très faibles, risquent de chuter encore davantage... Dans une analyse mise en ligne sur le site de l’hebdomadaire Týden, on lit à ce propos :

« Certes, les sociaux-démocrates étaient contraints à faire quelque chose. Mais pour atteindre un certain effet, ils auraient dû le faire beaucoup plus tôt. Maintenant, leur décision apparaît comme un effort chaotique visant à sauver au dernier moment au moins quelque chose. On dirait plutôt que le ČSSD est à la recherche de celui qui pourra être finalement accusé de son échec électoral. »

« Face à la possibilité d’un échec électoral écrasant, les sociaux-démocrates ont misé sur une démarche désespérée », constate un article mis en ligne sur le site ihned.cz. Son auteur considère que ceux-ci ne peuvent pas pour autant s’attendre à un miracle, car le problème du parti est beaucoup plus profond et ne concerne pas seulement la personne de son leader. Il explique pourquoi :

« Force est de souligner que c’est dans l’ensemble de l’Europe que la position des partis sociaux-démocrates n’est pas facile. Le côté social de l’Etat étant considéré comme une évidence, les électeurs cherchent plutôt quelqu’un qui leur offre un ancrage dans un monde en transformation. Or, l’air du temps n’est pas favorable au ČSSD. Ceci dit, le parti lui-même est principalement responsable de sa mauvaise situation, parce que son orientation n’est pas tout à fait compréhensible et parce qu’il n’arrive pas à définir clairement ses principales priorités. »

L’auteur d’un texte qui a été mis en ligne sur le site lidovky.cz estime pour sa part que le gouvernement de coalition dirigé par Bohuslav Sobotka a très bien fonctionné. Voilà pourquoi la crise gouvernementale que ce dernier a récemment provoquée en vue de faire partir le ministre des Finances Andrej Babiš a été une erreur, s’apparentant à une manœuvre qui semble avoir déplu à une grande partie de la population, ce que le parti social-démocrate pourrait désormais payer très cher.

Les élections françaises vues par les éditorialistes tchèques

Theresa May et Emmanuel Macron,  photo: ČTK
« Emmanuel Macron a devant lui un test difficile ». C’est ce qu’estime l’auteur d’un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny qui se penche sur les résultats du premier tour des élections législatives en France et qui dit :

« Celui à qui incombe après les élections la tâche de gouverner, peut s’attendre non seulement aux joies du pouvoir, mais il doit également prévoir le poids de sa responsabilité. En effet, seule une confrontation des promesses électorales avec la réalité sera à même de prouver la force de son mandat. C’est ce dont peut être désormais convaincue Theresa May en Grande-Bretagne et c’est une situation que connaîtra très probablement aussi le président français Emmanuel Macron, même si son mouvement, La République en marche, sera très probablement très fortement représentée à l’Assemblée nationale. »

La fragilité de la position de la Première ministre du Royaume-Uni est évidente, tandis que les écueils qui guettent le président français, par exemple le taux de participation très faible au premier tour des législatives, ne sont pas à ce point visibles. Ils peuvent pour autant générer des problèmes graves. D’autant plus que, de l’avis de l’auteur de ce texte, il subsiste toujours en France une méfiance entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés, entre ceux qui ont un emploi fixe et ceux qui n’en ont pas. Le mouvement qui a été créé cette année et qui a devant lui son premier congrès régulier, arrivera-t-il à assumer sa responsabilité gouvernementale ? C’est une interrogation de l’auteur de ce texte qui conclut :

« Les résultats du test que le nouveau président français a devant lui ne concerne pas seulement la France. Ils révéleront également la véritable volonté de Berlin de donner son aval aux réformes qu’Emmanuel Macron envisage pour la zone euro. »

Le quotidien Lidové noviny a pour sa part publié une note, intitulée « Marine à l’ombre », et dans laquelle on peut lire :

« L’échec de Marine Le Pen au premier tour des élections législatives, tout comme précédemment lors de l’élection présidentielle, est notable non seulement sur le plan national, mais aussi à l’échelle européenne. Cette année, l’Europe se félicite de l’échec des partis populistes, xénophobes et d’extrême droite. Mais si, par exemple, le parti pour la liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas n’a pas remporté la victoire aux élections, il a tout de même amélioré sa position en gagnant cinq mandats parlementaires de plus. La situation se présente différemment pour le Front national en France qui a complètement échoué, sans imposer quoi que cela soit de son agenda. »

Les quotas : la Tchéquie contre tous

Photo: EU Civil Protection and Humanitarian Aid via Foter.com / CC BY-NC-ND
« Les plus importantes questions de l’évolution future de la Tchéquie dépendent de sa position au sein de l’Union européenne et de l’orientation future de cette dernière. Mais les électeurs tchèques peinent à le comprendre », affirme dans un entretien pour le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi le député européen Pavel Svoboda. En ce qui concerne le conflit qui a éclaté entre Prague et Bruxelles en rapport avec la décision annoncée par le gouvernement tchèque selon laquelle la Tchéquie n’accueillera plus aucun réfugié sur la base du système des quotas, il a précisé :

« Ce conflit est inutile, car la majorité des Etats membres eux non plus n’accomplissent pas les quotas concernés. Mais nous, nous avions besoin de prendre à ce sujet une déclaration gouvernementale populiste. On voit qu’à l’approche des élections législatives, certains partis jugent opportun de dire aux gens que nous voulons aller, fidèles à la tradition des ‘hussites’, contre tout le monde... En plus, en confirmant cette décision gouvernementale par écrit, nous n’avons pas donné à la Commission européenne la chance d’agir autrement que d’ouvrir contre nous, tout comme contre la Pologne et la Hongrie, la procédure d’infraction pour non-respect des engagements pris. »

Les questions liées à l’Union européenne ne semblent pas figurer parmi celles qui seront évoquées et traitées en vue des élections législatives d’octobre prochain en Tchéquie. D’après Pavel Svoboda, c’est pourtant bien dommage, car « tous les grands défis politiques ont aujourd’hui une dimension européenne ».

L’Accord de Paris sur le climat et la Tchéquie

Photo: František Tichý,  ČRo
La Tchéquie et les Pays-Bas sont les deux derniers pays de l’Union européenne qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris sur le climat qui, tout en ayant été signé par 177 pays, voit son application prendre du retard. L’hebdomadaire Respekt observe que la décision du président américain Donald Trump du retrait des Etats-Unis de cet accord a encouragé ceux qui en Tchéquie contestent même l’existence du réchauffement climatique. Il rappelle qu’au cours de l’année écoulée, sa ratification a fait à quatre reprises l’objet d’obstructions par une partie des parlementaires et ajoute :

« Pour le ministre de l’Environnement Richard Brabec, il s’agit d’une situation honteuse même si, dans la vie pratique, elle n’a pas de retombées graves, car la Tchéquie accomplit tant bien que mal ses engagements dans le cadre de l’Union européenne. Le problème c’est que les objectifs stipulés par l’Accord de Paris sur le climat vont être au fur et à mesure mis à jour au moment où la Tchéquie est encore appelée à réduire le taux de ses émissions qui est l’un des plus élevé à l’échelle européenne. Leur principale source, ce sont les centrales électriques à charbon, la circulation automobile, l’industrie et le chauffage local. »

A ce jour, la stratégie climatique tchèque a été basée sur deux principes : la limitation continue du charbon et l’énergie nucléaire. Le magazine Respekt remarque enfin qu’il sera donc difficile d’imposer dans le pays, habitué jusqu’ici à des sources d’énergie conventionnelles, les propositions s’inscrivant dans le dernier paquet énergie-climat dit « d’hiver » qui a été présentée l’année dernière par la Commission européenne.