La scène politique tchèque plus masculine que jamais?

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Les femmes tchèques sont peu représentées en politique et tout indique que, dans un proche avenir, elles le seront encore moins qu’aujourd’hui. La récente proposition de l’ex-président tchèque Václav Klaus selon laquelle la République tchèque devrait quitter l’Union européenne a provoqué une vive polémique. Voilà deux des sujets que nous allons aborder dans cette revue de la presse.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Sur la liste des candidats aux prochaines élections législatives, le nombre de femmes n’a jamais été aussi faible ». C’est ce que titre un article publié sur le site Internet de l’hebdomadaire Respekt. Se référant aux données recueillies par l’association Forum 50 %, qui se bat pour imposer plus de femmes dans les instances politiques, le journal constate :

« Les sept partis politiques qui ont une chance réelle d’entrer au Parlement proposent, à l’exception de deux d’entre eux, la même représentation sinon une représentation moindre de femmes qu’en 2010. Et pourtant, au niveau régional et municipal, on voit beaucoup de femmes occuper des fonctions politiques. Leur nombre parmi les maires est en effet très élevé. Il paraît donc absurde que l’élément féminin soit très faiblement représenté notamment au sein du parti TOP 09 qui collabore avec la formation Les Maires et les Indépendants. »

Pourquoi l’engagement des femmes tchèques sur la scène politique nationale est-il moindre que dans d’autres pays européens ou dans beaucoup de pays d’Amérique Latine ou d’Afrique ? L’auteur de l’article refuse l’argument habituel qui veut que les femmes tchèques se désintéressent de la politique, appuyant son affirmation justement sur leur forte représentation au niveau des administrations locales. Les vrais motifs de cet état de choses résideraient ailleurs :

« Il s’agit en tout premier lieu de la conviction largement répandue dans la société tchèque selon laquelle les femmes ne sont pas appelées à se mettre en valeur dans la politique, une discipline prétenduement exigeante et épuisante, mais plutôt dans la famille et dans des travaux ménagers. La pénurie d’écoles maternelles ou l’absence de conditions de travail flexibles sont une conséquence logique de cette approche. »

Václav Klaus largement critiqué après sa dénonciation de l’UE

Václav Klaus,  photo: CTK
L’ancien président tchèque, Václav Klaus, connu pour son euroscepticisme, est allé plus loin encore en proposant, dans son nouveau livre intitulé « La République tchèque à la croisée des chemins – l’heure de décider », que la Tchéquie quitte l’Union européenne. Dans les pages du quotidien Lidové noviny, nous avons pu lire une des nombreuses réactions critiques à l’égard de cette prise de position. La plume de Luboš Palata écrit :

« Avec son appel, Václav Klaus est arrivé au bout de son chemin long d’une dizaine d’années, au cours duquel il a souvent menti et malmené les faits au sujet de l’Union européenne. Dans cet esprit, il se servait d’éléments marginaux tirés hors de leur contexte pour étayer ses arguments et pour les faire passer pour des choses d’importance fondamentale. Il n’a jamais rien proposé ou soutenu afin de renforcer la démocratie au sein de l’Union européenne. En revanche, il a tout torpillé, comme on a pu le voir avec le Traité de Lisbonne. »

De l’avis de l’auteur de l’article, cette attitude suscite de la honte tant chez les anciens sympathisants que chez les adversaires de Klaus qui n’ont même plus envie de polémiquer avec lui. Il faut essayer de comprendre pourquoi celui-ci agit de la sorte... Václav Klaus a essuyé d’assez lourdes critiques, également dans les rangs de l’ODS, parti dont il a été le fondateur. Une autre édition de ce journal a donné la parole à Jan Bauer, ancien député de ce parti de droite qui constate :

« Je suis convaincu que la République tchèque devrait participer au projet européen d’une manière critique et à la fois constructive. A mon sens, les avantages découlant de l’appartenance du pays à l’Union européenne prévalent sur les désavantages. Je n’accepte pas l’idée qui veut que l’Union soit responsable de tout le mal. Une profonde réforme de l’Union européenne qui garantirait sa meilleure capacité de concurrence dans une économie globalisée, répond à l’intérêt de la République tchèque et de son économie ».

Cet ancien député de l’ODS qui avait en charge les affaires européennes conclut sa réflexion en écrivant :

« Il y a quelques jours encore, Václav Klaus représentait à mes yeux une forte personnalité, dont les opinions pouvaient enrichir le débat européen. Aujourd’hui, je ne le pense plus car ses attitudes radicales l’ont tout simplement exclu de ce débat. »

Consommer de la bière à la maison coûte moins cher

Photo: Archives de Radio Prague
Tout récemment, la République tchèque a vécu, plus qu’à l’usage, sous le signe de la bière, des festivités ayant eu lieu dans plusieurs villes du pays. Aussi l’Union tchèque des brasseries et malteries a décidé de proclamer le 27 septembre, la veille de la fête consacrée à saint Venceslas, patron non seulement du pays tchèque, mais aussi de la bière, Journée de la bière tchèque. A cette occasion, une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta Dnes a publié un article de l’observateur agraire Petr Havel. Il s’est penché sur le fait que les Tchèques semblent désormais boire de plus en plus souvent leur boisson préférée chez eux, au lieu de fréquenter une brasserie. Nous citons :

« Il s’agit d’une tendance qui n’a rien à voir avec la bière en tant que telle. Bien au contraire – l’offre en marques de bière dans les brasseries est aujourd’hui plus variée que jamais dans l’histoire. En outre, la qualité, la propreté et la durabilité des bières, même de celles qualifiées de façon péjorative d’‘eurobières’, sont incomparables avec le passé. Ce phénomène a d’autres causes, dont en premier lieu l’augmentation du prix de la bière, une augmentation lente mais régulière. En plus, dans des communes de petite taille, certaines brasseries ont disparu, privant leurs habitants de la possibilité de se régaler en dehors de leur domicile. »

Selon l’auteur de l’article, ce sont des choses qu’il faut tant bien que mal accepter. Ce qu’il faut et ce que l’on peut en revanche changer est lié au comportement du personnel de salle. Il note :

« Un personnel arrogant ou peu disposé peut facilement décourager les clients qui cherchent dans des restaurants et dans des brasseries une atmosphère agréable et un service correct. En ce qui concerne la qualité de la bière pression, elle demeure cependant même dans ces conditions bonne et traditionnelle car elle est soumise à un contrôle régulier de la part des producteurs. »

Rompre la tradition du service de mauvaise qualité est donc, d’après l’auteur de l’article, une des conditions nécessaires en vue d’attirer plus de clients dans les brasseries.

Les touristes russes envahissent la Tchéquie

Karlovy Vary | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Il n’y a plus que Karlovy Vary qui s’adapte aux visiteurs russes, Prague est aussi concernée. Metro, un quotidien distribué gratuitement dans plus d’une cinquantaine de villes tchèques et journal le plus lu à Prague, écrit à ce sujet :

« Ce sont les Russes qui dépensent le plus d’argent en République tchèque, aux côtés de touristes venus de pays membres de l’Union européenne. Logés pour la plupart dans des hôtels trois étoiles ou plus, ils y séjournent souvent jusqu’à quinze jours et passent la plupart de leur temps à faire du shopping. Ce sont les vêtements, le verre, les montres et les bijoux qui sont au coeur de leur intérêt. »

Le journal observe que Prague, qui demeure la principale destination des touristes russes, commence à rassembler en quelque sorte à Karlovy Vary, ville thermale située en Bohême occidentale, dans laquelle les touristes russes sont majoritaires et dans laquelle beaucoup de nouveaux riches russes se sont également établis pour de bon. Mais même à Prague, il n’est pas rare de voir désormais uniquement des inscriptions russes sur certains magasins.

Cette situation est loin de plaire à une grande partie des habitants de la capitale auxquels il ne reste cependant, comme le prétend le journal, qu’à s’y habituer. A en juger d’après les données recueillies au cours du premier semestre, il faut s’attendre cette année à une croissance des visites des touristes russes de près de 18 %.