Voyage dans le labyrinthe de la bibliothèque virtuelle

manuscriptorium.jpg

Les grandes bibliothèques publiques sont de véritables labyrinthes dans lesquelles on risque de se perdre. Le lecteur contemporain s'aventure cependant de moins en moins dans ces dédales de rayons de livres parce que les bibliothécaires ne le laissent pas entrer. Il doit chercher le livre désiré dans un catalogue et le charme mystérieux et labyrinthique des bibliothèques lui est interdit. Par contre, il voit s'ouvrir devant lui tout l'univers inexploré des bibliothèques virtuelles, bibliothèques sur la Toile. Une de ces bibliothèques s'appelle Manuscriptorium et je vous invite à la visiter.

Le Manuscriptorium est un système qui réunit et rend accessibles sur Internet les informations sur les livres historiques, système relié à une bibliothèque de documents numérisés. Il est financé et géré par la Bibliothèque nationale tchèque. L'homme qui a assisté à la naissance de ce projet ambitieux s'appelle Zdenek Uhlir. Il explique à Radio Prague les particularités de cet univers virtuel :

Zdenek Uhlir
« L'idée du Manuscriptorium n'est pas d'être une simple bibliothèque numérique comme c'est le cas aujourd'hui, mais notre intention est de créer ce que nous appelons un milieu virtuel pour la recherche et le travail avec les fonds historiques. Il doit y avoir un catalogue afin que nous arrivions à nous y retrouver. En ce moment le catalogue compte plus de 90 000 titres proposés par des bibliothèques tchèques mais aussi polonaises, hongroises, slovènes, autrichiennes, croates, lituaniennes, turques et ukrainiennes. Il y a également une bibliothèque des reproductions d'images, c'est-à-dire de documents historiques. Nous ne numérisons pas que des images isolées d'un manuscrit mais les documents entiers. Actuellement il y a dans le Manuscriptorium quelque 2250 documents historiques entièrement numérisés dont 70 % sont des manuscrits. 30 % de ces manuscrits numérisés sont des incunables, de vieux textes imprimés et une centaine de cartes historiques. Dans ce sens le Manuscriptorium est la plus grande bibliothèque numérisée dans le monde en ce qui concerne les fonds anciens et en tant que telle a obtenu, en 2005, le prix Jikji attribué par l'UNESCO. »

Les auteurs du projet partent du fait que toutes les informations sur les documents historiques, qu'elles soient anciennes ou récentes, ont été conçues avec les meilleures intentions. Les époques et les conditions dans lesquelles ces informations ont vu le jour diffèrent. Les opinions et l'ampleur des connaissances changent. Néanmoins chaque information peut contribuer à la connaissance générale, à condition qu'elle ne soit pas déformée et qu'elle soit enregistrée. L'objectif du travail des auteurs du Manuscriptorium est donc d'ouvrir un accès non déformant vers toutes les informations importantes sur les documents historiques. L`ampleur du projet dépasse le cadre de l'histoire et de la culture tchèques. Zdenek Uhlir ajoute :

« Nous sommes devenus coordinateurs du projet européen et dans le cadre de ce projet, nous devons parvenir à mettre à la disposition des usagers 75 % des fonds manuscrits qui sont numérisés en Europe. Evidemment, cela ne se passera pas sans complications techniques et organisationnelles parce que certaines institutions, un peu partout dans le monde, ont tendance a créer ce qu'on appelle les « villages Potemkine », c'est à dire de se vanter de faire plus que ce qu'elles arrivent à faire en réalité. »


A l'avenir, il faudra accompagner les documents numérisés par des textes explicatifs qui permettront aux lecteurs de s'orienter, de trouver des références et de placer les documents étudiés dans leur contexte historique et culturel. Zdenek Uhlir s'en rend compte mais souligne qu'il s'agit d'un ensemble de documents qu'il faudra traiter différemment :

« Evidemment, nous y pensons, mais dans ce cas-là nous serons obligés de créer de véritables documents numérisés complets, ce qui demande certains investissements dont nous n'avons pas disposés jusqu'à présent. Désormais nous en disposerons. Cependant, il faut surtout mettre de l'ordre dans le milieu numérique. Il ne faut pas confondre ce qu'on appelle les documents primaires et secondaires. Les documents primaires sont les images numérisées, c'est-à-dire des copies des textes historiques, c'est ce que nous appelons les textes entiers ou les full text. Les commentaires ou les articles de vulgarisation joints à ces textes appartiennent à la catégorie des documents secondaires et il ne faut pas les classer au même niveau que les textes primaires parce que cela sèmerait la confusion dans le milieu virtuel. »

Ceux qui désirent se plonger dans l'univers des vieux manuscrits, des incunables et des cartes historiques, ceux qui veulent découvrir le monde des vieux documents authentiques, n'ont qu'à ouvrir le site www.manuscriptorium.com. Bon voyage !