Les éditeurs francophones à la foire Le Monde du Livre

Le Monde du Livre, photo: CTK

C'est sous les voûtes élancées et très "fin de siècle" du Palais des foires de Prague que s'étaient donnés rendez-vous, du 6 au 9 mai, des éditeurs du monde entier dans le cadre de la foire internationale "Le Monde du livre". La foire, qui se tenait dans la capitale tchèque pour la dixième fois déjà, a réuni 572 exposants de 26 pays. J'ai été parmi les premiers visiteurs et je me suis intéressé plus particulièrement aux éditeurs et à la littérature francophones. Je les ai trouvés, tous ensemble, dans le stand qui leur était réservé dans l'espace central situé sous la coupole du palais. C'est là où je me suis entretenu tout d'abord avec François Perret, secrétaire général de l'Association Suisse des Diffuseurs, Editeurs et Libraires.

Qu'est-ce que vous avez apporté à Prague?

Le Monde du Livre,  photo: CTK
"Un peu de tout. Vous savez, je suis le secrétaire d'une association qui compte 90 éditeurs de toutes sortes. Alors, on leur envoie une lettre les invitant à venir à Prague, et ils viennent ou ils ne viennent pas. Ainsi, les stands, aussi bien à Prague que dans d'autres endroits, sont souvent, comment dirais-je, délicieusement hétéroclites. Ici, à Prague, nous avons, par exemple, de la littérature polonaise traduite en français. Nous avons un éditeur de livres pour enfants, nous avons un éditeur d'archéologie, un éditeur scientifique, polytechnique, des livres de voyages, de la philosophie et ainsi de suite ..."

Espérez-vous établir des contacts avec des éditeurs tchèques pour d'éventuelles traductions de vos livres en tchèque?

"Je ne suis pas éditeur moi-même parce que je suis le secrétaire général, mais si je peux, je vais faciliter des contacts futurs à l'aide de conversations. Oui, absolument."

Est-ce que l'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne peut faciliter ces échanges ?

« Oui, je le pense, même si la Suisse reste et restera, à mon avis, en dehors, mais de toute façon cela facilitera l'entente. Voyez-vous, nous sommes ici sur le stand avec nos collègues français et belges. Donc, la proximité saute aux yeux."


La proximité évidente évoquée par mon interlocuteur suisse m'a permis d'aborder tout de suite après Mme Marie-France Guesdon, du Bureau international de l'Edition française. Elle m'a dit :

"Nous exposons sur un espace de 90 mètres carrés des ouvrages francophones, c'est-à-dire que nous réunissons à la foi des éditeurs français, des éditeurs belges et des éditeurs suisses. Et nous proposons une sélection très vaste de différentes publications de différents éditeurs avec la variété la plus complète, c'est-à-dire on y trouve à la fois des livres pour la jeunesse, des romans, des ouvrages scientifiques, des ouvrages de droit, des ouvrages d'art, des essais..."

Est-ce que vous êtes venue avec l'intention d'établir des contacts avec des éditeurs tchèques?

"C'est également l'un de nos objectifs. Nous avons même quelques éditeurs qui se déplacent en personne, parce que nous souhaitons aussi que les droits d'auteur puissent être achetés par les éditeurs tchèques. Il y a donc la présentation des livres, mais il y a aussi le volet des échanges de droits."

Il y a un grand décalage entre les prix des livres français et des livres tchèques. Est- ce qu'on pourrait éventuellement réduire ce décalage?

"C'est quand même très difficile, parce que, d'une certaine façon, on ne peut pas avoir deux prix, un prix en France et différents prix pour d'autres pays. Le livre français existe et il est important que le prix du livre soit celui de la France. La République tchèque, de toute façon, fait maintenant partie de l'Europe et je pense que progressivement il y aura des ajustements économiques qui feront que nos économies vont beaucoup mieux se rencontrer. En revanche, pour les échanges de droits d'auteur, je sais que les éditeurs peuvent pratiquer des prix différents selon les pays avec lesquels ils travaillent."

Est-ce que la littérature tchèque est bien représentée en France aujourd'hui?

"Ecoutez, je le pense, parce que je ne parle pas le tchèque, mais grâce à des ouvrages de grands auteurs tchèques qui ont été traduits j'ai eu quand même la possibilité de découvrir ces auteurs. Donc, je pense qu'elle est à la fois bien traduite et très connue."


La troisième rencontre francophone que j'ai eu l'occasion de faire à la foire Le Monde du livre a eu lieu dans l'espace réservé à la Belgique. Léo Beeckman, du service général des lettres et du livre du ministère de la Communauté française de Belgique, et qui est un habitué de la foire, a aussi évoqué les éditions précédentes du Monde du livre :

"C'est une grande année parce que c'est quand même le dixième anniversaire de la foire Le monde du livre, et je suis assez fier de pouvoir dire que c'est aussi la dixième année que je participe à la foire tchèque. Donc, je suis vraiment fidèle au poste comme les neuf années précédentes. Chaque année, c'est un moment important de présenter la production de nos auteurs belges francophones, et, comme les années précédentes, nous partageons avec les Français et pour la première fois aussi avec les Suisses francophones un espace qu'on appelle Espace francophone. Pour nous, c'est très important de mettre l'accent sur la langue française à Prague et en République tchèque."

Puisque vous êtes là déjà pour la dixième fois, comme vous dîtes, pourriez-vous faire une comparaison ? Voyez-vous une évolution si vous comparez les foires précédentes à la foire actuelle?

"Oui, je crois que la Foire gagne en popularité d'année en année. Je me rappelle quand même des premières foires. Au cours des dix dernières années, le monde a quand même bien changé pour les Tchèques. Il n'y pas de différence entre une foire ici et les foires par exemple à Genève et à Paris. C'est pratiquement la même chose en beaucoup plus petit, mais la qualité des expositions, de l'éclairage, des stands, la qualité des livres aussi, tout cela a beaucoup changé. Les éditeurs tchèques font aujourd'hui des livres aussi beaux, aussi bien présentés que dans le reste du monde."