Le 7 février, 700 ans se seront écoulés depuis le couronnement de Jean de Luxembourg, roi de Bohême. C’est par le mariage avec Elizabeth Přemyslide que la dynastie luxembourgeoise arrive, en 1311, sur le trône de Bohême. Les quatre rois issus de la nouvelle dynastie se succéderont au pouvoir pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1437. Sous leur règne, le royaume de Bohême vivra une période de prospérité, ainsi que le début des guerres hussites. Trois grandes expositions ont été organisées à Prague, Ostrava et à Luxembourg pour fêter l’événement.
Le mariage de Jean de Luxembourg avec Elizabeth Přemyslide
« La chose la plus importante sera l’exposition, ici, à Prague
qui sera
spécialement dédiée au mariage de Jean l’Aveugle comme nous
l’appelons, vous l’appelez Jan Lucemburský, et Elizabeth Přemyslide. »
Ces propos sont ceux de l’ambassadeur du Grand Duché de Luxemburg en République tchèque, M. Jean Faltz, qui a pris l’initiative d’organiser une série de manifestations en l’honneur du 700e anniversaire de l’avènement des Luxembourg au trône de Bohême :
« Quand je suis arrivé ici il y a deux ans et demi, j’en ai parlé un peu à tout le monde, j’ai contacté beaucoup de ministères, beaucoup d’agences, d’institutions culturelles, etc. Et je dois dire que partout, j’ai trouvé un très, très grand intérêt. Je crois que les Tchèques ont une prédilection spéciale pour cette période, la fin du Moyen-Age, et qui est un peu un âge d’or, avec notamment Charles IV, et je pense qu’ensemble nous pouvons en être très fiers. »
Jean de Luxembourg arrive à Prague
Pour le royaume de Bohême, la nouvelle union dynastique est un heureux
dénouement qui arrive après l’assassinat du dernier roi des
Přemyslides, Venceslas III, qui meurt sans héritiers, en 1306. Son
successeur, Henri de Carinthie, époux de la sœur aînée du roi
décédé, Anne, s’avère être un souverain faible et impopulaire.
Elizabeth, sœur d’Anne, se considère, elle, comme l’héritière de
la
célèbre dynastie. Après de longues tractations, la noblesse et le
clergé finissent par se mettre d’accord pour demander à l’empereur
romain germanique Henri VII de donner son consentement au mariage de son
fils unique, Jean, avec Elizabeth Přemyslide.
Elizabeth avait 18 ans, Jean de Luxembourg en avait 14 ans, au moment de leur mariage. La cérémonie religieuse est célébrée le 1er septembre 1310 dans la cathédrale de Spire, une ancienne ville de Rhénanie-Palatinat. On écoute Klára Benešovská, commissaire de l’exposition ‘Le Mariage royal’ qui est à voir dans la Maison à la Cloche de pierre, sur la place de la Vieille-Ville de Prague :
Elizabeth Přemyslide
« Une description détaillée nous est fournie par le chroniqueur
Petr
Žitavský qui raconte que tout le monde attendait avec impatience
l’arrivée de la princesse Elizabeth. A la surprise générale,
Elizabeth, habillée la veille d’une splendide robe richement brodée,
s’est présentée vêtue d’une robe toute simple, selon les traditions
de la cour de Paris où la mère de Jean de Luxembourg – Marguerite de
Brabant, avait été élevée. Comme l’écrit le chroniqueur, c’est en
toute simplicité, en habit de pénitents, que Jean et Elizabeth se sont
présentés devant l’archevêque de Mayence, Pierre d’Aspelt.
Agenouillés devant l’autel, en profonde humilité, leur union a été
bénie devant Dieu. »
Par ce mariage, Jean de Luxembourg devient donc roi de Bohême et à ce titre, prince-électeur du Saint-Empire. De cette union naissent six enfants dont Charles IV, futur empereur romain germanique, est le plus connu. En 1348, Charles IV fonde la Nouvelle-Ville de Prague et la première université en Europe centrale. Avec son père Jean, il pose la première pierre de la cathédrale Saint-Guy. A la mort de Charles IV, c’est son fils, Venceslas IV, qui lui succède. Sous son règne, Jan Hus est nommé recteur de l’Université praguoise. Le dernier de la dynastie, Sigismond, souverain impopulaire peu aimé des Tchèques, meurt sans héritiers en 1437.
Maison à la Cloche de pierre
La Maison à la Cloche de pierre qui abrite l’exposition ‘Le Mariage
royal’ est celle-là même qui a servi de résidence provisoire au
couple
royal à son arrivée à Prague, le 3 décembre 1310. Français par sa
grand-mère maternelle, Jean de Luxembourg introduit une nouvelle culture
à la cour de Prague. Contrairement à une opinion répandue, Klára
Benešovská ne pense pas que les Tchèques n’aient pris connaissance de
la culture occidentale et notamment française qu’avec l’arrivée de
Jean de Luxembourg en Bohême :
« Le royaume de Bohême faisait partie du Saint Empire Romain et en son sein, des influences venant de tous les horizons se croisaient. Il y avait aussi une importante migration d’artistes, de diplomates, de dignitaires ecclésiastiques… Il serait faux de penser qu’ici, dans les pays de la couronne de Bohême, on ignorait ce qui se passait en France. Depuis le XIIe siècle déjà, avec des couvents cisterciens, des artisans, des orfèvres, des enlumineurs, les influences des cultures d’Europe occidentale s’y croisaient. »
Photo: Barbora Kmentová
L’un des objets les plus précieux exposés à l’occasion du 700e
anniversaire du couronnement de Jean de Luxembourg : la couronne
qu’aurait portée Elizabeth au moment du couronnement. Le bijou fait
partie du trésor des rois de Bohême découvert dans les années 1980,
lors des travaux de construction, dans la ville polonaise de Slezska
Strzeda. Le 7 février, jour anniversaire de la cérémonie de
couronnement, la couronne sera déplacée de Prague à Ostrava. Plus de
400
objets d’art empruntés dans cinq pays sont à voir à l’exposition
proposée par le musée d’Ostrava. Elle présente Jean de Luxembourg en
tant que personnage représentatif de l’Europe chevaleresque et
diplomate
habile, observe David Majer, commissaire de l’exposition:
Photo: Barbora Kmentová
« Grâce à ses qualités de diplomate, Jean de Luxembourg a su
rattacher
plusieurs voïvodies de Silésie aux pays de la couronne de Bohême avant
d’annexer toute la région historique de Silésie et d’unifier la
ville
d’Ostrava divisée en deux par la rivière Ostravice. »
Par sa politique, sa diplomatie et ses interventions guerrières, Jean de
Luxembourg marque fortement sa présence sur l’échiquier européen.
L’exposition au musée d’Ostrava, sous-titré ‘Le roi qui volait’
le montre comme un chef militaire qui court sur tous les champs de
bataille
de l’Europe. Jean de Luxembourg
On le retrouve dans son comté natal, en Silésie, en
Pologne, en Lituanie, en Allemagne, au Tyrol, en Italie du Nord, auprès
des papes en Avignon et à la cour des rois de France. Elle le montre
aussi
comme un roi étranger qui, à peine couronné, laisse le gouvernement de
son royaume à sa femme, Elizabeth.
Archétype de l’idéal chevaleresque du XIVe siècle, avec pour devise ‘Ich Dien’ – Je sers, Jean de Luxembourg tombe le 26 août 1346 à la bataille de Crécy à laquelle il participait aux côtés du roi de France contre les Anglais.
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