Vanda, l'opéra d'Antonin Dvorak, sort de l'oubli

L'opéra Vanda

Ce dimanche a eu lieu, au Théâtre national de Prague, la première de Vanda, opéra mal aimé d'Antonin Dvorak. Si Vanda, qui est le quatrième opéra de Dvorak, n'est pas aujourd'hui tout à fait inconnu, c'est grâce à un enregistrement intégral réalisé, en l'an 2000 pour la maison Orfeo, par le chef d'orchestre Gerd Albrecht. C'est ce même chef que le Théâtre national de Prague a invité pour préparer cette nouvelle production, créée à l'occasion du centenaire de la mort du compositeur.

L'opéra Vanda est basé sur une vieille légende polonaise. Il décrit la lutte des Allemands et des Polonais, engagée à cause d'un amour non partagé du prince allemand, Roderich, pour Vanda, fille du souverain de Pologne. A l'heure où la victoire penche en faveur des Allemands, Vanda, désespérée jure de sacrifier sa vie si ses compatriotes arrivent à vaincre l'ennemi. C'est ce qui se produit et Vanda se jette dans la Vistule.

Vladimir Darjanin, qui a signé la mise en scène de la production du Théâtre national, estime que l'opéra marque un changement dans l'évolution spirituelle de Dvorak: "Après avoir écouté plusieurs fois cet opéra j'ai commencé à saisir que c'était une oeuvre de transition, oeuvre créée à la limite entre deux périodes. C'était la fin de la période dominée par le sentiment national car Dvorak commençait à pencher vers le panslavisme. Vanda précédait la création des Danses slaves, elle a vu le jour au moment où Dvorak commençait à s'identifier avec une communauté ethnique beaucoup plus grande."

La mise en scène et la scénographie de cette production peuvent être caractérisées comme un compromis post moderne, les réalisateurs ont cherché à marier la modernité avec un certain historisme qui se manifeste notamment dans les costumes des personnages. Mais, c'étaient surtout la voix sombre et chaleureuse d'Olga Romanko dans le rôle titre, la vaillance du ténor Valentin Prolat qui a incarné le chevalier Slavoj aimé par Vanda, et la solidité du baryton d'Ivan Kusnjer dans le rôle de Roderich qui ont contribué au succès de la première.

La musique est peut-être moins mélodieuse que dans les autres opéras de Dvorak, mais ne manque pas d'émotion et de grandeur. Gerd Albrecht a dirigé l'orchestre et les choeurs avec une autorité évidente et en tirait de beaux effets notamment dans les ensembles. C'est donc à lui, un chef allemand, que Vanda doit sa résurrection, son retour au Théâtre national et sa présentation à l'étranger:"Il est très important, dit-il, que le public du Théâtre national entendra Vanda pour la première fois, dans une version vraie et authentique sur le plan musicologique, parce que la partition de l'opéra n'a été publiée qu'en 1997. C'est donc une première, et nous allons faire encore une autre première qui aura lieu à Vienne. Pour la première fois dans son histoire, l'opéra du Théâtre national de Prague se produira dans la Salle dorée du Musikverein de Vienne où nous présenterons Vanda. Et c'est aussi une chose qui me rend extrêmement fier."