Václav Havel derrière la caméra

Václav Havel, photo: CTK
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Un tournage étroitement surveillé : jusqu’à la fin du mois d’août, c’est dans une villa du nord de la Bohême que Václav Havel réalise son premier film. Un rêve d’enfance réalisé à presque 74 ans pour ce dramaturge-dissident devenu homme d’Etat et symbole du renouveau de la démocratie en Europe centrale. Pour ce premier long-métrage, Václav Havel a choisi d’adapter sa dernière pièce de théâtre, intitulée en français Sur le départ.

Václav Havel,  photo: CTK
Václav Havel demande à un acteur de boutonner sa veste et son assistant donne les ordres : la scène se joue au pied des marches d’une villa art-déco, à une centaine de kilomètres au nord-est de Prague. L’ancien président est derrière l’écran de contrôle en tenue décontractée, jeans, casquette, T-shirt, l’air plutôt satisfait :

« C’est une expérience assez étrange et intéressante que j’ai espérée avoir pendant très longtemps. Je viens d’une famille de cinéastes. Mon oncle a fondé la cinématographie tchèque et fait construire les studios Barrandov à Prague. J’ai passé mon enfance dans le milieu du film et c’est peut-être l’une des raisons qui m’ont poussé à vouloir devenir réalisateur. »

Son ami d’enfance Miloš Forman était parvenu à intégrer la prestigieuse école de cinéma FAMU à Prague, mais le jeune Václav n’a jamais été accepté.

Václav Havel,  photo: CTK
« L’atmosphère des années 1950 et même 1960 ne m’a pas permis d’être accepté à la FAMU, sans laquelle il était exclu de travailler dans le cinéma. Donc j’arrive dans le cinéma déjà vieux, à la fin de ma carrière. Et comme je suis un débutant, je me suis entouré de vrais professionnels, à commencer par le cameraman Maliř, le producteur Bouček et d’autres. »

Sur le plateau, celui que tout le monde appelle Monsieur le Président jouit de cette autorité naturelle teintée d’humilité qui le caractérise.

« Je dois dire que je suis assez surpris de voir à quel point ça fonctionne bien. Je me balade sur le plateau et quand j’ai une idée je la dit à la personne qui se trouve à côté de moi. Et le jour suivant je vois que l’idée a été réalisée. Ça ne se passait pas comme ça quand j’occupais des fonctions politiques ! »

Dagmar Havlová,  photo: CTK
De politique il est aussi question dans le scénario de ce film, adapté de sa pièce intitulée Sur le départ : le personnage principal, le chancelier Rieger, doit quitter le pouvoir et sa vie personnelle s’en trouve bouleversée. Le personnage de sa femme est interprété par la deuxième épouse de Vaclav Havel, l’actrice Dagmar Havlová :

« Je veux souligner que le rôle a été écrit pour moi mais que ce n’est pas sur moi. C’est un honneur, et j’ai pu suivre l’évolution de la pièce au fur et à mesure que Václav l’écrivait. Je n’ai pas pu jouer la pièce au théatre mais nous avons vu une dizaine de mises en scène de la pièce dans le monde et je peux dire que je serai une Irena différente, avec ma personnalité, mes sentiments et mon talent. »

Václav Havel,  photo: CTK
Visiblement heureuse de pouvoir enfin jouer ce rôle écrit sur mesure, Dagmar Havlová confie qu’elle est quand même angoissée par la santé fragile de son réalisateur de mari, qui lui est angoissé par les délais à respecter.

Le tournage doit se terminer le 21 août ; la première du film, si tout se passe bien, est prévue en mars prochain. Le budget du film est estimé à environ 2,5 millions d’euros et le producteur indique être en contact avec des distributeurs américain et allemand.