Vacances : cette année, les Tchèques préfèrent rester chez eux

Krkonoše, photo: Magdalena Kašubová

De plus en plus de Tchèques préfèrent passer leurs vacances en République tchèque plutôt qu’à l’étranger. Ainsi, quelque huit millions de personnes voyageront cette année à l’intérieur des frontières du pays, selon l’Association du commerce et du tourisme (SOCR ČR), soit un million de plus que l’année dernière.

Krkonoše,  photo: Magdalena Kašubová
La Šumava et plus généralement la Bohême du Sud, ainsi que le massif des Krkonoše (Monts des Géants dans le nord-est de la République tchèque) et les Beskides (en MOravie, dans l'est du pays) sont les régions les plus fréquentées. Selon la SOCR ČR, cette tendance s’explique entre autres par les craintes que suscitent les attaques terroristes, mais aussi par le goût des Tchèques pour le cyclotourisme et les randonnées, et plus généralement par leur intérêt pour leur pays. Cette version est confirmée par Jana qui, en compagnie de son mari et de ses deux enfants, passe en ce début de mois d'août ses vacances dans la région de Liberec, dans le nord du pays :

« Nous sommes venus ici d’abord parce que j’y ai fait mes études et je voulais montrer le coin et ses environs à mes enfants. La première raison est donc d’ordre sentimental. C’est un peu par nostalgie. Et puis il y a tant de belles choses à voir et à découvrir dans notre pays… Il est vrai aussi que nous avions prévu d’aller passer une journée à Dresde, car ce n’est vraiment pas loin. Mais après les différentes attaques de ces dernières semaines, nous avons préféré y renoncer, car nous pensons que le risque est trop important et que c’est inutile. »

Photo: Barbora Kmentová
Destinations privilégiées dans un passé encore relativement récent, la Tunisie, l’Egypte et la Turquie, confrontées à des attaques terroristes, ne sont désormais plus des pays de prédilection pour les touristes balnéaires tchèques. La France aussi subit les conséquences des attaques à Paris et à Nice. Responsable à Prague des marchés tchèque et slovaque pour l’Office national du tourisme tunisien, Oussama Ben Yedder nous avait confirmé cette tendance en avril dernier. Dans le cas concret de la Tunisie, quelque 40 000 Tchèques s’y sont ainsi rendus en 2015, soit une baisse de fréquentation de près de 55% en l’espace d’un an :

« Cette année, et à l’instar de l’année dernière, c’est un climat d’incertitude qui entoure le consommateur et le voyageur tchèques. Ce qui n’a pas facilité la tâche des professionnels du tourisme, c’est que ce climat d’incertitude ne s’est pas apaisé, puisque nous avons été les témoins d’attaques terroristes sur plusieurs destinations touristiques, y compris dans des pays européens. Il y a aussi la crise des immigrés qui tarde à être résolue. Il n’est donc pas surprenant que les Tchèques, aujourd’hui, pensent à annuler des voyages, choisissent des destinations lointaines ou décident de rester chez eux. Ce sera là d’ailleurs la tendance principale pour la saison 2016 : la ‘staycation’, ou si vous préférez ‘rester chez soi’, en Tchéquie. »

Photo: Štěpánka Budková
Selon les chiffres communiqués jusqu'à présent par les agences de voyages, le nombre de séjours à l’étranger vendus a baissé de 15 % par rapport à 2015. Inversement, les réservations en République tchèque enregistrent une hausse de 15 à 20 %; l’intérêt des voisins allemands, polonais et slovaques est grandissant lui aussi.

Plus généralement, selon une enquête réalisée récemment par l’agence STEM/MARK, près de la moitié des Tchèques ont passé ou ont prévu de passer leurs vacances en République tchèque cette année, contre seulement 32 % encore l’année dernière. Seuls 16 % prévoient un séjour uniquement à l’étranger, la Croatie arrivant alors en tête, tandis que 15 % resteront chez eux et ne planifient ni voyage, ni même vacances.