Une rencontre franco-tchèque sur la scène du théâtre pragois Laterna magika

Rendez-vous, photo: Petr Nacic

C'est en une arène que s'est transformée, mardi soir, la scène du théâtre "Laterna magika" (Lanterne magique) où a été présentée la première tchèque du spectacle intitulé "Rendez-vous". Il s'agit d'une coproduction du théâtre pragois et de l'ensemble français La Compagnie Commun Instant. L'idée, la chorégraphie et la réalisation de cette production sont signées Jean-Pierre Aviotte, chorégraphe français qui connaît bien l'ensemble de Laterna magika pour avoir créé pour ce théâtre plusieurs spectacles. A l'issue de la représentation de mardi, il s'est entretenu avec Vaclav Richter sur les particularités de sa dernière production.

Votre spectacle s'intitule "Rendez-vous". Pourquoi "Rendez-vous"? Rendez-vous avec qui?

"C'est le rendez-vous d'un matador avec son ultime combat, son ultime corrida. Il est attendu par la mort. La mort est là, elle l'attend dans l'arène. Pourquoi la corrida? Quand j'ai assisté une fois à une corrida, une "feria", à Valence en Espagne, j'ai été admiratif du courage des matadors, parce que ce sont des hommes certainement très, très courageux pour aller dans l'arène. Et puis j'ai vu un ballet. Un ballet avec un taureau, animal représentant la force, et un matador représentant la séduction. Il y a deux formes de tauromachie. Il y a des matadors qui toréent avec des capes et il y en a d'autres qui toréent avec des muletas. Et quand on torée avec une cape, on se rend compte qu'il y a une espèce de personnage féminin, une espèce de danseuse entre cette force et cette séduction. Et les deux convoitent cette féminité. C'est un moment merveilleux. "

Où avez-vous trouvé les artistes de ce spectacle?

"Certains artistes de ce spectacle sont des gens qui travaillent avec moi, dans ma compagnie, depuis plusieurs années, donc il y a un groupe d'artistes chorégraphiques voués à l'acrobatie qui m'accompagnent. Il y a une danseuse qui s'appelle Suzanne Bilkova qui est d'origine tchèque et qui travaille dans ma compagnie aussi. Et puis le reste de l'effectif, ce sont des gens de l'ensemble du théâtre de Laterna magika. "

C'est une première tchèque mais le spectacle a déjà été donné en France, n'est-ce pas?

"Oui, le spectacle a été créé en août 2005 à Cathédrale d'images aux Beaux de Provence. Il faut savoir que Cathédrale d'images est un lieu où l'on fait de l'image totale. Ce lieu a été inspiré par le travail du scénographe Josef Svoboda, et Albert Plecy, fondateur de Cathédrale d'images, a créé un lieu d'images totales dans les anciennes carrières de calcaire aux Beaux. Donc, il y a des images énormes, dans lesquelles on a des perspectives très, très impressionnantes, des images qui dépassent 25 mètres de haut. C'est donc une grosse mise en scène d'images, mais il n'y avait pas de spectacle vivant. Et on s'est rencontré et notre compagnie s'est établie dans ces lieux. Donc, c'est notre théâtre, notre lieu de création. Ce qui est merveilleux, c'est d'avoir uni les deux éléments, c'est-à-dire Lanterne magique et Cathédrale d'images, qui ne s'étaient jamais rencontrés et allaient s'inspirer mutuellement. Donc, c'était aussi un rendez-vous de ces deux structures."

A Prague, le spectacle a été réalisé dans des conditions bien différentes. Etes-vous satisfait du résultat?

"A Prague, c'est vrai, on a adapté le spectacle parce que Cathédrale d'images est un lieu brut dans lequel on utilise deux scènes. Ici, il y a une configuration tout à fait différente. Ce qui a été le plus dur à retrouver, c'était un univers de mystère parce qu'à Cathédrale d'images le mystère existe par nature, il est acquis. C'est un lieu pharaonique... Et ici, il a fallu recréer à l'aide de la scénographie tout le mystère qu'il y avait là-bas. "