Une nouvelle exposition au Mémorial national des victimes de la répression de Heydrich

Photo: CTK

« Heydrichiada » : c’est sous ce dérivé du nom du protecteur du Reich Reinhard Heydrich qu’est désignée en tchèque la vague de répression menée par les nazis après l’attentat lui ayant coûté la vie en mai 1942. C’est donc un des évènements les plus marquants de la seconde guerre mondiale en Tchécoslovaquie, qui est exposé et expliqué en détails dans la crypte de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode, grâce à de nouvelles installations, inaugurées mercredi 20 janvier par le ministre de la Défense Martin Barták.

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C’est par une cérémonie religieuse qu’a commencé l’inauguration de la nouvelle exposition consacrée à l’histoire de l’attentat fomenté contre le gouverneur du protectorat de Bohême et Moravie Reinhardt Heydrich, suivi d’hommages militaires et de dépôts de fleurs là où les résistants tchécoslovaques ont poussé leur dernier souffle. Michal Burian de l’Institut d’histoire militaire rappelle l’importance de cet événement dans l’histoire tchécoslovaque :

« Pour nous les militaires, naturellement, cet endroit est l’un des plus mémorables, auquel nous rendons hommage. Nous avions à cœur de préparer une exposition qui leur rend honneur. »

En mai 1942, trois parachutistes tchécoslovaques envoyés depuis Londres attaquent la voiture du ‘Reichprotektor’ Reinhardt Heydrich dans le nord de la capitale tchèque. Le dignitaire nazi est touché par des éclats de grenade et décèdera de ses blessures huit jours plus tard. Les représailles sont terribles et vont constituer un des moments les plus tragiques de l’histoire tchécoslovaque puisque les nazis décident de littéralement anéantir deux villages d’où ils pensaient que les parachutistes avaient obtenu de l’aide pour organiser l’attentat. A Lidice et à Ležáky, les hommes sont massacrés, les femmes sont envoyées dans des camps de concentration et les enfants sont sélectionnés. Ceux qui correspondent aux critères de la « race aryenne » sont placés dans des familles allemandes tandis que les autres sont envoyés dans le camp d’extermination de Chelmno.

Le buste de Josef Valčík dans la crypte de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode à Prague | Photo: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.
Les trois auteurs de l’attentat, Josef Valčík, Jozef Gabčík et Jan Kubiš, et quatre autres parachutistes se réfugient dans la crypte de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode à Prague, située à côté de la place Charles dans le quartier de la nouvelle ville de Prague. Dénoncés par le quatrième membre du commando arrivé de Londres, ils sont assiégés par 800 hommes des troupes SS et de la Gestapo, qui remplissent la crypte d’eau pour les noyer. Les résistants finissent par se donner la mort.

Les bustes de Jozef Gabčik et  Jan Kubiš  dans la crypte de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode | Photo: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.
C’est dans la crypte de l’église qu’est exposée toute l’histoire de l’attentat, de sa préparation en Angleterre aux représailles qu’il a engendré. La crypte a été néanmoins agrandie en 1995, à l’occasion de la réouverture du mémorial national des victimes de la répression. A noter que dès 1945, une petite exposition y avait été installée, mais elle avait été aussitôt fermée avec l’arrivée des communistes au pouvoir, les parachutistes étant considérés comme des ennemis du régime. Dans ces conditions, Michal Burian se félicite de l’ouverture de cette nouvelle exposition :

« Je suis très content que nous ayons réussi 15 ans après l’ouverture du mémorial des victimes de cette répression à mettre en place une nouvelle exposition qui répond aux besoins de ce début de XXIe siècle, pour qu’elle donne des informations élémentaires à nos visiteurs, même étrangers, puisque l’exposition est dans deux langues. Et j’espère que cet endroit sera visité par plus d’écoles, pour que notre jeunesse ait plus d’informations sur le déroulement de ces évènements et qu’ils apprennent qu’il y avait un groupe de héros dont il faut se rappeler. »

La nouvelle exposition offre au public des documents plus clairs, des photos de meilleure qualité, et un film tourné par les Nazis eux-mêmes sur le massacre de Lidice. Dans la crypte, ont été installés sept bustes des parachutistes.

Photos : Barbora Kmentová