Une exposition inaugurée à Ústí nad Labem rend hommage aux antifascistes allemands de Sudètes

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Au départ, il y a eu une excuse du gouvernement tchèque précédent formulée en juin 2005 aux antifascistes allemands sur le territoire de l’ancienne Tchécoslovaquie durement frappés par les mesures prises après la guerre à l’égard de la population dite ennemie à l’époque. Un projet intitulé « Les Héros oubliés » a vu alors le jour. Son objectif était de rechercher et documenter les destinées des adversaires allemands du nazisme. Trois ans après, le projet est terminé et ses résultats ont été présentés, jeudi dernier, dans la ville d’Ústí nad Labem.

L’Institut d’histoire moderne, les Archives nationales et le Musée d’Ústí nad Labem ont été chargés de rechercher des résistants actifs au nazisme ou leurs familles et de récolter leurs témoignages. On écoute l’historien Oldřich Tůma :

« Plus de 130 familles ont été contactées dans le cadre du projet. Grâce à elles nous avons pu réunir des photos, des journaux, des notes personnelles et d’autres documents. Une base de données sur les antifascistes allemands a été créée et déposée dans les Archives nationales. Cette base qui ne cesse d’être complétée comprend actuellement plus de 100 000 données. Nous avons recueilli plus de 70 témoignages de personnes directement concernées ou leurs familles en RT, en Allemagne, en Autriche, mais aussi en Grande-Bretagne, au Canada et aux Etats-Unis. »

Tomáš Kosta est le président de la commission de surveillance du projet et conseiller du ministre des Affaires étrangères. Il précise en quoi consistait la résistance de ces héros oubliés :

« A part quelques rares hommes qui ont combattu l’arme à la main, il existait différentes formes de courage et de résistance civiques : certains on aidé des voisins poursuivis, envoyé des de paquets d’alimentation en prison, refusé d’adhérer aux SS au prix de sanctions, d’autres ont eu le courage de cacher des résistants actifs à Hitler ou ont encore aidé ces derniers à s’exiler. Ce projet a permis, pour la première fois, de donner un espace à ces Allemands antifascistes qui sont restés fidèles à l’Etat tchécoslovaque démocratique de l’entre-deux-guerres. »

Face aux persécutions subies après la guerre, comme la perte de leur logement et de leur emploi, certains antifascistes ont préféré partir en Allemagne dans le cadre de ce qu’on appelait alors « déplacements volontaires ». On était dans l’immédiat après-guerre et nos pensées étaient contaminées par les idées nazies, a dit lors de la présentation du projet le chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg:

« Nous avons alors, hélas adopté la thèse atroce de la culpabilité collective … Grâce au projet, nous avons retrouvé nos anciens alliés dans le combat contre Hitler. Parmi ses adversaires, il y avait les ouvriers, les syndicalistes, les membres de divers partis politiques, ainsi que les simples citoyens et aussi beaucoup de prêtres. Le projet leur exprime une excuse symbolique. »

Neuf publications – et le chiffre n’est pas définitif – ont été publiées dans le cadre du projet « Les héros oubliés. » Le résultat le plus important des travaux de trois ans - une exposition permanente inaugurée à l’Université d’Ústí nad Labem qui rappellera les destinées de ces gens oubliés et ignorés.

Photos: Andrea Fajkusová