Un violoncelliste exemplaire

Milos Sadlo (Photo: CTK)

Une vie remplie de musique jusqu'au bord est terminée. Le violoncelliste Milos Sadlo vient de s'éteindre à Prague à l'âge de 92 ans.

Milos Sadlo  (Photo: CTK)
La musique tchèque a donné au monde une des plus belles compositions jamais écrites pour violoncelle, le concerto en si mineur d'Antonin Dvorak. Et elle a donné au monde aussi un violoncelliste capable de saisir et d'exprimer les beautés de ce chef d'oeuvre. Grâce au disque, nous disposons aujourd'hui de nombreux témoignages sur l'art de Milos Sadlo. Sa vie, c'était pratiquement tout un siècle dans la musique. Deux personnalités ont marqué profondément son évolution artistique, son professeur Karel Pravoslav Sadlo dont il a adopté le nom et le magicien du violoncelle, Pablo Casals. Au moment où il a rencontré Casals il était déjà un musicien connu, professeur à l'Académie de musique à Prague, mais il était loin d'assouvir son désir d'apprendre et de jouer encore mieux. Avec humilité et modestie, sans idées préconçues, il a pris part à des cours d'interprétation donnés par Casals à Prades car il partageait sans doute la conviction de Casals que "l'artiste, tel le Phénix, cet oiseau fabuleux, doit renaître chaque jour des cendres de sa personnalité d'hier."

Avec les années, le répertoire de Milos Sadlo a englobé pratiquement toutes les grandes compositions classiques et romantiques pour violoncelle et aussi un nombre considérable d'oeuvres modernes. Certains compositeurs, dont Rezac et Sommer, ont créé spécialement pour lui. Il était aussi membre de plusieurs ensembles de chambre renommés, dont le Quatuor de Prague et le Trio tchèque. C'est lui qui a présenté en première audition moderne le concerto en ut majeur de Joseph Haydn et il a été le premier à enregistrer aussi le premier concerto en la majeur, oeuvre perdue de la jeunesse de Dvorak, qui n'a été retrouvée qu'au XXème siècle. Son talent était quasi universel et il ne manquait pas de sensibilité particulière pour la musique française. En 1957 on a pu lire dans la revue les Lettres françaises ce compte-rendu sur son récital donné à Paris: " Et comme il comprit bien le charme et l'ironie de la Sonate de Debussy! Ses pianissimi sont ravissants et sa sonorité reste pure et claire dans l'aigu. Peu de musiciens étrangers s'adaptent avec autant de bonheur à cette musique si française d'esprit."