Un nouveau documentaire sur Miloš Forman : une vie et une carrière contre vents et marées

Le 8 octobre prochain sort dans les salles un documentaire sur le réalisateur américain d’origine tchèque Miloš Forman. Avec Milan Kundera et évidemment Václav Havel, il doit être le Tchèque le plus connu dans le monde. Cinq ans de travail auront été nécessaires pour réaliser ce documentaire intimiste de Miloslav Šmídmajer. C’est son troisième opus consacré à Miloš Forman.

« Ce qui ne te tue pas... » est le titre de ce documentaire, variation sur la phrase de Nietzche, qui se termine normalement par «... te rend plus fort ». Force est de constater qu’elle colle parfaitement au destin du plus connu des réalisateurs tchèques, Miloš Forman. Des parents déportés pendant la guerre, une vie difficile sous le communisme et la censure, malgré l’éclaircie des années 60, l’émigration et la séparation d’avec ses enfants. Si comme dans les histoires, tout est bien qui finit bien, le documentaire de Miloslav Šmídmajer montre avec pudeur et simplicité les aléas de son existence.

Miloslav Šmídmajer
L’histoire de Miloš Forman c’est aussi et avant tout un fil rouge qui traverse à la fois sa carrière et son existence, comme le souligne le réalisateur Miloslav Šmídmajer :

« Dans les thèmes de ces films, c’est très simple. Pour lui, c’est la liberté de l’homme qui compte avant tout. En ce qui concerne sa vie, c’est la même chose : il voulait être libre, c’est pourquoi il vit en Amérique et non pas en République tchèque. D’une part les régimes dictatoriaux se sont succédés et en outre, nous ne sommes que dans la phase d’apprentissage de la démocratie. Pas là-bas. Et Miloš Forman se sent bien là-bas... »

Annette Bening
Tout au long du documentaire, le réalisateur suit Miloš Forman de Prague à New York, en passant par Paris. Il interroge plusieurs acteurs et actrices qui ont tourné sous la direction de Forman comme Annette Bening, Javier Bardem, ou encore l’interprète de Salieri dans son film Amadeus. Plusieurs moments laissent poindre une émotion retenue, lorsque Forman raconte l’arrestation de sa mère sous l’Occupation, ou encore son dernier souvenir de son collègue cinéaste François Truffaut. Miloslav Šmídmajer :

Miloslav Šmídmajer et Miloš Forman
« Miloš Forman a une très forte relation avec la France, c’est un peu un deuxième foyer. Il y a beaucoup d’amis, notamment des cinéastes, parmi lesquels il y avait François Truffaut, Claude Berri... Je ne pouvais pas ne pas le mentionner dans le film : hormis la famille, Miloš Forman est effectivement la dernière personne à avoir vu François Truffaut avant sa mort. La scène qu’il raconte est vraiment très émouvante. »

François Truffaut et Miloš Forman, une histoire qui datait déjà de l’époque de son film Au feu les pompiers. Miloslav Šmídmajer :

Miloš Forman
« C’est François Truffaut et Claude Berri qui lui ont sauvé la mise. Miloš Forman avait des problèmes avec le film en Tchécoslovaquie. Carlo Ponti voulait récupérer son argent, à cause de cela il risquait gros vis-à-vis de l’Etat socialiste, il risquait la prison. Et ces cinéastes français ont racheté les droits du film, la part de Ponti. Le film est parti à Cannes et en distribution mondiale. »

'Au feu les pompiers'
Malheureusement, Au feu les pompiers, favori de la compétition, ne sera jamais présenté à Cannes où le festival est rattrapé par les événements de Mai 68. Avec 45 ans de carrière et une quinzaine de films, Miloš Forman n’est pas près de décrocher... Et si son dernier projet en date, l’adaptation du roman de Georges Marc Benamou, Le fantôme de Munich, ne devrait finalement pas se concrétiser, nul doute qu’il trouve encore de quoi surprendre son public avec un film qui fera date.