Un excédent budgétaire record pour la République tchèque en 2016

Andrej Babiš, photo: ČTK

Jamais encore depuis sa création il y a vingt-quatre ans de cela, l’Etat tchèque n’avait encore aussi bien géré ses finances. C’est du moins ce que pourraient laisser penser les chiffres. Mardi, le ministre des Finances, Andrej Babiš, a confirmé ce qui était annoncé depuis quelques mois déjà : avec près de 62 milliards de couronnes (2,3 milliards d’euros), l’excédent budgétaire pour 2016 a atteint un niveau record dans l’histoire du pays. Mais s’il s’agit d’une bonne nouvelle dans l’optique de la poursuite de la réduction de la dette publique, un certain nombre de voix s’élèvent également pour critiquer notamment les mauvaises prévisions du ministère ou les investissements insuffisants du gouvernement alors que tous les voyants économiques sont au vert.

Andrej Babiš,  photo: ČTK
132 milliards de couronnes (soit près de 5 milliards d’euros) : telle est la différence entre le montant du déficit (70 milliards de couronnes, soit 1,2% du PIB) qui avait été initialement prévu à l’automne 2015 lors de l’adoption du budget de l’Etat par le Parlement et le bilan à l’issue de l’exercice 2016. Comme n’ont pas manqué de gloser les leaders des partis de l’opposition ou certains économistes et autres analystes, cela faisait bien longtemps qu’un budget n’avait plus été aussi mal planifié par un ministre des Finances. Heureusement pour Andrej Babiš, le résultat final est positif, et même très positif. Depuis 1995, où la somme des recettes avait dépassé de 7 milliards de couronnes celle des dépenses, la République tchèque n’avait plus enregistré le moindre excédent budgétaire. Andrej Babiš s’en dit convaincu : l’augmentation des recettes fiscales, la bonne condition économique du pays ainsi que la réduction des dépenses courantes ou encore les économies réalisées sur le service de la dette sont les principaux facteurs de l'amélioration de l'état des finances publiques. Et selon le ministre, cet argent supplémentaire disponible doit d’abord servir à ce qui constitue pour lui une priorité depuis son engagement en politique il y a un peu plus de quatre ans de cela :

« Je pense que si nous avons des dettes, et que cette opération est plus ou moins comptable, il convient d’utiliser cet excédent pour les rembourser. Si nous investissons tout l’argent dont nous disposons actuellement et que l’année prochaine s’achève sur un déficit, il se peut que nous soyons contraints d’emprunter. »

Bohuslav Sobotka,  photo: ČT24
Sur ce point précis, Andrej Babiš est sur la même longueur d’ondes que le Premier ministre. Bohuslav Sobotka estime lui aussi que cet excédent doit d’abord permettre de faire en sorte que le budget reste équilibré cette année, et ce alors qu’un déficit de 60 milliards de couronnes a été prévu pour 2017 (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/budget-de-letat-un-deficit-prevu-pour-2017-mais-un-excedent-attendu) :

« Cet argent est une chance de réduire le déficit du budget de l’Etat cette année. Cet excédent est le résultat de la politique menée par le gouvernement qui favorise la croissance et les investissements. C’est pourquoi je pense que la réduction du déficit doit demeurer une priorité. »

Le chef du gouvernement n’oublie pas non plus que la République tchèque a grandement profité en 2016 des subventions européennes, celles-ci servant à financer nombre de projets et permettant de réduire les investissements de l’Etat. Mais c’est précisément sur cet aspect que le gouvernement est le plus critiqué par les représentants de l’opposition, et notamment par l’ancien ministre des Finances et actuel leader du parti libéral TOP 09, Miroslav Kalousek :

Miroslav Kalousek,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« L’excédent s’explique en grande partie par la croissance économique. C’est une bonne chose qu’il en soit ainsi, mais le gouvernement n’a aucun mérite. Mais il s’explique par l’incapacité du gouvernement à investir, puisqu’il n’a pas dépensé l’argent qui était pourtant prévu à cet effet. Dès lors, la seule chose raisonnable qu’il reste possible de faire est de réduire la dette publique. Là-dessus, je ne peux être que d’accord avec le ministre des Finances. »

Et que faire de l’argent « en trop » ou d’un argent qui n’était pas nécessairement prévu est un souci que nombre de pays européens envient très certainement à la République tchèque.