Un économiste propulsé à la direction de la Galerie nationale

Vladimír Rösel, foto: ČTK

L’économiste Vladimir Rösel a été nommé nouveau directeur de la Galerie nationale de Prague, institution réunissant plusieurs grands musées d’art ancien et moderne et organisme le plus important de son genre en République tchèque. En confiant ce poste à un manager, le ministre de la Culture Jiří Besser a manifesté son désir de remanier les structures économiques de cette institution.

Le ministre de la Culture Jiří Besser,  photo: CTK
Le directeur sortant de la Galerie nationale, Milan Knížák, est une personnalité controversée. Il dirige la Galerie depuis douze ans, et ses critiques lui reprochent, entre autres, d’avoir imposé ses intérêts et ses propres œuvres artistiques dans cette institution. La presse se demande donc logiquement quelles sont les intentions du nouveau directeur, quelle est sa conception et dans quelle mesure il se départira du style de son prédécesseur. Les réponses à ces questions données à la presse par le ministre de la Culture ont été plutôt évasives :

« Monsieur Rösel entrera en poste le 1er juin prochain et, pendant les trois mois qui suivront, il s’installera progressivement à la direction de la Galerie nationale. Après ces trois mois, il présentera une nouvelle conception d’ensemble de la Galerie nationale. J’insiste sur le fait que, parmi tous les candidats à ce poste, c’est lui qui a présenté le meilleur projet de conception de la Galerie nationale. »

Vladimír Rösel,  photo: CTK
L’artiste et professeur de l’Académie des Beaux arts Milan Knížák sera donc relayé par Vladimír Rösel, fondateur, sociétaire et représentant de la société de placement Lombard Advisory Partners. Interrogé sur ses intentions, le nouveau directeur se montre extrêmement prudent et très avare en déclarations pour la presse. Il se réserve maintenant un délai pour étudier la situation de la Galerie nationale et refuse de brusquer les choses :

« Ce qui serait la pire des possibilités, ce serait de venir et de commencer immédiatement à imposer de nouvelles solutions. Il faut d’abord que les choses se mettent en place. Vous travaillez avec des gens qui ne sont pas habitués à des changements immédiats et rapides. »

Tomáš Pospiszyl
La presse, les historiens de l’art et les artistes se demandent maintenant si un économiste sera en mesure de comprendre les structures et les besoins d’une institution artistique. Ces doutes sont partagés aussi par l’historien d’art Tomáš Pospiszyl :

« La Galerie nationale ne peut pas être dirigée seulement avec des méthodes de management comme n’importe quelle autre institution. D’autre part, les problèmes auxquels la Galerie nationale doit faire face sont aussi des questions de management et de fonctionnement de cette institution dans son ensemble. C’est une institution qui a des problèmes financiers, qui est trop grande et se retrouve donc dans la nécessité de procéder à une restructuration. »

Dans ses rares déclarations, Vladimir Rösel cherche à dissiper ces doutes. Il affirme que son expérience d’économiste pourrait être très avantageuse pour la Galerie nationale et promet de s’entourer de véritables spécialistes pour prendre des décisions qualifiées sur les problèmes artistiques de la Galerie. Parmi ces spécialistes figure, entre autres, l’historien Vít Vlnas, directeur de la Collection d’art ancien de la Galerie nationale.

Toujours est-il que la situation de Vladimir Rösel ne sera pas facile et que le nouveau directeur sera étroitement suivi et critiqué par ceux qui n’ont pas confiance en lui. Le ministre de la Culture estime qu’il faut lui laisser un an pour qu’il puisse mettre en œuvre sa conception et convaincre de ses compétences même ceux qui doutent aujourd’hui de ses qualités.