Trafic de drogue : l’utilisation des bitcoins à la Poste tchèque pose problème

Photo: ČT24

L’aéroport de Prague a enregistré une hausse de 40% du nombre de colis interceptés contenant de la drogue. Selon les douaniers, il s’agit d’un procédé très fréquent pour faire passer de la drogue en secret. En tant qu’intermédiaire, la Poste tchèque ne sort pas indemne de cette situation. Récemment, en effet, la Poste a mis en place l’achat de bitcoins, une monnaie virtuelle qui facilite l’achat anonyme de substances illégales.

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Si la découverte du trafic de drogue, transportée dans des bagages, est facilitée à l’aéroport par la présence de chiens dressés, dans la majorité des cas, la drogue est interceptée dans des colis et des enveloppes envoyés depuis l’étranger. L’année dernière, près de 400 enveloppes et colis contenant des substances illégales ont été saisis. La Poste tchèque devient ainsi, malgré elle, une entreprise qui facilite l’acheminement des drogues vers leurs destinataires, aux côtés des sociétés de transport express et des coursiers. A ce sujet, le directeur de la Centrale nationale antidrogue, Jakub Frydrych, a indiqué :

Jakub Frydrych,  photo: Marián Vojtek,  ČRo
« Cette manière réduit le danger des risques de détection. La personne se laisse envoyer le courrier par-delà les frontières, au lieu de faire passer la drogue sur soi. »

Ce trafic de drogue peut notamment avoir lieu à travers l’achat de bitcoins, qui désigne à la fois un système de paiement à travers le réseau Internet et une unité de compte utilisée par ce système de paiement. S’il est possible de payer avec cette monnaie depuis six ans déjà, les Tchèques n’utilisaient le bitcoin que très rarement. Mais désormais, la Poste tchèque semble permettre des transactions avec cette monnaie virtuelle. De plus en plus fréquemment, le client potentiel qui commande de la drogue par le biais d’internet, a recours à ce moyen de payement anonyme. Si, jusqu’à présent, il était possible d’acheter des bitcoins uniquement dans des machines spécialisées en libre-service, depuis mercredi dernier, et à travers le service EasyCoin, il est possible d’acheter de cette monnaie dans les bureaux de la Poste tchèque, ainsi que dans ceux de la société de loterie Sazka, ce qui représente près de 8 000 points de vente.

Le ministre des Finances, Andrej Babiš, et son collègue de l’Intérieur, Milan Chovanec, se sont dit indignés par le fait que la Poste, en tant qu’établissement public, puisse permettre ce type de transactions illégales. Ecoutons tout d’abord le vice-premier ministre Andrej Babiš :

Photo: Press Servis BitCoin
« Pour moi, c’est un choc. Je n’ai aucune idée de quoi il s’agit. A ce que je sache, personne ne paye avec des bitcoins. Cette monnaie n’a pas non plus bonne réputation. Cela doit être une erreur. Ce n’est pas normal. »

En raison de cette situation quelque peu délicate, le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, compte rencontrer Martin Elkán, directeur général de la Poste, pour qu’il lui donne quelques explications. Milan Chovanec :

« Dans la mesure où les bitcoins sont un instrument de payement pour des transactions illégales, je ne suis pas certain qu’il soit souhaitable qu’une entreprise publique procède à ces transferts. Je vais donc exiger des explications. Le fait que la Poste assure le paiement par bitcoins, est une information tout à fait nouvelle. On va vouloir savoir pourquoi la Poste a pris cette direction. »

Déjà, le porte-parole de la Poste, Matyáš Vitík, a expressément réagi en soulignant que dans ce genre de situations, la Poste n’était qu’un simple intermédiaire entre les différentes transactions :

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« La Poste tchèque a conclu un contrat avec une société pour effectuer des paiements visant à permettre aux clients le paiement en espèces aux guichets de la Poste pour des services dont le client a fait la demande. »

Si les colis internationaux provenant, par exemple, des Pays-Bas ou même de la Chine, peuvent être interceptés plus facilement, il est cependant plus difficile de mettre la main sur des courriers nationaux.