Tennis – Fed Cup : les Tchèques en France pour enrichir leur collection

Karolína Plíšková, Petr Pála a Lucie Hradecká, photo: ČTK

Double tenante du titre, l’équipe de République tchèque de tennis féminin affrontera la France en finale de la Fed Cup, ces samedi et dimanche à Strasbourg, avec la perspective de soulever le trophée pour la cinquième fois en six ans. Une série rare et une réussite exceptionnelle dans l’histoire du sport tchèque que Karolína Plíšková, Petra Kvitová et Cie, grandes favorites, entendent bien poursuivre, et ce malgré l’ambition de Françaises qui rêvent d’un exploit devant leur public.

Karolína Plíšková,  Petr Pála a Lucie Hradecká,  photo: ČTK
« Bien sûr, la marche est très haute. On aura affaire à une équipe [la République tchèque] qui non seulement est très forte sur le papier, mais évolue aussi souvent à un très haut niveau dans cette compétition puisqu’elle a gagné quatre des cinq dernières éditions. On va donc prendre les chances qu’il y aura à prendre et on verra. »

La capitaine Amélie Mauresmo ne s’en pas caché : pour l’équipe de France, battre la République tchèque en finale de la Fed Cup équivaudrait à « un exploit ». Lorsque l’on est amateur de sport dans un pays de la taille de la République tchèque, on est plutôt habitué à entendre le mot « exploit » sortir de la bouche de ses propres représentants. Qu’il s’agisse de football lorsque l’équipe nationale se mesure à l’Allemagne ou de hockey quand la Reprezentace défie le Canada, comme cela a été le cas ces deux derniers mois, cela aurait constitué un authentique exploit si la République tchèque était parvenue à s’imposer contre un de ces deux adversaires. Cela n’a pas été le cas, (très) loin s’en faut d’ailleurs, mais c’est là une autre histoire…

En tennis, et plus particulièrement en tennis féminin, le refrain est tout autre. Car disons-le franchement, et sans aucune forme de parti-pris, on imagine mal, à l’avant-veille des deux premiers matchs de simple, la République tchèque ne pas remporter à Strasbourg une nouvelle fois la Fed Cup. Et Petra Kvitová, pierre angulaire de tous les succès tchèques depuis la première finale en Russie en 2011, n’envisage pas les choses autrement non plus :

Petra Kvitová,  photo: ČTK
« Je pense que c’est une compétition que nous aimons toutes beaucoup. Nous apprécions nous retrouver et gagner ensemble. C’est toujours quelque chose de très fort. Personnellement, quand je suis sur le court avec ma jupe rouge et mon maillot bleu, que je sens le soutien de nos supporters et de toute l’équipe sur le bord du terrain, c’est vraiment quelque chose de spécial. »

Les joueuses tchèques, et c’est sans doute là un des éléments de leur réussite, ne se lassent pas de leur série de victoires dans une compétition qui, comme la Coupe Davis chez les hommes, bénéficie traditionnellement de l’intérêt du public et des médias. Très en confiance, sûres de leur potentiel et fortes d’un état d’esprit collectif irréprochable qui les contraint à mettre égo et éventuels soucis personnels de côté, elles comptent sur une émulation saine et naturelle entre elles.

Avec Karolína Plíšková, qui a explosé au plus haut niveau ces deux dernières années, Lucie Šafářová, absente ce week-end mais qui a toujours su assumer ses responsabilités les saisons précédentes, et bien entendu Petra Kvitová, vainqueur du masters « bis » de Zhuhai (Chine) la semaine dernière, le capitaine Petr Pála, personnage discret à la tête de l’équipe depuis neuf ans, sait qu’il peut compter sur trois joueuses de simple qui figurent ou ont déjà figuré dans le Top 10 mondial et possèdent le statut de finaliste ou de vainqueur en Grand Chelem. Et avec Plíšková et Kvitová pour affronter la France, sans oublier Barbora Strýcová, actuelle 20e mondiale, Petr Pála dispose d’un arsenal que la majorité des autres capitaines de Fed Cup peuvent lui envier. Bien conscient d’être un privilégié, l’entraîneur tchèque se félicite aussi, avant cette finale en France, du récent retour en forme de Petra Kvitová après une saison 2016 particulièrement compliquée et décevante :

« Sa médaille olympique a été un grand succès et a reboosté Petra. Depuis, ses performances vont crescendo. Elle a battu de très bonnes joueuses et même si elle n’est pas parvenue à se qualifier pour le Masters, il ne lui a pas manqué grand-chose. La saison a été longue et n’a pas été très bonne, c’est vrai, mais Petra remonte la pente. Je suis convaincu qu’elle répondra encore présent ce week-end. »

Amélie Mauresmo,  photo: Carine06,  CC BY-SA 2.0
Il y a un an et demi de cela, la République tchèque avait déjà battu la France en demi-finales. A l’époque, à Ostrava, Kvitová et Šafářová avaient remporté les trois premiers simples contre Caroline Garcia et Kristina Mladenovic et vite plié l’affaire (3-0). Cette fois, Amélie Mauresmo, qui compte sur le soutien du public strasbourgeois pour cela, espère que le scénario de la rencontre sera différent :

« Les Tchèques sont bien sûr favorites. Pourquoi on peut quand même y croire ? Parce qu'on parle de sport. Je dis souvent aux filles que le classement reflète cinquante-deux semaines, toute une saison, mais j'ai aussi envie de dire que nous n’avons besoin que de deux jours. Il peut se passer beaucoup de choses sur deux jours et sur cinq matches. Nous avons un potentiel aussi avec des filles qui sont capables, à certains moments dans leur saison, d'élever leur niveau de jeu pour battre parfois des Top joueuses. À nous donc de les mettre dans les meilleures conditions possibles pour que sur ces deux jours-là elles arrivent à cela, même si ce sera très difficile. »

Ce le sera effectivement fort probablement pour une équipe de France qui n’a plus remporté la Fed Cup depuis 2003, mais si cela devait être facile, ce ne serait alors plus un exploit.