« Street for Art » : la place de la culture dans la banlieue de Prague

Photo: Facebook du festival Street for Art

La septième et dernière édition du festival de la culture dans l’espace public se tient à Prague du 18 au 24 septembre. Parallèlement est organisée une conférence intitulée « Praga Caput Cultura » sur la culture et l’urbanisme, qui réunit des spécialistes des questions urbaines en provenance de toute l’Europe. Ses conclusions devraient alimenter le plan stratégique de la culture dans la capitale tchèque. Au micro de Radio Prague, le directeur du festival David Kašpar.

La culture a sa place dans les quartiers périphériques de Prague. La culture locale a une portée à l’échelle de toute la ville. C’est ce que les organisateurs du festival « Street for Art » (littéralement, « La Rue pour l’Art ») ont cherché à faire comprendre à la municipalité de Prague. Avec succès, car la culture dans les banlieues constitue désormais un des piliers de la planification urbaine. Fini donc la conviction selon laquelle le centre-ville est l’unique espace culturel légitime. En charge de la société d’intérêt public qui promeut la culture dans le 14e arrondissement de Prague, David Kašpar explique :

« La culture en tant qu’élément moteur de la vie renforce le lien entre les habitants et leur quartier. Le sentiment d’appartenance qu’éprouvent les gens est la base d’une vie de qualité dans toute localité. La culture est donc l’initiateur des rencontres sociales dans une localité et contribue ainsi à une meilleure qualité de vie. »

Preuve du succès du festival, la culture locale retrouve sa place notamment dans l’esprit des planificateurs urbains à la mairie de Prague. C’est pourquoi la conférence internationale intitulée « Praga Caput Cultura » se déroule non pas à la résidence du maire dans le centre de Prague, mais justement dans le quartier périphérique de Černý most, dans le cadre du festival, ces jeudi et vendredi. Pour David Kašpar, cette conférence démontre quelle importance accorde la mairie de Prague à la culture locale :

David Kašpar,  photo: Radio Wave
« La conférence est la première rencontre de travail pour la création de la stratégie culturelle de Prague. La ville dispose d’un document détaillant la conception de la politique culturelle mais il arrive à échéance cette année. C’est pourquoi les planificateurs urbains ont été chargés d’élaborer un nouveau document et les thématiques abordées lors de la conférence en feront partie. Il s’agit de l’art dans l’espace public, de la culture locale ou du tourisme. Les conférenciers que nous avons invités viennent de Londres, de Berlin, mais surtout de Vienne, la capitale autrichienne étant une grande source d’inspiration pour nous. »

En dehors de cette rencontre professionnelle, et toujours dans le cadre du festival « Street for Art », les habitants de Černý most raconteront au cours de quatre soirées leur expérience de la vie du quartier. Leurs récits seront complétés par des concerts, notamment des Frères Orff, invités de la dernière journée du festival. Ils clôtureront non seulement l’édition 2014, mais aussi sept années d’efforts des organisateurs.

Photo: Facebook du festival Street for Art
« Notre approche de ce festival était surtout intuitive. Lors de la première édition, nous avons exploré l’art dans la rue et les graffitis, mais, dès le début, nous avons concentré notre attention sur le contact avec les gens dans l’espace public. Nous considérons la rue comme un espace de rencontres entre les gens et la culture, et ce surtout parce que les quartiers périphériques ne disposent pas des institutions et des locaux adéquats pour accueillir les projets culturels. Dans les autres éditions du festival, nous avons étudié les limites de cet espace public, le phénomène du voisinage dans les banlieues, jusqu’à en arriver à la thématique de cette année qui explore la faculté de la culture à tisser des liens entre les gens et l’endroit où ils vivent. Tout au long de ces sept années, nous avons réussi à impliquer les différentes communautés locales dans l’organisation du festival et avons fait le tour des thématiques essentielles. Dès lors, je considère aujourd’hui que c’est une vertu de savoir mettre fin au festival, car il n’y a rien de plus triste qu’un festival qui ne se poursuit plus que par pure inertie mais qui oublie son sens initial. Nous savons quel était le sens de notre festival et nous savons aussi qu’est venu le temps de le clôturer. »

Si cette année marque donc la fin du festival « Street for art », les différentes activités sont vouées à se poursuivre à l’avenir, sous la tutelle des communautés locales à condition bien entendu que celles-ci souhaitent s’en saisir.