Smog et sécheresse torturent la Tchéquie

slunce_zapad1.jpg

Canicule en été, sécheresse le reste de l'année, plus de neige en hiver, le smog dans les grandes villes... Est-ce l'avenir du climat en Tchéquie ?

Cet été, on a vécu une canicule jamais vue. Le thermomètre a battu des records historiques. Il ne pleuvait pas et dans un grand nombre de régions, la situation était devenue alarmante : les habitants étaient menacés d'une pénurie d'eau potable. On attendait l'automne et les pluies qui, habituellement, accompagnent cette saison. Pour l'instant, il n'en est rien. Le ciel est couvert, mais pas par des nuages de pluie, mais par l'inversion, c'est à dire une sorte de haut brouillard. Les précipitations ne restent que sporadiques. En cette saison, normalement, les chutes de neige sont tout à fait normales. Le proverbe tchèque ne dit-il pas que « saint Martin arrive sur son cheval blanc » ? Saint Martin est passé, mais sur un étalon gris. La météo nous prévoit un temps semblable, plein de grisaille, même jusqu'à Noël, mais sans pluie.

Les agriculteurs, les spécialistes de l'hydraulogie tirent le signal d'alarme. Les organisations des eaux et forêts tchèques ont sonné l'alarme depuis le début de l'automne. Les lits de certaines rivières sont asséchés, même le grand fleuve, l'Elbe, n'est pas capable d'assurer la navigation. Les compagnies de transport fluvial sont au bord de la faillite, les mariniers au bord du chômage. De leur côté, les éleveurs manquent de fourrage et les agriculteurs voient leurs semences hivernales se mourrir dans un sol craquelé. Sur les grands lacs de barrage, le niveau est à son minimum, avec un déficit de 10 mètres et plus, et les plaisanciers craignent pour leurs embarcations de toutes sortes. On ne peut les ramener au rivage faute de fonds et, si l'hiver était rude, elles seraient menacées de destruction par les glaces.

Dans les grandes villes, surtout la capitale Prague, un autre phénomène apparaît avec l'inversion : le smog. A Prague, la situation devient aussi catastrophique qu'à Ostrava, la grande ville industrielle de Moravie du Nord. Le smog, ce mélange de poussières, d'exhalations, des gaz d'échappement, devient dangereux pour la santé des Pragois. Les spécialistes assurent que la qualité de l'air de Prague s'est améliorée. Oui, en ce qui est des grandes centrales thermiques ou d'insinération. Non en ce qui concerne la cimenterie de Radotin. Non, surtout, quand à la pollution créée par la circulation automobile. Dans ce cas, le nombre de véhicules est en hausse, Prague se transforme souvent en un immense bouchon, les voitures roulent au pas et se garent n'importe où et n'importe comment. Ajoutons encore le nombre énorme de chantiers : constructions, ravalements, destructions. Tout cela crée un air pragois qui devient irréspirable. Les normes des taux de poussière sont largement dépassées dans la majorité des arrondissements. Que faire ? La mairie travaille sur un plan d'assainissement concernant surtout la circulation automobile. Il devrait être appliqué le plus rapidement possible. Pourtant, la ménagère pragoise ne verra certainement pas la couche de poussière qu'elle doit, tous les jours, essuyer sur ses meubles, le parapet de ses fenêtres, disparaître pour autant. Les statistiques sont claires : les plus grands pollueurs pragois sont les autobus, les camions, les entreprises du bâtiment qui ne respectent pas les normes d'hygiène (ces dernières en grande partie étrangères). Sans eux, pourquoi Prague respirerait-elle un air pollué, alors qu'elle ne possède pratiquement pas d'industrie polluante ?