Savants et experts mettent en garde devant la dégradation des forêts en Tchéquie

En dépit d'une amélioration considérable de l'environnement dans le pays après 1989, les forêts tchèques ne guérissent pas. Au contraire, elles sont parmi les plus endommagées en Europe. Telle est la conclusion du rapport sur l'état des forêts tchèques signé par 230 scientifiques et experts. Ces derniers font un appel urgent aux responsables politiques pour se pencher sans délai sur le problème.

Le premier danger qui les préoccupe est l'affaiblissement des arbres : les trois quarts ou presque des arbres conifères perdent leurs aiguilles et un tiers des arbres feuillus leurs feuilles. Les arbres ainsi affaiblis sont moins résistants aux maladies et aux insectes et meurent, constate le rapport. Autre danger : si avant 1989 c'était le phosphore provenant des émanations des usines et d'autres produits chimiques des pluies acides qui étaient la première cause du dépérissement des forêts, à l'heure actuelle les forêts sont détruites par l'exploitation extrêmement intensive du bois.

Le rapport rend responsables les forestiers. Un des auteurs du rapport, Jan Farmac, de l'Université agricole tchèque, critique notamment la déforestation de grandes surfaces et le remplacement des arbres par la plantation d'une seule et même espèce, le plus souvent l'épicéa. Comme il le souligne, il faut sauvegarder une variété et planter toutes sortes d'arbres, d'autant que l'épicéa risque de ne pas résister à des altitudes plus basses en raison du réchauffement de la planète.

Photo: Archives de ČRo7
Les forestiers n'acceptent pas cette critique. Selon Petr Zahradnik, directeur de l'Institut de recherches de la sylviculture, le rapport des scientifiques n'est pas équilibré.

En revanche, le ministre de l'Environnement, Libor Ambrozek, juge que les données publiées sont justes et correspondent à la réalité. Il a promis de s'occuper du problème et de s'efforcer de faire prévaloir un amendement de la loi sur les forêts. Les scientifiques ne cachent toutefois pas leur déception : depuis quatre ans qu'ils dénoncent l'état déplorable des forêts tchèques, pratiquement rien n'a changé.