Roman Smetana s’est rendu à la police, accompagné par ses supporters

Roman Smetana, photo: CTK

Roman Smetana a tenu parole, il compte bien aller en prison pour purger le reste de sa peine. Des dizaines de ses supporters étaient de la partie ce mardi, notamment grâce à l’appel lancé dans les réseaux sociaux par le documentariste Filip Remunda. L’ancien chauffeur de bus avait été condamné à des travaux d’intérêt général pour des déprédations commises sur des affiches pré-électorales il y a deux ans de cela. Il ne s’était pas plié à cette décision de justice et avait reçu en échange une peine privative de liberté dont il lui reste 67 jours à effectuer.

Vít Klusák et Filip Remunda,  photo: CTK
La peine de Roman Smetana avait été interrompue par le ministre de la Justice Jiří Pospíšil, en fonction en mai 2012, mais la plus haute instance de justice a désavoué le ministre et a décidé, à la fin du mois d’août 2012, de faire purger le reste de sa peine au déprédateur.

Roman Smetana a précisé aux médias présents lors de sa reddition qu’il n’avait plus de raison de retarder l’exécution de sa peine puisqu’il avait pu entreprendre ce qu’il avait à faire. Il a tout de même précisé que sa place n’était pas en prison. L’ancien chauffeur de bus a été immédiatement arrêté à la prison pragoise de Pankrác, d’où il a été transféré à Olomouc, en Moravie.

Roman Smetana et Petr Nečas,  photo: CTK
En effet, le 8 octobre dernier Roman Smetana aurait dû rejoindre la prison d’Olomouc mais ce dernier ne s’y est pas présenté. Il a ensuite essayé vainement de rencontrer le Premier ministre Petr Nečas pour finalement entrer en contact avec lui grâce à une astuce. Le 13 octobre Smetana, affublé d’une perruque, s’est déguisé en preneur de son à l’état-major de campagne du Parti civique démocrate ODS et a réussi à parler pendant quelques minutes au Premier ministre. Tout cela avec la complicité de la FAMU, l’école de cinéma de Prague, qui a réalisé un documentaire à ce sujet. L’échange entre les deux hommes a été passablement tendu. Smetana a réclamé des clarifications sur son cas :

« Je ne vous demande pas si vous décidez de mon cas mais j’aimerais connaître votre avis. Trouvez-vous normal qu’un citoyen aille en prison simplement parce qu’il a donné son avis ? »

Roman Smetana,  photo: CTK
Le Premier ministre a rappelé qu’il fallait s’en tenir aux décisions de justice. Il a toutefois semblé regretter les proportions prises par cette affaire non sans rappeler à son interlocuteur la raison de sa condamnation :

« Avec le recul, je pense que malgré le fait que vous ayez commis des dégâts matériels, la publicité médiatique sur cette affaire a été négative. Je ne vous dénie pas le droit à la liberté d’expression, vous pouvez critiquer comme bon vous semble mais vous n’avez pas le droit de dégrader le matériel d’autrui. »

Le cas de Smetana suscite de l’intérêt au-delà des médias locaux. Des affiches ont été également « relookées » cette année et des inscriptions favorables à Smetana y figuraient. Cette fois-ci ces dégradations resteront impunies car aucun parti politique n’a porté plainte. Smetana, quant à lui, risque une peine supplémentaire pour avoir retardé la décision de justice.

Le monde de la culture ne sera pas en reste puisque le 16ème Festival international du film documentaire de Jihlava, qui aura lieu du 23 au 28 octobre prochain, va diffuser la première du film de Vít Klusák et Filip Remunda, intitulé : « Svobodu pro Smetanu! » (Liberté pour Smetana!)