Résurrection d'un opéra baroque

Giovanni Battista Bononcini
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Les amours et les intrigues à la cour de la reine Elisa de Tyr ont servi de sujet au compositeur italien Giovanni Battista Bononcini pour son opéra Astarto. L'opéra a été donné en première audition en 1720 au théâtre Haymarket de Londres et, malgré son grand succès, il a été complètement oublié par la suite. Vendredi 18 mars, il est finalement sorti de l'oubli.

C'est grâce au chef d'orchestre Jiri Kotouc et à son ensemble Camerata nova que le public de l'église Saint-Simon et Saint-Jude a pu assister, vendredi, à cette résurrection et longuement applaudir la musique de Bononcini pleine de dynamisme explosif et de lyrisme envoûtant. Pourquoi a-t-on choisi justement une oeuvre de Bononcini ? Explication de Jiri Kotouc. "... parce que cet opéra n'a pas été représenté à l'époque moderne. Je pense que de nos jours, alors que l'on donne très souvent des premières d'opéras contemporains que l'on n'a jamais entendus auparavant, on peut très bien présenter un opéra que l'on a entendu pour la dernière fois il y a trois siècles. C'est pratiquement la même chose et il s'agit donc d'une véritable première mondiale. "

La partition d'Astarto est relativement bien conservée parce qu'elle a été publiée par l'imprimerie Walsh de Londres qui imprimait pratiquement tous les opéras donnés dans cette ville dans les premières décennies du XVIIIe siècle. Il y manquait cependant les récitatifs. Jiri Koutouc:"Les récitatifs ne posent pas de problème parce que quand on a préparé quelques opéras baroques et quand on en connaît un certain nombre, on est capable de reconstruire les récitatifs dans le style approprié. Oui, c'est moi qui a pratiquement composé ces récitatifs parce que je pense relativement bien connaître les procédés des maîtres baroques, leur façon de mettre en musique les aspects psychologiques de leur personnages, l'utilisation de diverses harmonies dans les récitatifs, etc. J'ai eu la chance de trouver le livret de cette oeuvre qui se trouve dans les archives de la Bibliothèque nationale de Prague, parce que c'est à Prague que l'on avait donné ce même opéra mais avec la musique d'Albinoni. Néanmoins le livret est pratiquement identique."

Jiri Kotouc,  photo: CTK
Pour présenter une telle oeuvre, il faut cependant disposer d'un ensemble de chanteurs et instrumentistes qui se spécialisent dans ce genre de répertoires et ne reculent pas devant les difficultés et les pièges du bel canto. Jiri Kotouc pouvait choisir parmi ses élèves ..."Je dirige avec un grand amour et un grand plaisir des opéras baroques et je donne, depuis de longues années, des leçons de chant. Je les donne aussi au conservatoire de Prague. Je peux donc dire que je forme moi-même mes chanteurs parce qu'il faut absolument qu'ils étudient spécialement le chant orné. Moi aussi, je l'ai étudié très très sérieusement et je crois avoir réussi à former de nombreux chanteurs qui n'ont rien à envier aux interprètes de cette musique au niveau mondial. Ils peuvent très bien chanter ce répertoire. On a pu le constater d'ailleurs, il y a déjà quelques années, lorsque j'ai présenté Orlando furioso de Vivaldi à l'Opéra d'Etat de Prague."

Trouvera-t-on maintenant une maison de disques qui réaliserait l'enregistrement intégral de l'opéra de Bononcini? Jiri Kotouc le souhaite de tout son coeur.