Renégociation du budget de la PAC : Prague proche des positions franco-allemandes

Photo: Commission européenne

Un maintien de subventions agricoles différenciées entre anciens et nouveaux Etats membres après 2013 ? Si la France et l’Allemagne militent pour tandis que la Pologne est vigoureusement contre, la République tchèque pourrait suivre la proposition franco-allemande. La bataille de la réforme de la politique agricole commune (PAC) s’annonce difficile.

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Les hostilités ont été lancées le 14 septembre. La France et l’Allemagne ont publié une proposition commune sur la renégociation de la PAC, dans laquelle ils appellent à un maintien de subventions différenciées entre Etats membres. Autrement dit, les agriculteurs d’Europe centrale et orientale, avantagés par des coûts de productions plus faibles, ne doivent pas recevoir autant d’aide que leurs homologues français ou allemands, car cela ne refléterait pas la réalité économique européenne et du même coup désavantagerait les agriculteurs d’Europe occidentale.

Actuellement le montant des subventions européennes s’élève à 500€ par hectare en Grèce contre 100€ en Lettonie.

Si l’argumentation a ulcéré la Pologne qui milite pour une égalité des subventions après 2013, il irait dans l’intérêt de la République tchèque de maintenir cette inégalité, comme l’explique l’expert agricole Petr Havel :

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« Si chaque Etat recevait le même montant, ce ne serait pas non plus juste. En effet les économies des Etats membres ont des performances et une efficacité très différentes, ce qui signifie que des subventions égales ne seraient pas non plus justes ».

Et le ministre tchèque de l’Agriculture Ivan Fuksa semble être sur la même longueur d’onde. Il avait déclaré en août dernier vouloir des subventions « justes » mais pas « égales ». L’agriculture tchèque pourrait en effet pâtir d’une égalité des subventions car elle serait concurrencée par la Roumanie et la Bulgarie dont les coûts de production sont encore plus faibles, comme l’explique Petr Havel :

Ivan Fuksa
« Nous sommes au début de la renégociation de la PAC qui va durer jusqu’en 2012. En termes de subventions, la République tchèque est actuellement dans la moyenne de l’UE. Si nous défendons des subventions égales, alors des pays comme la Bulgarie ou la Roumanie auraient un gros avantage par rapport à nous ».

Le ministre Ivan Fuksa était allé plus loin en déclarant que donner les mêmes subventions aux Bulgares et aux Roumains « détruirait l’agriculture tchèque ».

Selon les traités européens, l’inégalité des subventions doit s’arrêter après 2013, un changement que la France et l’Allemagne veulent donc repousser. Les négociations du nouveau cadre financier européen 2013-2020 ne sont pour le moment qu’à leur début. La Commission européenne devrait elle aussi présenter ses propositions de réforme de la PAC le 17 novembre.