Rapprochement économique mais aussi nucléaire entre Prague et Téhéran

Ali Akbar Salehi et Lubomír Zaorálek, photo: ČTK

Vice-président iranien, Ali Akbar Salehi effectue depuis ce lundi une visite de deux jours en République tchèque. A la tête de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran, il a été au cœur des négociations ayant abouti à la signature d’un accord sur le nucléaire iranien l’été dernier. Ali Akbar Salehi, qui a rencontré le chef de la diplomatie tchèque Lubomír Zaorálek et le premier ministre Bohuslav Sobotka, souhaite justement développer une coopération entre les deux pays en matière de sûreté nucléaire.

Ali Akbar Salehi et Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
C’est peu de dire que les relations entre Prague et Téhéran se sont améliorées ces derniers mois. La levée progressive des sanctions internationales à l’égard de l’Iran, corolaire de l’accord sur le nucléaire, a été entamée au début de cette année 2016, un processus synonyme de nombreuses opportunités pour les entreprises étrangères. Les délégations économiques tchèques en Iran se sont donc multipliées et la dernière en date, composée de vingt-cinq dirigeants d’entreprise, vient d’y achever un séjour d’une semaine.

En plus de la signature à Téhéran d’un accord de coopération économique entre les deux pays, les efforts de séduction des firmes tchèques ont d’ailleurs déjà porté leurs fruits avec la concrétisation de plusieurs contrats, en particulier pour le fabricant de tracteurs Zetor et pour le fabricant de camions Tatra Trucks. La partie iranienne est intéressée par l’industrie tchèque des transports donc, mais également, entre autres, par le textile ou la mécanique, des secteurs qui étaient déjà au centre de fructueux échanges avec feu la Tchécoslovaquie, voici quelques décennies.

Ali Akbar Salehi,  photo: ČTK
Ali Akbar Salehi, qui a rappelé la qualité des relations passées entre les deux contrées, effectue cette visite à Prague avec à l’esprit l’idée d’impulser une coopération dans le domaine du nucléaire civil. Une idée qui n’étonne pas vraiment le ministre tchèque des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek :

« Dans ce secteur précis du nucléaire, il y a une énorme opportunité car la République tchèque dispose comparativement de savoir-faire et de connaissances considérables. Une coopération dans ce secteur peut largement contribuer à renforcer la confiance mutuelle et le respect du programme d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire en Iran. Notre aide ou bien notre participation ne peut que renforcer la confiance qui est la base du changement des relations entre l’Union européenne et l’Iran, entre la République tchèque et l’Iran. »

Lors de sa rencontre avec M. Zaorálek, Ali Akbar Salehi a d’ailleurs salué le travail des scientifiques tchèques à l’Institut de recherche nucléaire de Řež, une petite localité située au nord de Prague. Le nucléaire civil, que la Tchéquie entend continuer à développer via ses deux centrales de Temelín et de Dukovany, et les relations économiques ont également constitué le plat de résistance du menu des discussions entre le vice-président de la République islamique d’Iran et le chef du gouvernement tchèque Bohuslav Sobotka. Le social-démocrate a au passage indiqué que Prague soutenait la démarche de l’Iran pour devenir membre du FMI.

Bohuslav Sobotka et Ali Akbar Salehi,  photo: ČTK
Le chef de la diplomatie tchèque a pour sa part aussi abordé le thème de la guerre en Syrie, où l’Iran soutient activement le régime de Bachar el-Assad, dont l’armée est actuellement à l’offensive à Alep. Pour Ali Akbar Salehi, qui estime qu’avant le conflit « les Syriens étaient heureux et ne fuyaient nulle part », la solution doit venir de négociations directes entre ledit régime et ses opposants. Lubomír Zaorálek y est allé de son commentaire :

« [La fin de la guerre] est une chose qui est de la responsabilité de tous ceux qui sont impliqués. Je suis d’accord sur le fait que cela ne vaut pas vraiment la peine de débattre autant pour savoir qui doit gouverner la Syrie. Nous devons permettre aux Syriens de répondre eux-mêmes à cette question. »

Quoiqu’il en soit, c’est par les échanges économiques que les relations entre la Tchéquie et l’Iran continueront à évoluer positivement. C’est ce que veut croire Lubomír Zaorálek. Il y a encore du chemin à parcourir puisqu’il n’y a pas de représentation diplomatique entre les deux pays depuis 1998, quand Téhéran avait rappelé son ambassadeur après le lancement de l’antenne en farsi de Radio Free Europe depuis Prague.