Quelle place pour les femmes dans la vie politique tchèque?

Petra Buzkova, la ministre de l'Education, photo: CTK

Après cinq semaines de négociations, la République tchèque a donc un nouveau gouvernement, que le président de la République a officiellement nommé mercredi dernier. Outre Milada Emmerova, dont je viens de vous parler à l'instant, au ministère de la Santé, seule Petra Buzkova, qui reste ministre de l'Education, représente la gent féminine dans le cabinet de Stanislav Gross, malgré les promesses de ce dernier de donner davantage de responsabilités aux femmes. Pourquoi si peu de place leur est réservée dans la sphère politique tchèque ?

Petra Buzkova,  la ministre de l'Education,  photo: CTK
Stanislav Gross, en présentant mercredi son nouveau cabinet au Château de Prague, a tenu à mettre en avant la jeunesse. Huit des ministres, dont lui, sont en effet âgés de moins de 40 ans. En revanche, on lui reproche déjà de ne pas avoir tenu l'une de ses premières promesses, à savoir laisser plus de place aux dames. Seuls deux portefeuilles, ceux de la Santé et de l'Education, ont finalement été confiés à des femmes. Pour l'analyste politique Vladimira Dvorakova, "les sociaux-démocrates n'ont jamais eu l'habitude d'inclure des femmes dans leurs différents cabinets. En quatre ans de gouvernement Zeman, aucune ministre n'a été nommée." Selon Madame Dvorakova, "il n'existe aucune tradition de femmes exerçant des fonctions au sommet de l'Etat tchèque. L'une des raisons de leur manque de participation est sûrement le caractère agressif de la politique dans le pays, qui va même parfois à l'encontre de la dignité humaine", poursuit-elle.

Stanislav Gross n'a pas réussi à inverser la tendance cette fois-ci. Eva Novakova, membre de son parti et député à la Chambre basse, voit dans ce nouveau cabinet un simple reflet de la société tchèque en général. "C'est une tradition ici qui est telle que même certaines femmes aiment que les patrons soient des hommes. C'est dans la tradition, je ne pense pas que ce soit la faute du nouveau Premier ministre", déclare la députée du CSSD, Eva Novakova.

Milada Emmerova,  la ministre de la Santé,  photo: CTK
Un sondage publié cette semaine laissait entendre que deux tiers des Tchèques aimeraient voir davantage de femmes obtenir d'importantes responsabilités politiques. Malgré les inconvénients qu'il comporte, Eva Novakova est favorable à un système de quotas, comme en France, pour assurer la parité. L'analyste Vladimira Dvorakova, y est, elle, fermement opposée. Selon elle, "il ne faut pas nommer des femmes à des postes importants uniquement parce que ce sont des femmes". Elle affirme que "c'est aux femmes de s'engager par elles-mêmes en politique, et d'occuper ensuite des fonctions clés".

Quoiqu'il en soit, les Tchèques ne sont pas prêts de voir une femme ministre de la Défense ou à la tête de la Diplomatie, encore moins une femme Premier ministre, et le chemin risque d'être encore long.