Proposition de budget de l'UE : la République tchèque n'est pas enchantée, mais va réfléchir

Tony Blair, photo: CTK

La proposition de budget réduit de l'Union Européenne pour la période 2007-2013 présentée, lundi, à Londres, par la présidence britannique a entraîné de vives réactions au sein de nombreux Etats membres. Limité à 847 milliards d'euros, le budget prévoit notamment une baisse de 7 à 8 %, soit environ 15 milliards d'euros, des aides régionales aux dix nouveaux pays qui ont rallié Bruxelles en mai 2004. Qualifié d'« inacceptable » par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, tandis que la Pologne et la Hongrie ont aussitôt fait part de leur déception à son égard, le projet a, en revanche, été accueilli avec un certain réalisme en République tchèque.

Tony Blair,  photo: CTK
« La Grande-Bretagne a proposé de retirer aux pauvres », « Blair a fait des coupes de plusieurs milliards », ou encore « Budget de l'UE : 60 milliards de couronnes de moins pour la Tchéquie ». Même si les titres qui barraient les premières pages des quotidiens de mardi étaient sans équivoque, plus encore que la diminution du montant des fonds régionaux que la République tchèque recevra entre 2007 et 2013, c'est le principe de répartition entre pays et le manque de solidarité à l'encontre des nouveaux membres qui font l'objet des critiques de la presse tchèque. En cela, les différents commentaires rejoignaient les propos de l'ambassadeur tchèque auprès de l'UE, Jan Kohout.

L'ambassadeur tchèque Jan Kohout
« Il convient de partager la douleur, a déclaré ce dernier. Je pense que cette proposition répartit cette douleur, mais en défaveur des nouveaux pays membres. Selon moi, il s'agit donc d'une proposition dont il est possible de discuter, mais je ne pense pas qu'elle soit acceptable dans sa forme actuelle. La douleur, c'est-à-dire les coupes dans le budget, ne peut pas être aussi nettement en défaveur des nouveaux. Ces coupes doivent être effectuées de manière plus juste, mais je pense que la volonté de parvenir à un accord existe au sein des nouveaux membres, car si l'adoption du budget devait être repoussée, cela pourrait signifier que lors des prochaines négociations, la nouvelle proposition pourrait être encore plus en défaveur des nouveaux Etats membres. »

Concrètement, si le projet de budget était adopté lors du sommet européen des 15 et 16 décembre, la République tchèque recevrait 2,1 milliards d'euros de moins sur les 25 milliards planifiés en juin dernier par la présidence luxembourgeoise. Même ainsi amputée, cette somme resterait toutefois quatre fois supérieure aux dotations qu'elle perçoit actuellement.

Le Premier ministre tchèque a réagi en affirmant qu'il convenait de « peser au moins très attentivement » la proposition du gouvernement de Tony Blair. Jiri Paroubek a également fait remarquer que si le projet réduisait certes l'aide apportée aux nouveaux pays, en revanche il simplifiait les règles d'accès aux subventions européennes. Une précision qui pourrait peser de tout son poids lors des discussions au sein du gouvernement avant le sommet de décembre lorsque l'on sait que la manne financière qu'attend la République tchèque chaque année entre 2007 et 2013 est tout de même de l'ordre de trois milliards d'euros...