Présidentielle 2013 - Táňa Fischerová : « Je veux soutenir l’Etat de droit »

Táňa Fischerová, photo: Jan Profous, ČRo

A partir de ce mercredi, Radio Prague vous propose une série de portraits de huit candidats, à ce jour officiels, à la prochaine élection présidentielle en République tchèque. Organisée pour la première fois au suffrage universel direct, son premier tour aura lieu les 11 et 12 janvier 2013. Suite au tirage au sort que nous avons effectué au sein de la rédaction afin de respecter les règles d’équilibre de représentation des candidats dans les médias, c’est l’actrice et ancienne députée Táňa Fischerová que nous vous présentons dans cette première partie de la série.

Táňa Fischerová,  photo: Jan Profous,  ČRo
Táňa Fischerová est l’une des deux femmes candidates à la succession de Václav Klaus, mais résolument beaucoup plus proche du premier président de la Tchécoslovaquie et de la République tchèque postcommunistes, de son ami défunt Václav Havel. Les liens qui les unissent sont nombreux : le théâtre, l’engagement civique, le soutien à diverses initiatives citoyennes, l’appel aux valeurs morales dans la vie et en politique. Une certaine forme de spiritualité. Une conception de la politique, naïve et utopiste pour beaucoup, comme outil pour un monde meilleur et non pas comme un moyen de réaliser ses ambitions personnelles. En effet, Táňa Fischerová fait partie des « pravdoláskaři », ceux qui partagent l’idée de l’ancien président que la vérité et l’amour doivent triompher du mensonge et de la haine, une idée, faut-il le rappeler, tournée en dérision par une partie de la société tchèque.

Rien de vraiment surprenant donc : entourée d’un groupe de bénévoles, Táňa Fischerová a décidé de lancer une campagne électorale pas comme les autres, une campagne zéro en fait, sans sponsors et sans affiches électorales, une campagne basée sur l’activité des citoyens eux-mêmes. Dans une interview pour la Télévision tchèque, elle a défini ses priorités de candidate à la présidence de la République :

« Ce qui est essentiel, pour moi, c’est de soutenir l’Etat de droit. Le droit, la justice, c’est quelque chose qui manque énormément à notre pays aujourd’hui. Par conséquent, je trouve inadmissible que les différents gouvernements tchèques n’aient pas encore adopté la loi sur la fonction publique, une des loi-clés dans la lutte contre la corruption. Ensuite, ce qui me tient à cœur, c’est le domaine social. J’estime que la démocratie n’est pas possible sans la justice sociale. Enfin, je trouve très important de soutenir et de respecter la science, la culture et l’éducation, comme le font tous les pays qui prospèrent. Je crois que le système actuel que nous connaissons est à bout de souffle. Il faut trouver des alternatives, de nouvelles voies dans l’économie, dans la politique, bref, dans tous les domaines. »

Alternative – tel pourrait être le mot d’ordre de tout engagement politique de Táňa Fischerová. Cette ancienne députée du parti de droite US-DEU entre 2002 et 2006 et candidate malheureuse du Parti des Verts au Sénat a fondé, en 2008, avec ses amies, l’association « Klíčové hnutí » (Le mouvement clé) inspiré des travaux du philosophe autrichien Rudolf Steiner. Le mouvement prône une indépendance totale de la politique, de l’économie et de la sphère culturelle.

Ce qui est essentiel, pour moi, c’est de soutenir l’Etat de droit. Le droit, la justice, c’est quelque chose qui manque énormément à notre pays aujourd’hui.

Táňa Fischerová est une de ces personnalités publiques qui font entendre leur voix dès qu’elles le croient nécessaire : elle s’est engagée en faveur du partenariat enregistré des couples homosexuels, elle a protesté contre l’installation du radar américain sur le territoire tchèque ou encore contre l’augmentation des limites de bruit.

Mère d’un fils handicapé mental, Táňa Fischerová est également active au sein de plusieurs organisations caritatives. Comédienne de profession, dont la carrière a été compliquée, dans les années 1970 et 1980, par ses positions anti-communistes, Táňa Fischerová participe occasionnellement à des projets artistiques.

Interrogé sur pourquoi cette femme de 65 ans, menue, à la longue chevelure grise, devrait être élue présidente tchèque, le metteur en scène Jan Kačer a répondu : « Il serait bien d’avoir au Château de Prague une femme. Une femme sensible, mais solide, proche, empathique et juste. »